Gilbert Brisbois, présentateur de l'After Foot sur RMC, était de passage au Maroc pour participer à la 4e édition de la Coupe de l'info, tenue à Agadir du 23 au 25 novembre courant. Dans cet entretien, il nous livre ses impressions sur les joueurs évoluant en Ligue I ainsi que le passage de Gerets au Maroc. Gilbert Brisbois. Gilbert Brisbois est journaliste-présentateur à RMC (anciennement Radio Monte Carlo), la première radio de sport en France. Il s'occupe de l'émission « l'After Foot », avec Roland Courbis, Jean Michel Larqué et Luis Fernandez. Les weekends, il présente « Les grandes gueules du sport », l'émission où il fait le tour des disciplines. Brisbois, qui était à Agadir pour la Coupe de l'info, estime que « cet évènement est devenu un rendez-vous incontournable, et que même s'il est organisé au Brésil, au Maroc, en Finlande ou n'importe où, il y sera ». « C'est un état d'esprit. On y oublie tout », explique Gilbert. Organisée par Zakia Abou-Ibrahimi, ex-consultante à TF1 et Karine Fauvet de LCI en partenariat avec la MDJS, la Coupe de l'info est à sa 4e édition, cette année. En marge de cette coupe, Le Soir échos a rencontré Gilbert Brisbois. Il dit tout sur les joueurs marocains de la Ligue I ainsi qu'Eric Gerets, l'ancien sélectionneur national. Comment les Français ont-ils pris le choix de Belhanda de jouer pour le Maroc ? Les Français n'ont pas le choix. Il y a cependant différents points de vue. Celui de la fédération française, qui forme certains joueurs bi-nationaux, qu'elle forme. Elle y investit, en lui coûtant de l'argent et finalement, le joueur choisit une autre sélection. Donc finalement, ils se disent qu'ils ont investi à perte, puisque cela bénéficie à la sélection marocaine, algérienne, tunisienne malienne ou autres. Cela, c'est le point de vue de la fédération française. Mon point de vue, par contre, est différent : Belhanda a une double culture. Ses parents sont Marocains, et, il a grandi en France. Il est légitimement en droit de se poser la question de savoir quel pays il voudrait représenter... Est-ce une perte pour le foot français ? Si vous parlez sur le plan footballistique, en fait on ne le saura jamais. Il ne faut pas se poser la question sous cet angle-là, je pense. Qui sait si Belhanda avait choisi l'équipe de France, aurait-il été sélectionné ? Qui sait s'il aurait été bon ? On le compare à qui ? À Gourcuff, par exemple ? On le fait jouer à quel poste sur le terrain ? Nous, aujourd'hui, nous n'avons pas de numéro 10 en équipe de France, Belhanda, on le fait jouer en milieu défensif ? En fait, ce sont des questions auxquelles on ne peut pas répondre... Pourtant, il ne s'agit pas uniquement de Belhanda : récemment, Reggatin, Ghanam, ou encore Belghazouan ont été convoqués… Soyons clairs ! Autant Belhanda aurait pu prétendre à l'équipe de France, autant Belghazouani ou Reggatin n'auraient jamais été en équipe de France. C'est la fédération française qui choisit. Cela ne pose aucun souci à l'opinion publique. Nous sommes un pays multi-ethnique. Pour moi, la France est un pays d'accueil. Je ne vois pas où est le problème à former des gens et qu'après ils choisissent une autre nation. C'est un faux débat, cette histoire ! Après, on ne va pas se mentir : Reggatin, pour prendre son cas, a choisi le Maroc parce qu'il a une grand-mère marocaine je crois… Jamais Reggatin n'aura été en équipe de France. Il y a un autre cas qui arrive, celui de Ben Yedder (Wissam, ndlr). D'origine tunisienne, il a été sanctionné parce qu'il a fait le mur lors d'un rassemblement avec les Espoirs : il a pris un an de suspension. Qu'est-ce qu'il pourrait bien faire, sachant qu'il peut encore jouer pour son pays d'origine, la Tunisie ?. Comment peut-on lui reprocher de jouer avec son pays d'origine ? Il va se dire : « Les français ne veulent pas de moi, alors je vais aller en Tunisie «. En fait, c'est un débat qui rejoint un peu les problèmes identitaires en France. Aujourd'hui, nous avons une sorte de rejet de l'étranger. C'est scandaleux, et c'est mon avis. Les politiques utilisent le football à des fins partisanes. Ils se disent : « Regarder ces gens, ils ont profité du système français pour aller jouer ailleurs ». Cela me révolte d'entendre ce genre de discours. Raymond Domenech, dans son livre « Tout seul », revient sur la crise des Bleus à Knysna en Afrique du Sud 2010. Est-ce qu'un joueur peut manquer de respect à son entraîneur ? Ce qu'a fait Nicolas Anelka est anormal. Anelka n'a pas à insulter son sélectionneur, il faut qu'il y ait un minimum de discipline et d'ordre. Ces jeunes avaient besoin de discipline, besoin de se sentir encadrés, pour être bons sur le terrain. Anelka a dépassé les bornes. Donc, ils étaient obligés de le sanctionner et le virer. Raymond Domenech, pour moi, n'a jamais su s'adapter à la génération des joueurs qu'il gérait. C'est un gars intelligent. Ce n'est pas un adjudant, il n'est pas un militaire. Ce n'est pas un homme qui donne des ordres. C'est quelqu'un qui responsabilise et qui utilise beaucoup le second degré. Or, beaucoup de ses joueurs ne comprenaient pas cela, c'est ce qui a créé un problème. Je ne veux pas dire qu'il est très intelligent pour certains joueurs, mais ils ne comprenaient pas son message. Il y avait un choc de génération, et quelque part culturel, entre lui, un érudit, et certains joueurs. Je reproche aussi à Domenech certaines choses : il a été têtu un moment. Il devait trancher dans le vif. À un moment, il fallait qu'il vire Ribéry, Nasri, ou à la limite, Thierry Henri, mais il ne l'a pas fait. Eric Gerets, qui a entraîné l'OM, avait réussi de bons résultats. Au Maroc, cela n'a pas marché. Pourquoi à votre avis ? Attention, Gerets n'a rien gagné avec l'OM même s'il était bon ! Il a fini deuxième. Eric Gerets est malin. Il a réussi à mettre le public dans sa poche. C'est quelqu'un de chaleureux. Il a réussi à se fondre dans le microcosme marseillais sans problèmes. Il a bénéficié aussi de certaines circonstances : il y a eu deux ou trois matchs qui ont ému, comme celui de l'OM à Liverpool (l'OM a gagné grâce au but de Valbuena, nda). Il avait une bonne image. Cependant, Gerets est un mercenaire. Il court après l'argent, derrière le contrat (il entraîne au Qatar actuellement, ndlr). Il est venu au Maroc parce qu'on lui a proposé un contrat qu'il ne pouvait pas refuser. Je ne vais pas lui en vouloir. Il fallait simplement ne pas lui proposer autant. Puis au Maroc, n'y a-t-il pas moyen d'avoir un entraîneur qui s'occupe de la sélection nationale ? Je considère qu'une sélection nationale doit être gérée par un entraîneur national. Si demain en France, on amène Capello, Hiddink ou Ancelotti, cela va faire un scandale. Laurent Blanc gagnait 100 000 euros par mois, ce qui est moins que ce que gagnait Gerets au Maroc. Deschamps touche 50 000 euros par mois, beaucoup moins encore que Gerets à l'époque. Je suis très content que le sélectionneur du Maroc soit aujourd'hui Marocain. Il faut que les gens se reconnaissent dans leur équipe nationale. C'est une équipe qui représente le pays. Il faut que le staff soit marocain et une fédération gérée par des Marocains, c'est basique. Après s'ils perdent ou gagnent, au moins on sait qu'il y a des nationaux qui s'en occupent. Sauf que je ne fais pas de nationalisme footballistique. Si je suis président d'une fédération, je n'irai jamais chercher un entraîneur étranger : je regarde d'abord ce qu'il y a chez-moi. Gerets, on lui a fait une proposition, il l'a acceptée. Il n'a mis le couteau à la gorge de personne. Les fautifs ne sont pas Gerets, Cuperly et son équipe, c'est la fédération marocaine. Elle a cru que l'homme allait devenir champion du monde les responsables ont rêvé. Le PSG sera-t-il champion de France cette année ? Evidemment, vu les stars du club, notamment Zlatan. En mars ou avril, ce sera bouclé, ils seront champions. * Tweet * *