Chaque colloque vient le rappeler : sur les gisements de croissance dont peut bénéficier l'économie marocaine, il y a autant d'avis que d'experts. Mais quand c'est un ex-patron de l'ONA, en l'occurrence Bassim Jaï Hokimi, ou encore, Jean Peyrelevade, le patron de la banque d'affaires Leonardo (qui a conseillé la fusion absorption de l'ONA par SNI), qui s'expriment sur la question, les pistes proposées méritent que l'on s'y attarde. Les deux experts ont débattu aux côtés d'autres panélistes de renom, des réserves de croissance lors du Forum de Paris, tenu mercredi dernier à Casablanca. PME, tel est le conducteur incontournable de la croissance, selon Jaï Hokimi. «Les entreprises de taille moyenne sont les plus à même d'irriguer le tissu d'entreprises nationales», relève-t-il. Cela justifie par ailleurs que les autorités tendent la main à cette population d'entreprises, afin d'assurer son décollage, pense l'expert. Le premier levier d'action envisagé par l'ex-patron de l'ONA passe d'abord par la sécurisation de l'accès des PME aux marchés publics. En outre, il s'agit de promouvoir le partenariat entre les grandes entreprises et les PME, ce qui peut se traduire d'abord par le respect des délais de paiement convenables, illustre Jaï Hokimi. Plus que les grandes entreprises, c'est le lien des PME aux banques qui se doit d'être raffermi. Il s'agit d'abord de parler le même langage. «Les PME doivent être compréhensibles des contraintes prudentielles des banques», explicite Jaï Hokimi. Elargir le champ de prospection commerciale des PME Le système de rating bancaire pour les PME en cours de mise en place, devrait poser les bases de cet alignement. Mieux encore, pourquoi ne pas envisager un partenariat avec les compagnies d'assurance, pour une gestion des risques plus efficace au sein des PME ? Propose l'ex-patron de l'ONA. La clé du décollage des PME réside également dans le développement des solutions de financement alternatives (titres de créance négociables, obligations, billets de trésorerie...), dont le potentiel reste pour l'heure bridé en raison du manque de profondeur du marché de capitaux. Enfin, c'est le champ de prospection commerciale des entreprises de petite et moyenne taille qu'il s'agit d'élargir. L'Afrique, oui, concède Jaï Hokimi, mais d'autres pays aussi ne manquent pas d'attrait, référence appuyée à la Turquie, au Brésil ou encore à l'Afrique du Sud. Avec tout cela, il apparaît que la PME n'a pas encore la place qu'elle mérite dans le débat national. Pour Peyrelevade, promotion de la croissance va de pair avec recherche et innovation. Et il faut y mettre les moyens, explique Mohamed Najim, professeur à l'Université de Bordeaux, responsable de Recherche CNRS pour le traitement du signal et des images. Moyens et surtout «gouvernance adaptée, laquelle doit se traduire par une forte implication des pouvoirs publics et la création de centres d'excellence», explicite le spécialiste. En financier expérimenté, Peyrelevade y va de ses recommandations pour le système financier. Radical, l'expert juge que le système bancaire n'a pas à financer l'investissement, mais juste le fonds de roulement des entreprises.