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Le prix du franc-parler
Publié dans Le Soir Echos le 22 - 12 - 2011

C'est ce jeudi après-midi à Casablanca que commence le procès du rappeur marocain Mouad Belghouate, plus connu sous le nom d'« El Haked ». Un comité de soutien dénonce d'ores et déjà des vices de procédure et estime que le jeune artiste paie le prix de son franc-parler.
Des mots et du courage. C'est le délit du rappeur marocain Mouad Belghouate, connu sous le nom d'« L7a9d » (El Haked). Le jeune artiste porte-voix du Mouvement du 20 février est derrière les barreaux depuis le 9 septembre dernier. Il est poursuivi pour coups et blessures contre Mohamed Dali, considéré par le M20F comme faisant partie des « Baltajias ». Mais, pour son entourage, il est surtout puni pour son rap au verbe cru et acerbe. Le comité de soutien de Mouad, composé de militants des droits de l'Homme de divers profils, crie haut et fort au scandale. À la veille de l'ouverture du procès, qui aura lieu ce jeudi au tribunal de première instance de Aïn Sebaâ (Casablanca) à 13h, il a tenu une conférence de presse au siège de l'Association marocaine des droits humains (AMDH) pour dévoiler la face cachée d'un procès qui fera longtemps parler de lui.
La face cachée
« Rien dans le déroulement de la procédure d'instruction du dossier n'est normal. Mouad, qui a été le premier à se présenter devant la police pour dénoncer l'agression, s'est vu refuser le droit de déposer une plainte. Aucun procès verbal n'a été dressé et quelques jours plus tard, c'est lui qui se fait arrêter et immédiatement écrouer alors que l'accusation portée contre lui n'impose aucune arrestation de la sorte », déclare la présidente de l'AMDH, Khadija Ryadi.
Pour le comité de soutien, il s'agit « d'un dossier monté de toutes pièces » dans l'unique but de museler le rappeur. « Il était devenu urgent de faire taire le rappeur. Ces chanteurs sont réputés être les plus terribles, leurs mots et leurs langues sont une arme redoutable », estime Karim Tazi, membre du comité de soutien de Mouad. Une affaire de ce genre laisse perplexe. « J'ai voté pour la nouvelle Constitution parce qu'elle représente un pas en avant. Mais lorsqu'on constate, dans ce genre d'affaires, l'instrumentalisation de la police et de la Justice, alors que dans la rue on scande ‘'À bas l'absolutisme !'', on en déduit que le système n'a pas changé », constate Karim Tazi.
Détenu politique
Le procès de Mouad est aussi un procès contre le Mouvement du 20 février dont il est l'un des activistes. « Au sein du Mouvement, nous pensons que la détention de Mouad trouve son origine dans la nature même de son action. Dans les rangs de la coordination casablancaise, El Haked a été le premier à transférer le Mouvement aux quartiers», explique Hosni El Moukhlis, membre de la coordination du Mouvement du 20 février à Casablanca. Et d'ajouter que la première marche de quartiers a réussi à mobiliser 1 000 participants, grâce, essentiellement, au « charisme » de Mouad.
Cherchant ses mots, Maria Karim, coordinatrice du comité affiche son émoi et son indignation : « Mouad est très fort, nous avons toujours puisé dans son courage une force exceptionnelle. Si le Makhzen pense qu'il l'a fait taire, nous lui annonçons que nous serons son porte-voix dorénavant». Une détermination qui laisse présager de la recrudescence des manifestations du Mouvement du 20 février. Un sit-in est d'ailleurs prévu ce jeudi tout au long du procès dont le report est annoncé comme inéluctable. « Ce genre de procès n'obéit à aucune règle juridiquement parlant. Ce sont les décisions politiques et les instructions qui déterminent leur sort et non la qualité de la défense. Mouad est un autre exemple comme tant d'autres : Kabbouri, Khyari, Aâras… Seule la pression politique et celle des médias peut nous aider », souligne Khadija Ryadi.
« Tous indignés »
Le comité de soutien de Mouad a lancé un site web www.l7a9d.com et une pétition qui, depuis trois jours, a recueilli les signatures d'artistes, d'écrivains, de journalistes… tous appelant à la libération immédiate du rappeur. Sur la liste des signataires figurent, entre autres, Mohamed Snoussi, Aboubakr Jamai, Hakima Himmich, Abdellatif Laâbi et Ali Bouabid. Le comité appelle, par ailleurs, à la tenue d'un procès équitable prenant compte des éléments du dossier présentés par la défense. « Lorsque je rends visite à mon frère, je me réjouis de le voir aussi fort et courageux qu'il l'est d'habitude. Il n'est pas traité comme les autres dans le pavillon où il est détenu, il n'a même pas le droit à la séance de cinéma hebdomadaire qu'organise la prison. Tout ce qu'il reçoit est fouillé de fond en comble… Il est victime mais il ne baissera jamais les bras », prévient Youssef Belghouate.
ENTRETIEN AVEC …
Youssef Belghouate, frère de Mouad Belghouate alias «El Haked »
« Le procès contre Mouad est politique »
Comment la famille de Mouad vit-elle sa détention ?
La famille attend, chaque jour, avec grand espoir, sa libération car son arrestation est totalement politique et n'a rien à voir avec les fausses accusations qu'on lui a collées. Avant son arrestation, la police nous rendait souvent visite pour nous poser des questions sur lui et sur ses fréquentations. Aussi, nous avons à maintes reprises discuté avec Mouad au sujet des paroles qu'il utilisait dans son rap et de son engagement politique.
La famille de Mouad a droit à combien de visites par semaine et comment se comporte les responsables d'Oukacha avec lui ?
Nous n'avons droit qu'à une seule visite de 30 minutes par semaine. Nous en profitons pour lui remonter le moral. Il nous manque énormément. Je tiens par contre à préciser qu'on nous fouille avant de rentrer. Tous les journaux qui parlent du M20F ou de lui sont interdits d'entrée dans sa cellule. Les livres aussi sont passés à la loupe avant qu'ils lui soient remis. Il y a deux types de comportements. Certains se comportent humainement. D'autres, par contre, restent distants. D'ailleurs, il est interdit à Mouad de participer aux activités culturelles d'Oukacha. Il a par contre une télévision.
Que pense la famille de Mouad de la défense ?
Malheureusement, j'ai bien peur qu'elle ne puisse pas faire grand chose car la décision est sans aucun doute politique. Quand nous aurons une justice indépendante, là, on pourra espérer un résultat meilleur. En attendant, nous tentons par tous les moyens de sortir Mouad de cette mascarade. Avec le nouveau gouvernement, nous comptons contacter le ministre de la Justice. Ceci dit, je remercie tous les avocats, les acteurs de la société civile et les militants, ainsi que tous les amis de Mouad qui nous soutiennent de toutes leurs forces.
Propos recueillis par Alae BENNANI


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