Face à une baisse conjoncturelle de l'activité halieutique, l'Office national des pêches adopte un plan d'action ambitieux pour 2026. Modernisation des halles, digitalisation des enchères, traçabilité accrue et soutien renforcé à la pêche artisanale…, le Maroc mise sur une stratégie intégrée pour structurer durablement sa filière halieutique, pilier de l'économie bleue nationale. Dans un contexte de repli du volume de pêche, l'Office national des pêches (ONP) veut accélérer sa mue. Réuni mercredi à Rabat, le Conseil d'administration de l'Office, présidé par Zakia Driouich, secrétaire d'Etat chargée de la Pêche maritime, a validé un plan d'action ambitieux pour 2026, axé sur la modernisation des infrastructures, la digitalisation des processus, et le soutien renforcé à la petite pêche. Baisse d'activité mais stratégie consolidée À fin novembre 2025, les produits issus de la pêche côtière et artisanale, commercialisés via le réseau géré par l'ONP ( halles, marchés de gros et centres CAPI) ont atteint 1,21 million de tonnes, pour une valeur de 10,28 milliards de dirhams. Cela représente une baisse de 13% en volume et de 4% en valeur par rapport à 2024, une évolution due essentiellement au recul des captures, notamment des navires RSW (Refrigerated Sea Water). Malgré ce repli, les marchés de gros affichent une relative stabilité. La deuxième vente, notamment, progresse légèrement en valeur, traduisant une capacité d'adaptation des circuits de distribution, et un certain dynamisme malgré les contraintes d'amont. Un secteur stratégique de l'économie bleue Le secteur halieutique est un pilier de l'économie marocaine. Avec une production annuelle oscillant entre 1,4 et 1,5 million de tonnes, le Maroc figure parmi les premiers producteurs africains de produits de la mer. La pêche maritime contribue de 2 à 3% au PIB, et représente jusqu'à 15% des exportations agroalimentaires du pays. La pêche artisanale y joue un rôle clé. Elle alimente les marchés intérieurs, soutient l'emploi dans les zones côtières, et participe à la stabilité sociale de territoires souvent vulnérables. L'industrie de transformation et d'exportation, elle, alimente des marchés internationaux dans plus de 100 pays, faisant de la traçabilité, de la qualité et de la chaîne du froid des enjeux économiques majeurs. Une feuille de route tournée vers l'avenir Pour répondre aux défis structurels et conjoncturels, le plan d'action 2026 de l'ONP mise sur une modernisation à plusieurs niveaux. Sur le volet des infrastructures, il prévoit la construction d'une halle de nouvelle génération à Sidi Ifni, l'extension des halles de Boujdour, Labouirda et Lassarga, ainsi que l'achèvement des marchés de gros de Fès et Nador. Ces projets s'accompagnent de l'installation de fabriques de glace modernes, visant à consolider la chaîne du froid, essentielle à la compétitivité des produits marocains. La digitalisation est un autre axe structurant. C'est ainsi que la vente aux enchères sera généralisée dans les halles encore non connectées, et le système national de classification ETPQ (Espèce, taille, présentation, Qualité) sera finalisé. En parallèle, la traçabilité des produits halieutiques sera étendue, dans une logique d'amélioration continue de la qualité, de transparence et de conformité aux normes internationales. Appui renforcé à la pêche artisanale Le Conseil a également souligné l'importance du soutien à la pêche côtière et artisanale, un secteur à fort impact territorial. Parmi les mesures prévues : la mise en œuvre de la convention relative aux sennes tournantes renforcées en Méditerranée, l'accompagnement des coopératives, et la valorisation des produits halieutiques locaux, notamment à travers des actions de labellisation ou d'intégration dans des circuits courts à valeur ajoutée. Cette approche inclusive vise à améliorer la rentabilité des petits opérateurs, tout en encourageant la durabilité des ressources et l'innovation au sein des communautés littorales. Par ailleurs, les membres du Conseil ont insisté sur la nécessité d'un pilotage rigoureux, d'un dialogue constant avec les professionnels et d'une mobilisation collective de l'ensemble des acteurs de la filière. La réussite des chantiers engagés dépendra de cette capacité à conjuguer visions institutionnelles et réalités de terrain.