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Médicaments : Remèdes pour mettre fin à l'interminable guéguerre
Publié dans Les ECO le 06 - 02 - 2011

Le mercredi 9 février, les protagonistes de la question des baisses des prix des médicaments, en l'occurrence le ministère de la Santé et la Fédération des syndicats des pharmaciens d'officines, vont se retrouver au tour de la table des négociations. Des sources fiables indiquent déjà que du côté du ministère, la solution à «vendre» à la fédération syndicale n'est nulle autre que la dernière étude pour redresser le secteur, commandée auprès du cabinet américain Boston Consulting group (BCG). Mais on sait aussi d'ores et déjà que les acteurs syndicaux entendent balayer d'un revers de la main toute proposition de solution se basant sur l'analyse BCG. Pour ce refus, la fédération syndicale n'est pas seule. Dans un communiqué datant du 25 Janvier adressé à la profession et aux médias, l'Association marocaine de l'industrie pharmaceutique (AMIP), l'Association marocaine du médicament générique (AMMG), l'Association marocaine des distributeurs pharmaceutiques (AMDP) et Maroc innovation Santé (MIS), se sont joints aux syndicats des officinaux pour rejeter en bloc les conclusions du rapport BCG. Ces acteurs soulignent leur opposition en ces termes : «Après avoir pris connaissance incidemment du rapport BCG qui a été élaboré sans réelle concertation, les conclusions tirées de ce rapport ont été jugées à l'unanimité inadaptées aux réalités socio-économiques nationales». Sur ce terrain, Yasmina Baddou est donc définitivement «désarmée»et ses chances de mettre en œuvre sans casse les recommandations du Boston Consulting group, sont quasi-nulles. Alors que reste-t-il pour calmer les esprits? Sur quelles autres bases les protagonistes pourraient-ils encore négocier? Interrogés à ce propos, les différents acteurs du milieu de la pharmacie expliquent qu'il y a des soultions qui pourraient mettre fin à l'interminable bataille autour des prix, qui dure depuis maintenant quatre ans. Tour d'horizon des scénarii possibles.
Diversification de l'industrie
L'industrie pharmaceutique nationale fonctionne à 40 % de sa capacité. Le niveau de production est volontairement limité par les opérateurs. Cela peut paraître décevant pour un pays où on l'on considère que le médicament coûte trop cher et n'est pas facile d'accès. Mais pour les industriels, la limitation de la production à ce seuil de sous-performance est dictée par un calcul rationnel : la capacité d'absorption du marché reste encore faible. Un Marocain consomme entre 370 à 400 dirhams de médicaments par an. Cela est une moyenne nationale. «Il y a dans cette moyenne des disparités énormes, car dans certaines zones, la consommation annuelle par habitant ne dépasse pas 20 dirhams», explique Abdelmadjid Belaiche, acteur du secteur et rédacteur du rapport de l'AMIP contre l'étude parlementaire. Mais si par rapport à la production, le calcul économique des industriels ne peut être mis en cause, (car on ne peut pas obliger une industrie à produire plus qu'elle ne peut vendre), il n'en reste pas moins que la non diversification de la production est un handicap de taille, qui participe selon les acteurs, à la cherté des médicaments. Selon Belaiche, les 40 laboratoires produisent presque tous les mêmes types de médicaments et se focalisent sur les médicaments à faible coût, donc pouvant facilement être écoulés sur le marché. Cela fait que pour les maladies graves, les médicaments étant peu produits par les acteurs nationaux, coûtent déjà cher à leur sortie d'usine. Ali Sedrati reconnaît également cet argument, que le président sortant de l'AMIP explique en ces termes: «Il y a un minimum d'investissement qui est fait au niveau de l'industrie. Malheureusement aujourd'hui, la consommation reste faible, la couverture sociale est en cours d'extension, mais les moyens d'accès au médicament sont encore limités».
Régulation de l'installation des officines
Les officinaux ont fait le raisonnement inverse de celui des industriels. Malgré la faible capacité du marché, les ouvertures d'officines ont continué à augmenter de façon vertigineuse, encouragées aussi par le gouvernement, qui voit là une manière de favoriser l'accès au médicament. Jusqu'en 2006, date de la mise en place du nouveau code du médicament, le langage tenu par le gouvernement a été d'inciter à l'ouverture de pharmacies dans «chaque patelin du Maroc». Mauvais calcul. En dix ans, le nombre d'officines a été multiplié par cinq, dépassant aujourd'hui les 10.000 pharmarcies. Le Maroc se retrouve ainsi avec le plus fort taux de pharmacie par habitant dans la région du Maghreb (1 pharmacie en moyenne pour 3.000 habitants, alors que la norme internationale admise par l'OMS est de 1 pharmacie pour 5.000 habitants). À Mohammédia par exemple, on compte aujourd'hui 100 pharmacies pour une population de 244.441 habitants dans la zone urbaine, soit 1 pharmacie pour 2.444 personnes (une moyenne qui dépasse celle des pays où la couverture médicale est totale, comme la France : 1 pharmacie pour 2.750 habitants). Conséquence : un émiettement accentué du marché, qui rend les officinaux vulnérables et hypersensibles à tout nivellement par le bas des prix. Abderrahim Derraji, rédacteur en chef de l'Officinal (journal des pharmaciens) explique comment on en est arrivé là : «Le problème, souligne-t-il, est qu'aujourd'hui, dès lors qu'on a un diplôme de pharmacien, on peut ouvrir une officine, sans beaucoup de formalités. Pendant longtemps, les officinaux pensaient que les conditions d'accès à la fac de pharmacie devenues draconiennes au Maroc allaient freiner les ouvertures tous azimuts d'officines. Mais ces conditions ont été contournées, car les étudiants aspirant à la pharmacie partent de plus en plus à l'étranger pour décrocher leur diplôme». Au niveau de l'AMIP, une source nous a confié que depuis longtemps, des alertes ont été adressées au gouvernement par les acteurs des secteurs, sur les risques que représentent l'augmentation galopante des ouvertures d'officines. La revendication des industriels, tout comme des officinaux, était de mettre en place, pour parer à l'explosion des pharmacies, la formule du «numerus clausus», c'est-à-dire une autorisation limitée dans le temps en rapport avec le développement de la population. La requête est restée sans suite. Toutefois, selon Ali Sedrati, l'administration semble avoir maintenant accepté de revoir sa position sur la thématique de la régulation. Pour le président sortant de l'AMIP, la procédure est inscrite dans la stratégie de redressement du secteur et devrait être bientôt déclenchée.
Généralistion de la couverture ou baisse des prix
Pour les officinaux, la régulation du nombre des officines n'est qu'une partie du problème et le médicament dont les prix sont régulièrement révisés à la baisse, n'est qu'un bouc émissaire. Leur revendication est de voir le gouvernement agir en conséquence pour généraliser la couverture médicale. «Comment peut-on développer une industrie pharmaceutique efficace dans un pays où 2/3 de la population sont exclus de tout système de couverture. Tant que cette situation demeure, aucune baisse des prix ne peut favoriser l'accès aux médicaments», s'insurge un membre du syndicat. Mais cette revendication divise les milieux pharmaceutiques. «L'Etat veut bien élargir la couverture, mais le gouvernement a peur de l'élargir trop vite et de ne pas avoir par la suite des ressources pour financer les dépenses couvertes par les assurances. Cet élargissement ne peut se faire qu'en concertation avec tous les acteurs», souligne Abdelmadjid Belaiche. La baisse des prix, aussi, est jugée inadmissible per les officinaux.
Coup double
Finalement, dans la situation actuelle, la solution où tout le monde peut s'accorder est celle qu'on peut appeler, la formule du coup double, qui consiste à baisser progressivement les prix en fonction de l'extension de la couverture médicale. Cette formule, les acteurs l'expliquent de la manière suivante : d'abord, une généralisation de l'assurance maladie sans baisser les prix des médicaments est dangereuse, parce qu'une telle généralisation engendrerait un déséquilibre des finances des assurances maladie et mettrait en difficultés le budget public. Ensuite, la baisse des prix est normalement censée stimuler la vente en volume, en augmentant l'accès et la consommation des médicaments. Mais lorsqu'il n'y a pas de couverture, même si on baisse les prix, cela n'encouragera pas la consommation. Ce schéma montre donc par rapport à la réalité marocaine, que l'un ne va pas sans l'autre. De même que, sans mesures courageuses de la part du gouvernement et sacrifices raisonnablement consentis du côté des officines, le rendez-vous du 9 février ne débouchera sur aucune perspective favorable, et à la longue, c'est l'ensemble du système qui risquerait d'exploser. C'est en tout cas ce que redoutent aujourd'hui les spécialistes du secteur.
Ils ont dit :
Il y a une donnée fondamentale, indiscutable: c'est qu'il y a un problème d'accès au médicament au Maroc. Ce problème devient beaucoup plus grave quand il s'agit de pathologie chronique (cancer, par exemple) pour laquelle le malade doit se traiter tous les jours. Pour ce type de maladies ce qu'on oublie, c'est que le citoyen ne part pas directement acheter le médicament à la pharmacie, il faut qu'il consulte d'abord un médecin, or s'il n'est pas couvert, cette consultation elle-même devient difficile à supporter par le malade. C'est pour cela que baisser les prix des médicaments sans qu'il y ait élargissement de la couverture, est dangereux, car ce serait une baisse qui ne sera pas forcément profitable.
Abdelmajid Belaïche, auteur du rapport d'analyse du secteur commanditée par l'AMIP
Repères :
Maroc : 1 pharmacie pour 3.000.
Tunisie : 1 pharmacie pour 6.060.
Algérie : 1 pharmacie pour 4.169.
Norme internationale admise par l'OMS : 1 pharmacie pour 5.000.


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