Bienvenue au plus grand salon mondial de l'aéronautique. Les géants mondiaux de cette industrie se rassemblent à proximité de l'aéroport de Farnborough, une petite cité du Sud-Est anglais à une quarantaine de kilomètres de Londres. Dans un salon de cette envergure, il n'y a pas que des stands et des centres de conférences. Les organisateurs ont consacré toute une piste d'atterrissage à l'exposition des dernières nouveautés des appareils de l'aviation aussi bien civile que militaire. Les stars incontestées de cette édition étaient les deux nouveaux géants du transport des passagers à savoir, le A380 Jumbo d'Airbus et le Boeing 878 Dreamliner. Les deux fréres ennemis étaient installées côte à côte sur la piste de Farnborough. … Ces modèles étant déjà connus, il sont venus au Airshow, comme tout le monde l'appelle, avec leurs premières livraisons. Deux appareils destinés aux compagnies du Golfe, Qatar Airways et Etihad. La boulimie de ces nouveaux géants du transport aérien fait les affaires des constructeurs américains et européens. Alors que les compagnies européennes luttent pour leur survie, leurs nouvelles concurrentes arabes ne lésinent pas sur les moyens pour doper leur flotte. D'ailleurs, le Farnborough Airshow a été l'occasion de passer de nouvelles commandes notamment par Qatar Airways. La ruée des compagnies du Golfe atteint des niveaux invraisemblables, alors que des experts internationaux de stratégie aérienne se demandent comment des compagnies d'une aussi grande envergure peuvent être rentables avec de tels investissements dans un espace qui ne dépasse pas quelques centaines de kilomètres. La présence arabe dans le salon se réduit presque à la boulimie des compagnies du Golfe pour l'achat des nouveaux gros gadgets de l'industrie aéronautique. Leur contribution à l'industrie aéronautique est marginale voire nulle. En circulant dans les stands du Farnborough Airshow, on arrive difficilement à trouver trois représentants des industriels de la région MENA. Il y a d'abord une nouvelle zone industrielle dédiée à l'aéronautique dans l'émirat d'Abou Dhabi. La compagnie égyptienne Egypt Air était également présente au salon via sa filiale de maintenance aéronautique. Le troisième représentant de la région, n'est autre que l'AMDI, Agence marocaine pour le développement des investissements. Une présence qui marque la première participation du Maroc à un événement de si grande envergure. L'AMDI accueillait sur son stand le président et des représentants du GIMAS (Groupement des industriels marocains de l'aéronautique et l'aérospatial). A ceux-là s'ajoutait le ministre du Commerce et de l'industrie, Ahmed Reda Chami, qui a fait le déplacement jusqu'à Farnborough pour rencontrer les industriels intéressés par l'offre marocaine. La taille du stand marocain était incomparable à celle des grands pays de l'industrie aéronautique, et le stand a réussi à drainer des gros calibres de cette activité, notamment durant les journées où le ministre et le DG de l'AMDI, Fathallah Sijilmassi étaient présents. Rolls Royce, Bombardier, Moog, Sandvick, Pratt & Whiteny ont rencontré les responsables marocains. Des rencontres encore loin de donner lieu à des partenariats concrets, mais ce premier contact est nécessaire ne serait-ce que pour avoir une idée de ce qu'offre le Maroc dans ce domaine. Le message qu'ont cherché à délivrer les responsables marocains est axé sur la diversification. L'activité aéronautique au Maroc n'est pas associée uniquement à la sous-traitance des câblages et des nacelles. Le Maroc est aussi en mesure d'offrir des ouvrages métalliques liés à l'aéronautique, la fourniture de services et la maintenance. C'est dans ce cadre que la RAM et Boeing ont renforcé leur partenariat. A noter que les responsables du groupe Safran étaient très proches des exposants marocains tout au long de leur présence au salon. Le stand marocain était d'ailleurs collé à celui du géant français de l'aéronautique. La diversification ne concerne pas uniquement les segments de l'offre marocaine, mais également les partenaires. Il n'y a pas que les grands groupes aéronautiques qui peuvent trouver des opportunités de sous-traitance et de partenariat au Maroc. Même les industriels qui travaillent pour ces grands groupes industriels sont en mesure de délocaliser leur activité chez nous. D'ailleurs, les responsables marocains ont dévoilé leur intention d'étendre la zone industrielle de Nouaceur et d'en faire une plateforme offshore. La présence du patron de Tanger Free Zone lors de ce salon donne également un signal fort de l'intention de cette plateforme industrielle de se positionner sur l'industrie aéronautique. Mais elle demeure loin de rivaliser avec Nouaceur qui commence à acquérir une renommée internationale. Le Maroc n'est pas le seul qui cherche à convaincre les gros de cette industrie et de ses atouts. Ses concurrents sont des pays émergents qui déploient de gros moyens médiatiques et marketing pour mettre en avant leur offre. C'est le cas du Mexique dont l'industrie aéronautique est concentrée autour de la région Baja California. Une région mitoyenne des Etats-Unis et qui offre aux industriels américains un modèle similaire à celui des Maquilladoras. Ce modèle semble plaire au plus grand nombre d'opérateurs. En témoigne l'intérêt des industriels pour les événements organisés en marge du salon par les promoteurs de Baja California. Les responsables de cette zone se sont rassemblés dans un grand stand à proximité des espaces d'exposition américains. Ils connaissent bien leur cible. Pas très loin du Mexique, le Brésil se positionne en sérieux concurrent parmi les pays émergents. Le pays mise sur, le cluster de l'industrie aéronautique qui offre aux gros donneurs d'ordre une offre verticalement intégrée. Cette intégration est renforcée par la présence d'un constructeur local, Embraer, qui gagne au fil des années plus de renommée à l'international. Loin de l'Amérique latine, les pays de l'Europe de l'Est ne lésinent pas sur les moyens pour se positionner sur les différents segments de la sous-traitance. A ceux-là s'ajoute la Turquie qui a misé sur le même positionnement que le Brésil, à savoir une offre concentrée autour d'un cluster aéronautique. Cette diversité de l'offre de sous-traitance s'explique par une plus grande diversité de la demande. En plus des grands constructeurs aéronautiques américains, apparaissent des industriels japonais, canadiens, anglais et italiens qui ont besoin d'externaliser leur service. Le besoin de réduction des coûts les incite à aller chercher des partenariats sur des marchés alliant coûts bas et respect des standards de qualité. C'est l'occasion ou jamais pour un pays comme le Maroc d'aller vendre son expertise et la qualité de son offre. Aviation militaire : Circulez, il n'y a rien à voir ! Autant la partie civile de l'exposition était ouverte aux médias, autant la partie militaire était entourée du plus grand secret. Seules les invitations spéciales donnent accès à l'aire dédiée aux appareils militaires. Mais à partir de la piste d'atterrissage, les dernières nouveautés des avions de chasse et de transport des troupes étaient visibles. Ceux-là planaient sur les stands du salon chaque après-midi faisant un vacarme plus assourdissant que celui des gros appareils de transport des voyageurs. Des hauts gradés des armées de l'air du monde entier ont fait le déplacement à Farnborough pour constater les avancées technologiques dans leur domaine. Air Cadet : Pilote dès l'âge de 13 ans Une fois que vous entrez au Airshow de Farnborough, la première chose qui vous marque c'est la présence de dizaines d'enfants et adolescents avec leur uniforme militaire. Ils circulent entre les stands, distribuent les dépliants, fournissent de l'aide aux visiteurs et aux exposants et jouent même le rôle de guide dans les manifestations organisées en marge du salon. Ce sont les Air Cadets, un corps paramilitaire dédié aux jeunes de 13 à 18 ans. Les volontaires engagés dans ce corps reçoivent, dès leur entrée, des cours basiques d'aviation et peuvent même conduire des appareils de loisirs dès l'âge de 13 ans. Ils interviennent pour donner un coup de main dans l'ensemble des événements aussi bien civils que militaires. Objectif : les préparer à intégrer l'armée de l'air britannique ou s'orienter vers une carrière dans l'aviation civile une fois adultes.