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Polisario, le fossile et le marteau | Le Soir-echos
Publié dans Le Soir Echos le 01 - 02 - 2012

Le Sahara fut toujours un conservatoire de formes de vie éteintes ailleurs, et des niches écologiques y existent, abritant des espèces disparues. Le vent de mutations politiques que connaît le monde arabe depuis plusieurs mois aurait pu le contourner, y laissant subsister des témoignages fossilisés de l'autoritarisme arabe. Les remous que connaît le Front Polisario tendent à prouver que non, et que décidément le Printemps arabe souffle de manière équitable sur l'ensemble de l'écosystème politique de la région.

Lénine : la dictature avant l'Etat
Omar Saghi Politologue et écrivain, enseignant-chercheur à Sciences Po Paris www.omarsaghi.com
Lénine théorisa est mis en pratique, d'un même mouvement, une forme politique originale et appelée à connaître un grand succès, au-delà de ses limites idéologiques propres. Le parti bolchévique fut pensé comme un Etat en soi, non comme un acteur parmi d'autres dans un cadre institutionnel préétabli. L'association spontanée entre Etat, dictature et territoire masque l'autonomie de cette invention politique du XX° siècle. Le parti-Etat fonctionne comme une machine despotique avant même qu'il ne s'accapare un Etat ou qu'il ne se déploie sur un territoire et une population. Sa hiérarchie interne est une administration, son service de sécurité une armée ; il a une devise, des slogans, un hymne et un drapeau. Pour Lénine, il restait seulement à lui trouver un pays à gérer. Ce fut le rôle du coup d'Etat d'octobre 17. Les mouvements de libération dans le Tiers-monde, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, furent de gros consommateurs de ce type de parti. Cette vérité est méconnue par l'effet d'une illusion médiatique : les noms angéliques de Mandela et du Dalaï-Lama masquent la réalité autrement plus complexe de la majorité des mouvements indépendantistes. Le FLN algérien comme le Viet Minh indochinois, comme d'autres mouvements similaires en Afrique, en Amérique latine, au Moyen-Orient, se constituèrent comme des Etats flottants, nomades, mais ayant déjà, à leurs propres yeux et aux yeux de leurs adversaires, les caractéristiques d'une structure politique dure. Ce phénomène est compréhensible : face au refus institutionnel qu'ils avaient à subir, le parti-Etat procurait une efficacité indéniable.

Dissocier culture et politique
Le Front Polisario est un rejeton tardif de ce type d'histoire. Son leader inamovible depuis plus de trois décennies, son appareil armé et l'horizon militaire dans lequel il se déploie, son drapeau mimant les drapeaux moyen-orientaux, le nom même de sa cause, mêlant une revendication culturelle à une idéologie socialisante, toutes ses composantes en font un régime dictatorial arabe de type quasi-pur. Reste un pays, mais cela, dans l'optique léniniste, n'est plus qu'un détail. Il arrive qu'une tombe renferme plusieurs cadavres, comme il arrive qu'un deuil pleure plusieurs pertes. La chute des dictatures arabes fut également la mort d'un appareil politique spécifique : le parti-Etat. Des mouvements armés comme le PKK kurde, ou le Hezbollah libanais, indépendamment de la cause qu'ils défendent, auront désormais beaucoup de mal à exister dans une région démocratisée. Au Maroc, si la démocratisation de la cause sahraouie se développe, si d'autres acteurs concurrencent la dictature sans territoire du Front Polisario, on pourra espérer enfin tourner une page historique toute en ratures et en notes de bas de pages : par la dissociation entre revendications culturelles légitimes et indépendantisme, par la relecture commune d'une histoire complexe, au-delà de l'appareil juridique colonial dans lequel on fut empêtré, enfin par la refondation d'un espace public dans lequel les différentes composantes de ce qui fut l'empire chérifien puissent vivre sans qu'une d'entre elles ne monopolise l'identité de l'Etat.


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