La cellule, arrêtée hier par la BNPJ, projetait de couper l'électricité pour commettre ses actes criminels. S'en suivraient alors des actes de vandalisme et de destruction des locaux de police ou des locaux administratifs. Les terroristes comptaient également s'acharner sur les guichets de banque. « A cet effet, les membres de la cellule s'activaient sur Internet pour propager leurs idées extrémistes, inciter à la désobéissance à travers des mouvements de protestation accompagnés d'actes de destruction, et attirer le plus grand nombre de sympathisants en vue de les embrigader dans l'exécution de leurs stratagèmes. », peut-on lire sur le communiqué du ministère de l'Intérieur. Le cyberterrorisme date d'antan Si la cadence des démantèlements des cellules terroristes, accrue entre 2003 et 2007, a baissé en 2011-2012, seul l'attentat d'Argana du 28 avril 2011 a permis l'arrestation et le démantèlement d'autres cellules annexes. Le politologue et spécialiste des questions terroristes, Mohamed Darif reste optimiste : « La cadence des arrestations a baissé mais il ne faut pas oublier que dès 2002 le Maroc a opté pour une politique préventive. Les autorités cherchent à démanteler dès les débuts des manigances et des préparatifs afin d'empêcher l'action terroriste. ». Ceci dit, depuis l'année dernière, deux phénomènes ont attiré l'attention de la Brigade nationale de la police judiciaire : le cyberterrorisme et le djihadisme individuel. « Ce dernier concerne ceux qui n'appartiennent à aucune cellule terroriste. D'ailleurs, encore une fois l'année dernière un Marocain a été arrêté individuellement pour intention et préparation d'acte terroriste. » Pour ce qui est du cyberterrorisme, ce n'est pas une nouveauté au Maroc. « Depuis l'année dernière, nous avons commencé à parler de cyberterrorisme. Certains utilisent l'Internet pour propager leurs idéologies et leur doctrine. ». Darif affirme en effet que l'utilisation d'Internet à des fins terroristes ne date pas d'aujourd'hui au Maroc, encore moins dans le monde. « Le cyberterrorisme est un phénomène transnational. C'est partout comme cela que ça se passe. Les formes de terrorisme évoluent elles aussi ». Le cyberterrorisme prend aussi de la place parce que les organisations terroristes ont du mal à travailler avec les anciennes méthodes. « Elles ont donc recours à la toile, au virtuel afin de viser la stabilité et l'ordre public, autrement », explique Darif. Plus de cybervigilance Interrogé sur l'existence d'une police du net, Darif nous a certifié qu'en effet elle existe mais qu'elle devra être plus présente. Depuis 2002-2003, les services sécuritaires ont déployé des efforts pour améliorer les méthodes de travail sur Internet. « Actuellement, les services sécuritaires parlent de la création de cellules afin de contrer le cyberterrorisme. Certains ont déjà bénéficié de formation et les autorités marocaines veillent pour avoir un arsenal juridique puissant pour faire face à ce phénomène. », ajoute Darif. Mais, il y a par contre un déficit dans cette lutte contre le cyberterrorisme. « Il n'y a pas de loi consacrée à cela. Dans nos textes de loi, il n'y a qu'une seule disposition d'ordre général au sujet du terrorisme. Le cyberterrorisme exige donc une loi à lui seul. », conclut le politologue.