À l'occasion de la Coupe d'Afrique des Nations 2025 organisée au Maroc, le football ne se contente plus de remplir les stades. Une étude récente montre comment la compétition transforme en profondeur les comportements de consommation, du streaming aux équipements numériques, en passant par les produits dérivés et la connectivité des foyers. Le football ne se vit plus uniquement dans les tribunes. À l'approche de la CAN 2025, il s'installe durablement dans les foyers marocains, façonne les habitudes de consommation et redéfinit la relation des supporters à l'événement sportif. Derrière l'enthousiasme populaire, une dynamique économique plus large se met en place, portée par le numérique, la connectivité et les nouveaux usages médiatiques. Une analyse publiée par Concli, s'appuyant sur les données du Soccer Market de Statista, permet de mieux comprendre cette transformation et d'en mesurer les principaux ressorts. Un marché du football désormais structuré économiquement Premier enseignement de l'étude, le football s'affirme comme un véritable marché au Maroc. Selon les projections, le secteur devrait générer plus de 50 millions de dollars de chiffre d'affaires en 2025. Cette valeur repose sur plusieurs piliers, notamment les droits médias, les contenus numériques, la billetterie et le merchandising. L'analyse souligne que la croissance n'est plus uniquement liée à la fréquentation des stades. Elle est tirée par l'évolution des usages et par une consommation de plus en plus connectée. Concli observe ainsi que «l'économie du football au Maroc connaît une évolution marquée, portée moins par la fréquentation des stades que par l'engagement numérique». Du stade au salon, le basculement des usages La CAN agit comme un accélérateur de tendances déjà à l'œuvre. Sur la période 2017 à 2025, soit huit ans d'observation, les données montrent une montée progressive des usages numériques liés au football. Le supporter ne se contente plus d'assister à un match, il le consomme à travers des écrans, des plateformes de streaming et des réseaux sociaux. À l'approche de la compétition, les foyers adaptent leurs équipements et leurs pratiques. L'étude note que les grandes compétitions «modifient la manière dont les foyers se préparent à suivre les matchs», traduisant un déplacement du centre de gravité du stade vers l'espace domestique. Cette transformation se traduit concrètement dans les décisions d'achat. À l'approche de la CAN, l'intérêt pour les téléviseurs et les solutions de diffusion en ligne s'intensifie. Les ménages cherchent à améliorer leur confort de visionnage, faisant du football un moment collectif pensé à l'avance. Dans le même temps, la consommation de produits dérivés progresse. Les maillots de l'équipe nationale et les articles associés connaissent un regain d'intérêt pendant la compétition. Ce phénomène dépasse la logique commerciale. Il traduit un attachement émotionnel et une dimension sociale forte, où l'acte d'achat devient un prolongement du soutien sportif. Dernier enseignement clé, la place centrale de la connectivité. L'étude met en évidence une intensification de l'intérêt pour les forfaits Internet et mobiles autour des rencontres. Le visionnage du football est désormais indissociable d'une connexion fiable et performante. Concli résume cette évolution en soulignant que le football marocain est de plus en plus «façonné par les plateformes numériques, les équipements connectés et les usages domestiques». Autrement dit, la valeur économique du sport se crée autant dans les infrastructures numériques que sur le terrain. Une transformation durable au-delà de la CAN Pris dans leur ensemble, ces indicateurs montrent que la CAN 2025 ne constitue pas un simple pic conjoncturel. Elle s'inscrit dans une trajectoire plus longue, observée sur huit ans, qui révèle une mutation durable de la relation des Marocains au football. Plus digital, plus connecté et plus attentif au rapport qualité-prix, le supporter marocain incarne une nouvelle phase de l'économie du football. Une évolution qui dépasse largement l'événement sportif et qui redessine, en profondeur, les contours d'un secteur désormais pleinement intégré aux comportements de consommation du quotidien. Ce que montre l'étude en clair L'analyse met en évidence une transformation silencieuse mais profonde de la relation des Marocains au football. La valeur économique du sport ne se concentre plus uniquement dans les stades, mais se diffuse dans les foyers à travers les écrans, les plateformes numériques et la connectivité. Avec la CAN 2025, le football devient un moment de consommation anticipé, préparé et partagé, révélant une économie plus domestique, plus digitale et mieux structurée. Faiza Rhoul / Les Inspirations ECO