C'est un diagnostic lucide des obstacles freinant l'intégration commerciale du continent qui a été dressé lors de la 2e édition du Forum d'Affaires de la ZLECAf. Au premier rang figurent le déficit d'infrastructures ainsi que le coût élevé du transport et les contraintes logistiques et financières, qui limitent encore l'essor des échanges intra-africains. L'insuffisance des infrastructures portuaires et routières demeure l'un des principaux obstacles à une mise en œuvre efficace de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Ce constat s'est imposé lors de la 2e édition du Forum d'affaires de la ZLECAf, tenue à Marrakech, les 11 et 12 décembre. Une occasion pour les responsables gouvernementaux et acteurs économiques de dresser un état des lieux sans concession des freins à l'intégration commerciale du continent. À ces carences s'ajoutent le coût élevé du transport, l'immensité géographique du continent ainsi que l'existence de zones à gouvernance fragile. Des défis persistants Les participants ont notamment souligné que le manque d'infrastructures routières et maritimes, conjugué aux contraintes logistiques, financières et monétaires, continue de renchérir les échanges de biens. Des difficultés persistent également en matière de propriété intellectuelle et d'accès au financement, limitant la capacité des entreprises africaines à tirer pleinement parti du marché unique continental. Dans ce contexte, l'Initiative Atlantique a été présentée comme un projet structurant, à même de transformer la façade atlantique africaine en un espace de développement économique et de stabilité régionale. Cette initiative vise en particulier à désenclaver les pays du Sahel en les reliant à l'océan Atlantique grâce à des infrastructures modernes et à des partenariats renforcés. l'intégration régionale, la sécurité et la prospérité partagée Le ministre de l'Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, a indiqué que le port de Dakhla Atlantique s'inscrit pleinement dans cette dynamique. Conçu comme un hub logistique afro-atlantique majeur, il ambitionne de relier l'Europe, le Sahel et l'Afrique de l'Ouest, tout en consolidant l'intégration économique africaine à travers la ZLECAf et le développement de corridors atlantiques. Pour sa part, le vice-président général de la Confédération générale des entreprises du Maroc, Mehdi Tazi, a rappelé que, compte tenu du déficit d'infrastructures et du coût élevé du transport, il demeure aujourd'hui plus aisé de commercialiser des services que des biens en Afrique. Il a également mis en avant la pluralité des monnaies et les contraintes logistiques et financières comme autant de freins à l'intégration continentale, tout en soulignant que la ZLECAf constitue un levier stratégique pour créer davantage de valeur ajoutée au sein du continent. Les ministres africains en charge du commerce ont, de leur côté, insisté sur la nécessité de renforcer la connectivité continentale, de réduire les tarifs douaniers et d'harmoniser les communautés économiques régionales. Ils ont également mis l'accent sur l'importance de la mise en place de guichets uniques afin de simplifier les procédures pour les investisseurs et les entreprises exportatrices, ainsi que sur la création de comités nationaux dédiés à la ZLECAf pour assurer une coordination efficace. L'implication du privé sollicitée L'adaptation des cadres législatifs et l'adoption d'incitations fiscales en faveur des investisseurs figurent également parmi les priorités identifiées. Les intervenants ont par ailleurs souligné que la réussite de la ZLECAf dépend largement de l'implication du secteur privé africain. Ils ont plaidé pour une participation accrue des entreprises, en particulier des petites et moyennes entreprises, afin de dynamiser les échanges intra africains et de favoriser l'émergence de chaînes de valeur régionales capables de renforcer la compétitivité du continent. En marge du forum, une retraite ministérielle s'est tenue, rassemblant ministres et représentants de 16 pays africains, ainsi que plus de 30 délégations, en vue de consolider la position africaine sur les dossiers majeurs qui seront examinés lors de la 14e conférence ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce, prévue en mars 2026, à Yaoundé. Présidée par le Maroc et modérée par le Mozambique, en sa qualité de coordonnateur du Groupe africain à l'OMC, cette réunion s'est appuyée sur le document consolidé récemment publié par le Groupe africain, qui décline les positions communes du continent sur les principales thématiques commerciales internationales. Les échanges ont permis de réaffirmer l'attachement de l'Afrique à un système commercial multilatéral ouvert, juste, inclusif, non discriminatoire et fondé sur des règles, ainsi que l'engagement collectif à faire aboutir la conférence de Yaoundé. Organisée par le secrétariat d'Etat chargé du Commerce extérieur, en partenariat avec le secrétariat de la ZLECAf, l'Association marocaine des exportateurs, la CGEM et l'Association des régions du Maroc, cette édition s'inscrit dans la continuité des initiatives menées par le Royaume pour accélérer la mise en œuvre de l'accord, tant à l'échelle nationale que régionale. Maryem Ouazzani / Les Inspirations ECO