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Bras de fer très... mouvant
Publié dans Les ECO le 13 - 05 - 2011

Le sable est de plus en plus mouvant. Cette «saison 3» nous réserve une surprise de taille et met en scène une guéguerre entre deux mondes, celui de l'académique et du business. Et comme dans tout conflit, chacun tire la couverture de son côté. La dernière nouvelle est tombée, il y a un peu plus d'une semaine et donne une nouvelle tournure à l'affaire du sable - en l'occurrence sur le chapitre «dragage» - déjà marquée par la proposition récente d'une loi pour «tamiser» ce secteur. Une copie du fameux «rapport» - dont les principaux concernés doutaient de l'existence réelle – nous est parvenue... et ses auteurs sont sortis de l'ombre. Ils assument, persistent et signent. Les professeurs Aicha Benmohammadi, professeur à la Faculté des sciences et des lettres de Kénitra et membre de l'équipe géosciences de l'environnement, et Mustapha Labraimi, professeur à la Faculté de sciences de Rabat, géologue de l'environnement et spécialiste en océanologie côtière. Mais, procédons par ordre. Une première lueur jaillit. Les choses semblent d'emblée se clarifier sur l'origine du document, intitulé «Impacts de dragage des fonds littoraux. Dragage d'exploitation en vue de la commercialisation des sables», dont on n'avait aucune information jusqu'à maintenant. Il aurait, en effet, été commandité par la société civile, en l'occurrence l'Association marocaine de protection et d'orientation du consommateur (AMPOC). Une association très active, et qui revendique une portée nationale. Cette dernière aurait en effet «mandaté» les chercheurs pour rassembler leurs travaux sur les impacts du dragage dans le littoral. «L'AMPOC, qui avait participé aux débats en juillet dernier, avait particulièrement de l'intérêt pour deux volets. Le premier est de s'informer sur l'état de la plage comme un espace collectif de loisirs pour les populations environnantes, et sur le volet de la commercialisation du sable comme produit», précise le Pr Benmohammadi. Une version confirmée, ensuite, par le président de l'AMPOC.
Eaux troubles
Il faut savoir que des opérateurs soutiennent leurs soupçons de «manipulations mal intentionnées» et de pressions d'un «lobby tapi dans l'ombre», qui aurait par ailleurs financé les recherches de ces scientifiques, dans le seul but de «démonter le business de Rimal». À qui devrait profiterait ce lobby dans ce cas de figure ? Les intervenants du secteur ne nous donnent aucune précision, par crainte de représailles sans doute. Des accusations que les professeurs auteurs du document rejettent en bloc. «Nous avons été approchés par les responsables de l'AMPOC, en juillet dernier, en marge d'un colloque international sur les dangers menaçant le littoral marocain dans lequel le volet du dragage a été longuement abordé», se rappelle le Pr Benmohammadi. «Notre objectif à nous, et les exploitants des ressources naturelles doivent le savoir, c'est la préservation de l'intégrité territoriale de notre pays, celle de son littoral, la protection de l'environnement et le développement durable», poursuit cette dernière. «Nous avons accompli notre devoir, celui de faire profiter les intéressés des conclusions de nos recherches. Loin de nous l'idée de vouloir porter atteinte à qui que ce soit. D'ailleurs, toutes les recherches qui figurent dans ce rapport ont été effectuées dans nos propres laboratoires, à l'Université Mohammed V de Rabat », complète le Pr Labraimi. Du côté de Rimal (pour rappel, le seul opérateur sur le segment de la commercialisation du sable de dragage), on entend tout cela d'une oreille plutôt...conciliatrice. «Nous sommes et serons toujours à l'écoute de tous les acteurs de notre société, qui ont le souci suprême que le développement de notre pays se fasse dans le respect total de ses lois et règles émanant du bon sens», tient à préciser Hassan Jai, président du directoire de Rimal. Des deux versions, laquelle est la plus fondée? Les preuves que nous ont confiées les deux parties, chacune de son côté pour renforcer son argumentaire, rendent complexe tout verdict.
Le rapport qui «dérange»
Mais allons au concret. Le rapport, sans concessions, indique, preuves à l'appui (tableaux, graphiques et résultats d'analyses), les impacts négatifs qu'induit le dragage d'entretien et d'exploitation sur le littoral marocain. Le zoom a été surtout fait, pour ce second type de dragage, sur la plateforme de Mehdia (Kénitra), où opère Rimal. Ces impacts ont été évalués par les scientifiques sous plusieurs aspects, allant de l'humain au naturel. On parle ainsi de «périls sur la diversité du cadre biologique de la zone de Mehdia» et menaces « ur un milieu littoral très riche». «Sur le fond marin, on trouve des zones de ponte pour plusieurs espèces marines et quand on drague, les sédiments marins sont automatiquement dragués avec les sédiments. Par voie de conséquence, la vie poissonneuse est affectée», indique-t-on dans le rapport en question. Les auteurs vont plus loin et affirment que «des enquêtes menées auprès des pêcheurs ont montré la nette diminution de la quantité des prises et l'éloignement des côtes de nombreuses espèces»... et la liste de ces dégâts est encore longue. Dommages collatéraux ? Quoi qu'il en soit, c'est l'argument «green», qui défendait l'activité de la commercialisation du sable de dragage, qui s'en trouve totalement remis en question.
Etude d'impact ou pas ?
Dans le rapport en question, les auteurs se veulent catégoriques et font des révélations. «Ce dragage, qui s'exerce depuis plus d'une décennie, ne dispose pas de l'acceptabilité environnementale comme l'impose la législation nationale». Les auteurs du rapport font exactement allusion au dahir N° 1-03-60 rabii I 1424 (12 mai 2003, BO N°5118 du 19 juin 2003), relatif à la promulgation de la loi N° 12-03 portant sur l'obligation de réaliser une étude d'impact sur l'environnement. Une étude d'impact que les responsables de Rimal affirment pourtant avoir bien établie en collaboration avec un groupement d'universitaires pluridisciplinaires pour la recherche et la préservation des ressources naturelles (Grepen), relevant de la Faculté des sciences d'El Jadida. Un «rapport définitif» de cette étude d'impact a été émis en octobre dernier, et une copie confiée aux Echos quotidien. À ce niveau, difficile de voir où se situe la vérité, au risque de s'enliser dans une polémique qui mériterait, à elle seule, une enquête à part.
Aïcha Benmohammad : Directrice des structures de recherches accréditées, membre de l'équipe Géosciences de l'environnement à la faculté des sciences de l'Université Ibn Tofail de Kénitra.
Dans un article intitulé «La guerre du sable monte d'un cran», publié dans votre quotidien (18 avril 2011), on laisse entendre que j'avais déjà émis un avis concernant l'impact du dragage dans une étude commanditée par Rimal, en opposition avec ce que je déclare, haut et fort, sur l'aspect dangereux du dragage d'exploitation des fonds littoraux en vue de la commercialisation du sable. De prime abord, il y a lieu de signaler que les assertions de Hassan Jaï, président du directoire de la société Rimal sont dénuées de tout fondement. Si vous disposez des «études que Rimal a bien voulu vous confier pour étayer leur version», vous n'avez qu'à publier ma signature telle qu'elle figure sur les documents obtenus de Rimal. Dans le cas contraire, je vous saurais gré de bien vouloir le préciser, car l'amalgame n'a jamais servi d'argument. Je voudrais rappeler ici que la dénonciation des impacts des dragages des fonds littoraux pour la commercialisation du sable n'est pas une chose nouvelle au Maroc et, encore plus, ailleurs. Elle a été déjà le fait d'un certain nombre de contributbions écrites dans des rapports officiels, avant que Rimal ne voie le jour. Il faut que l'on se comprenne, loin de toute polémique, car Il est important d'informer l'opinion publique des tenants et aboutissants de ce débat. Il s'agit, en clair, de l'établissement d'une industrie d'extraction par le dragage des sables littoraux, qui menace l'intégrité physique du littoral, la qualité des eaux marines et les ressources vivantes dans cet environnement. Faisons preuve de modestie et prenons en considération, avec un esprit critique, les résultats des travaux scientifiques indépendants sur le danger de l'industrie d'extraction des sables littoraux sur le littoral marocain. N'attendons pas que le drame survienne pour dire, après coup, «il fallait faire ceci ou cela». C'est la responsabilité de celles et de ceux qui s'engagent pour l'avenir des générations futures. Que le président du directoire de Rimal fasse solennellement état de ses convictions devant l'opinion publique sur l'inocuité du dragage des fonds littoraux pour commercialiser le sable et qu'il informe l'opinion publique des bases scientifiques de ce choix et des zones qui seront concédées à cet effet. C'est là l'objet du débat en cours. C'est à ce sujet que Monsieur Jaï est publiquement interpellé. Mais ce dernier, qui compte sur le dragage du sable marin déclare dans l'interview accordée aux Echos quotidien, qu'ils sont «parmi les rares exploitants de carrières sous-marines...». Mais non, monsieur, vous ne pouvez pas être exploitants de carrières sous-marines, car vous êtes en plein dans le domaine public maritime, inaliénable et imprescriptible. Vous dévoilez là ce que certains comptent réaliser par l'amendement apporté à cette loi sur les carrières (08.01), par l'ajout des carrières sous-marines, dont l'exploitation se fait par dragage. Les scientifiques que vous mettez entre guillemets dans votre propos, monsieur le président du directoire, vous défient de faire un échantillonnage in situ sur les plates-formes concédées, et sur vos aires de stockage et de faire procéder aux analyses d'usage, conformément aux règles de l'art. Nous ne demandons que d'être convaincus. Le même établissement qui vous a reçu avec égard a organisé, en juillet 2010, «les Deuxièmes journées internationales sur la dégradation des littoraux» sur le thème «Des ressources et un patrimoine à protéger». Les scientifiques du Maroc, et d'autres contrées, auraient aimé partager avec vous leurs doutes et vos convictions sur le dragage des fonds littoraux. Malheureusement, vous n'avez pris le chemin de la faculté des sciences que bien plus tard et c'était pour défendre certains intérêts. Que l'on nous entende, du sable, on en parlera et dans toutes ses textures. Car, nous voulons garder nos plages et que nos constructions, particulièrement celles qualifiées de «populaires» soient solidement bâties. Nous demandons au président du directoire de Rimal de nous entretenir de son «cœur de métier» : le dragage des sables littoraux marocains et des actions qu'il compte entreprendre pour rassurer l'opinion publique à ce sujet. Nous estimons qu'il ne s'agit ni de guerre et encore moins de tempête, mais d'un débat sérieux qui engage la responsabilité des uns et des autres pour l'avenir de notre pays.


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