Le raider franco-américain a peu de chances de révolutionner la gouvernance du groupe de médias dont il veut devenir administrateur, mais la revue stratégique qu'il réclame depuis un mois met en lumière les errances de Lagardère, qui a raté le virage de l'Internet où il a surpayé des actifs et sous-estimé l'aspect cyclique de son activité dans le sport. «Lagardère semble lent à céder des acquisitions qui se sont avérées décevantes ou des activités qui connaissent des problèmes structurels importants», observe Conor O'Shea, analyste chez Kepler Securities, citant la production audiovisuelle, la distribution de presse ou certains magazines. «Le groupe se retrouve avec tout un chapelet d'activités, dont certaines affichent un faible potentiel d'amélioration». Lagardère manque surtout d'un plan de développement à long terme, adossé à une stratégie claire et d'un véritable moteur de croissance, soulignent les analystes. «Comme d'autres grands conglomérats des médias, tels Vivendi ou Bertelsmann, Lagardère est constitué de tout un tas d'activités qui ne vont pas bien ensemble. Un démantèlement du groupe serait plus rationnel», avance Juliano Hiroshi Torii, analyste crédit à la Société générale.La structure de conglomérat de Lagardère, qui possède des participations aussi diverses que 42% du groupe Marie-Claire, 25% d'Amaury ou 49% de Presstalis (ex-NMPP), fait subir au cours de Bourse une décote évaluée à 10-20% par les analystes. L'action a systématiquement sous-performé l'indice paneuropéen des médias ces trois dernières années.L'édition plus que le sport. La cession des 20% de Lagardère dans Canal+ France, susceptible de rapporter 1,2-1,3 milliard d'euros, dépendra d'âpres négociations avec Vivendi, en position de force. Quant aux 7,5% restants dans EADS, valorisés à quelque 900 millions d'euros au cours actuel déprécié, leur vente déclenchera un mécano diplomatico-industriel franco-allemand. Même s'il parvient à céder des participations cette année, le groupe pourrait s'atteler en priorité à la réduction de sa dette financière nette qui s'élevait à 1,8 milliard d'euros fin 2009 ou redistribuer des fonds à ses actionnaires par un dividende exceptionnel, sous la pression de Guy Wyser-Pratte.Les analystes voient d'un mauvais œil les nouvelles acquisitions annoncées dans le sport, où Lagardère devrait connaître une année 2010 en creux, n'étant pas exposé au principal événement, la Coupe du monde de football.