Le rapport 2011 de la Banque mondiale donne pour le Maroc un taux de bancarisation des plus de 15 ans, de 39 %, soit à peine plus d'un point de plus qu'en 2007. La bancarisation offre de nombreux avantages et est basée, entre autres, sur la confiance que les dépositaires ont dans le système bancaire local. Elle permet de lutter contre le blanchiment et, dans une certaine mesure, contre la corruption ; elle apporte sécurité et confort, mais elle bute sur des limites liées à la gestion du risque et l'analyse de la solvabilité des clients. En effet, le même rapport donne une information importante, à savoir le pourcentage de bénéficiaires de prêts auprès des institutions financières, lequel est de 4 % ; ce qui signifie que nous avons affaire à des enseignes de dépôt plutôt que de redistribution. En marge de cela, un réseau complexe de financement existe, souvent basé sur des taux rédhibitoires, qui impose à des ménages aux faibles revenus des recours aux antipodes des notions de transparence, de solidarité ou d'inclusion sociale ou bancaire. Souvent spécialisés par secteur, les acteurs du financement parallèle rendent un service à des personnes jugées peu solvables par les banques mais qui ont besoin de sommes raisonnables pour financer des petits projets ou faire face à des dépenses imprévues comme un accident ou une maladie. Le microcrédit, en s'adressant à la niche des petits porteurs a permis d'élargir le cercle des auto-entrepreneurs et, avant de parler d'inclusion bancaire, les a inclus socialement. Avec des taux tournant autour de 30 % et qui peuvent grimper de manière exponentielle, les usuriers, qui prennent leurs dispositions pour minimiser les impayés, souvent de la manière forte, fragilisent des personnes déjà marginalisées et contribuent, à la fois, à leur permettre de sortir la tête de l'eau mais également à les asservir avec des échéances acceptables mais interminables. Bien qu'il soit illusoire de vouloir éradiquer ce phénomène, le secteur bancaire doit proposer une alternative accessible à celles et ceux qui vivent sous le joug de ces Gundermann des temps modernes, que le ministère public doit combattre… avec véhémence.