Les prises et débarquements dans le secteur de la pêche maritime côtière et artisanale sont en baisse globale depuis le début de l'année, confirmant ainsi une tendance qui s'installe depuis un bon moment. Sur les marchés, les prix des poissons demeurent toujours élevés. Les prix des poissons vont continuer d'être hors de portée pour bon nombre de ménages. Et pour cause, les prises et débarquements du secteur de la pêche sont en baisse continue. Dans son rapport sur le secteur portuaire au terme du premier semestre, le ministère de l'Equipement et de l'Eau note une baisse de 16,7% du volume des débarquements des produits de la pêche maritime côtière et artisanale. Une situation qui persiste depuis un bon moment, et qui interroge sur la viabilité des ressources halieutiques, tant le sujet devient de plus en plus préoccupant. Certes, la situation diffère selon les zones de pêches. Par exemple, dans les ports situés sur la Méditerranée, les débarquements de la pêche côtière et artisanale ont atteint 11.426 tonnes à fin août 2025, en hausse de 5% par rapport à la même période de l'année précédente, selon l'Office national des pêches (ONP). Mais, au niveau national, la quantité s'élevait certes à 682.672 t à fin août dernier, mais enregistrait là aussi une baisse de 11% par rapport à la même période une année auparavant. En valeur, ces débarquements ont reculé à environ 7,37 MMDH, contre plus de 7,41 MMDH en glissement annuel. Effet estival Donc, bien que l'été soit une période censée être plus poissonneuse, les prises globales sont en chute. Et ce, qu'il s'agisse de la pêche maritime ou de la pêche côtière et artisanale. Ce qui relance bien évidemment la question relative à la surpêche, et qui pose l'éternel problème du respect par les grands chalutiers, des règles et des dispositifs des accords liant le Royaume à leurs pays. Cette question se pose depuis belle lurette, surtout de la part des bateaux étrangers, qui disposent de moyens extraordinaires et qui font un chiffre d'affaires de loin incomparables à ce que font les acteurs de la pêche côtière et artisanale. A ce propos, il faut noter que le chiffre d'affaires généré par la filière a atteint 10,54 MMDH en 2024, pour 1,39 million de tonnes de produits commercialisés dans les différents ports du Royaume. En outre, il faut noter que la pêche artisanale et côtière fournit près de 60.000 emplois directs, soit 25% des effectifs du secteur via l'exploitation de 17.000 barques au niveau de 150 sites. Plan d'action Au niveau du département de tutelle, on se dit conscient de l'ensemble des défis, tout en essayant d'œuvrer à la concrétisation des projets de modernisation de la pêche artisanale et côtière. C'est ainsi que le plan d'action pour 2025 de l'ONP vise à moderniser et structurer durablement le secteur halieutique marocain. Il se concentre sur plusieurs axes clés, notamment la modernisation des halles aux poissons et des marchés de gros afin d'améliorer l'hygiène et la qualité des produits. Un autre objectif majeur est l'extension de la digitalisation de la vente aux enchères à l'ensemble des sites de commercialisation. De même, l'ONP prévoit l'installation de centrales photovoltaïques sur les sites isolés afin de renforcer l'efficacité énergétique du secteur. Un référentiel national est également dans le pipe afin d'améliorer la traçabilité et la qualité des produits halieutiques. Enfin, le chantier de la digitalisation de la vente aux enchères des produits de la mer progresse bien, avec 18 halles sur 22 (soit 82%) dans les ports utilisant désormais le système de vente digitalisée. Ce système couvre 71% des espèces vendues. Pour les autres halles, 16 sur 45 (soit 35%) ont également adopté cette technologie, représentant 66% des espèces commercialisées. Le processus de digitalisation se poursuit également dans les comptoirs d'agréage du poisson industriel (CAPI). Enfin, concernant les pêcheurs et propriétaires de barques de pêche artisanale, le gouvernement avait récemment adopté un décret pour les inclure dans le système de couverture sociale. Abdellah Benahmed / Les Inspirations ECO