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Aminata habillée en Prada par Kant
Publié dans Le Soir Echos le 11 - 07 - 2011

Kant et la petite robe rouge ? Sous ce titre légèrement prétentieux se cache un petit livre de Lamia Berrada-Berca paru chez un petit éditeur, La Cheminante, en 2011 et joliment imprimé chez Orthez. Les mots de Lamia Berrada-Berca nous rappellent que la langue française a choisi pour nommer le «mot» un substantif qui doit tout, étrangement, au «motus» latin dont le sens est «muet ».
Si ce souvenir nous revient, c'est que l'histoire d'Aminata est celle d'un mutisme imposé par son époux musulman, à Paris, à son épouse qui «ne connaît de la ville où son mari l'a conduite que ça : le carré autour du métro Couronnes où elle s'aventure pour faire les courses».
C'est donc l'histoire d'une femme enfermée dans un voile qui la cache à tous et à elle-même qu'assure nous raconter Lamia Berrada-Berca dans un mouvement de compassion qui, malheureusement, emprunte trop souvent à ce qu'il faut bien désigner comme une forme d'outrecuidance niaise.
Car Aminata, si l'on doit en croire Lamia Berrada-Berca, vole sur le palier d'un voisin un ouvrage qui va changer sa vie, bien que la jeune femme n'en demeure pas moins analphabète, sauf miracle inexpliqué. La présence intempestive de Kant nous informe de l'insincérité de ce petit livre rouge.
Le clou de l'affaire, c'est quand Aminata découvre, on ignore comment, les fastes de la prononciation restituée du latin dans la Rome antique. Ce qui nous vaut le passage suivant : «Aude. Sapere aude. En déliant bien le «a» du «u», car au départ sa fille prononce ode. Kant dit vrai. Ose savoir. c'est oser, le plus dur… Comme si, d'être écrasée par des images du passé, la coutume, les traditions jalousement perpétuées (…), tout cela avait fini par durcir en bloc dans son esprit…»
Le spectacle offert par une petite robe rouge et, qui plus est en soldes, va lentement aimanter Aminata vers son émancipation d'un époux jouissant d'exercer sur elle les délices de l'arbitraire, tandis qu'il se plante, pour sa part, devant le petit écran à seule fin d'y regarder des émissions de télé-réalité. Kant a zappé depuis un moment…
L'Association des Femmes Algériennes du Val d'Oise est citée, en passant, dans Kant et la petite robe rouge. Plutôt que cet apologue fade, bien que pétri des meilleures intentions du monde, le recueil de paroles de ces « femmes africaines du Val d'Oise», la restitution de leur parcours de vie, de leurs expériences et de leurs espérances, déçues ou pas, dans leur migration, voilà qui eût fait un vrai livre. Faute d'une immersion sérieuse au sein d'une communauté qui n'est même pas suggérée à gros traits, Kant et la petite robe rouge apparaît comme l'exploitation hâtive et peu probante d'un thème de société : le voile intégral, exploité à des fins électorales par certains politiciens et agité par des écrivains, comme l'est aussi le terrorisme, pour dérouler fastidieusement un tapis de phrases qui semblent s'auto-exalter d'avoir si peu à dire, si peu à montrer, si peu à comprendre et si peu à faire comprendre.
Du moins l'éditeur de Kant et la petite robe rouge a-t-il pris soin, dans un ouvrage de petit format qui compte cent une pages, de consacrer les deux dernières à un laïus saluant, en termes abscons, l'oeuvrette dont on ne doute guère qu'il se trouvera d'autres que nous pour la porter aux nues.
Lamia Berrada-Berca n'a pas voulu demeurer sur quant-à-soi. C'est tout à son honneur. Mais vouloir témoigner pour autrui ne doit pas signifier que l'on témoigne en lieu et place d'autrui. La littérature est inférieure à la sociologie et au journalisme lorsqu'elle prétend s'accommoder de quelques exaltations ou déplorations pour témoigner de la complexité du vécu intime et des pressions et dépressions. sans une inspiration impérieuse et une enquête soigneuse, la compassion ou l'indignation aussi bien que la solidarité féminine excipée naturellement, tout cela qui est bel et beau, n'apparaît que vaine gesticulation plus narcissique qu'altruiste. L'auteure est contente de ne pas être Aminata. mais son livre nous frappe par une incapacité vertigineuse à imaginer Aminata, son mari, sa fille, et les lecteurs…
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