Derrière la gare ferroviaire flambant neuve de Tanger, une centaine de mètres derrière le chantier du futur Tanger City Center, la petite zone industrielle de Mghogha Sghira a subi, comme sa «grande sœur» de la route de Tétouan, les conséquences des intempéries : montée des eaux, accès défoncés, chômage technique. Après deux inondations fin 2008 et fin 2009, les entreprises locales de confection se sont retrouvées endettées et subissent des charges supplémentaires, devant affronter parfois le refus de transporteurs de faire arriver leurs semi-remorques jusqu'aux portes des usines à cause de l'état des accès. Splendeurs et misères de l'industrie. Pour Abdelmalik Aadiati et Thami Ourahou, confectionneurs et membres de l'AMITH-Nord, «La solution réside dans une remise en état rapide des voies d'accès». L'état des voies est si déplorable, qu'un véhicule normal peinait à passer au cours de ces dernières semaines de pluie. Certains transporteurs de personnel refusent également de faire passer leurs camionnettes Mercedes certains jours de grosse pluie et de boue. L'éclairage public reste du domaine de la fiction «La société de ramassage des ordures Tecmed n'a pas fait passer ses véhicules ici depuis des semaines à cause de l'état des accès», souligne Ourahou. Recevoir un visiteur commercial ou technique dans ces conditions est devenu embarrassant. La première impression en arrivant à Mghogha Sghira est en effet désastreuse.Aadiati et Ourahou regrettent qu'au moment «où tout le monde parle de gain de temps et de logistique», leur zone n'a connu aucune amélioration depuis les premières inondations d'octobre 2008, malgré le soutien de l'Amith-Nord et de l'AZIT, l'association de la zone industrielle de Tanger. Les visites sur les lieux de l'ancien maire Derham Dahman, celles du wali Mohamed Hassad, du ministre des Finances Salaheddine Mezouar et du président de la Chambre de commerce Omar Moro n'ont pas eu de suites .Tout le monde compatit, mais beaucoup expliquent qu'«il serait sage de déménager». Un vrai dialogue de sourds. Mais l'option, financièrement, ne semble pas viable au jour d'aujourd'hui. Une dizaine d'entreprises du textile-habillement sont encore actives ainsi que le limonadier local Star Soda. Les entreprises malgré les aides et les soutiens restent endettées. Après les inondations de ces deux dernières années, de larges pans de leur capacité de production sont immobilisés.Chez Contatex, des machines sont encore couvertes de boue et chez le voisin Cogenord, des brodeuses sont montées sur tables hautes et les tables de repassage «sur pilotis». En 2 ans, Cogenord est passé de 5 chaînes durant les bonnes semaines à 2 ou 3 chaînes aujourd'hui. L'emploi aussi a été réduit proportionnellement. Aaidati et Ourahou vont plus loin et déplorent qu'«on mette la charrue avant les bœufs». «On nous propose des crédits de mise à niveau, des aides à la formation, mais nous tout ce que l'on souhaite aujourd'hui c'est une vraie route, car nous payons nos impôts, et un déménagement planifié et non pas précipité, pour faire plaisir aux spéculateurs fonciers». Malgré les difficultés de ces dernières années, les deux entreprises continuent à produire et à exporter. Et ce qu'elles veulent par-dessus tout, c'est être prêtes dans les prochaines semaines à postuler pour les commandes d'Inditex.