100 universités du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord ont participé à un programme de benchmarking lancé par la Banque mondiale en 2010. Photo de famille des représentants des universités en compagnie du ministre de l'Enseignement supérieur Lahcen Daoudi. «Les universités subissent plus que jamais une pression importante. Elles doivent s'adapter rapidement à un environnement qui évolue constamment. », déclare Adriana Jaramillo, spécialiste en éducation à la Banque mondiale et responsable du programme de gouvernance universitaire et d'assurance qualité de la même institution. La Banque mondiale a développé depuis 2010 un programme de benchmarking des institutions d'enseignement supérieur dans la région de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient. En collaboration avec le Centre pour l'Intégration Méditerranéenne (CMI) à Marseille, la Banque Mondiale a développé la UGSC (University Governance Screening Card, littéralement carte de dépistage de la gouvernance universitaire). A ce jour, 100 universités à travers la région ont participé à ce programme. Les universités effectuent d'abord une auto-évaluation à travers un questionnaire de 45 axes dont les résultats sont par la suite comparés à l'étude sur terrain faite par la Banque Mondiale. Cinq axes de la gouvernance sont étudiés : le contexte, l'orientation managériale, l'autonomie, la responsabilisation et la participation. « La dynamique qui s'opèrent entre ces cinq axes est également évaluée », indique Adriana Jaramillo. Le bilan de ce programme est présenté hier et aujourd'hui à Rabat dans le cadre d'une conférence organisée par la Banque mondiale, le British Council, le CMI et l'Organisation islamique pour l'éducation, les sciences et la culture (ISESCO). A l'issue de cette rencontre, le programme prévoit la mise en place d'un réseau universitaire visant à améliorer le service éducatif à travers un travail d'échange à l'échelle internationale. Une approche nouvelle « Le benchmarking est un processus actif et inclusif de comparaison », explique Alan Ruby, professeur à l'Ecole Supérieure de l'Education à l'Université de Pennsylvanie. « Il est actif du fait que les universités participent directement à leur auto-évaluation, et il est inclusif puisque toutes les composantes de la communauté universitaire, que ce soit les enseignants, les étudiants et les employés, sont impliqués ». Deux principaux types de benchmarking existent : le benchmarking compétitif qui compare des universités similaires, et le benchmarking générique qui est une approche plus transversale puisqu'il compare des éléments de gouvernance spécifiques dans un grand nombre d'institutions. Alan Ruby explique le contexte dans lequel le benchmarking de l'éducation supérieur a été développé durant les trente dernières années. « Tout d'abord, les universités ont dû faire face à un défi d'efficacité économique puisqu'elles ont été amenées à améliorer leur productivité dans un contexte où leurs moyens économiques ont été réduits. Le deuxième facteur est l'introduction de la compétitivité au système éducatif. Les universités ont dû par conséquent utiliser les mêmes outils concurrentiels utilisés par les entreprises. L'introduction du benchmarking au monde universitaire s'explique également par la volonté d'auto-amélioration des universités qui est facilitée par la comparaison aux autres institutions. » L'avantage du benchmarking est le développement d'une culture d'amélioration de la qualité, en plus d'être intrinsèquement un processus intensif et systématique. « De part sa nature scientifique et rationnelle, le benchmarking permet la planification stratégique, l'innovation, et la prévision », ajoute Ruby. Toutefois, le benchmarking subit certaines critiques, par rapport notamment à son coût et au fait qu'il s'agit d'une méthode habituellement utilisée dans le monde des entreprises. Lors de l'ouverture de la conférence, le ministre de l'Enseignement supérieur Lahcen Daoudi a insisté sur la relativité de la qualité. « Lorsque l'on aborde le thème de l'amélioration de la qualité de l'enseignement, la définition même de la qualité diffère d'un contexte à l'autre. » L'avantage du benchmarking réside en effet dans sa capacité à bénéficier aux institutions en fonction de leurs besoins spécifiques. Il est important de différencier entre le benchmarking et les classements. De nombreux classements d'universités à travers le monde existent aujourd'hui mais leur objectif diffère de celui du benchmarking. « Les classements sont simplificateurs et leur but est sensationnel. A l'opposé, le benchmarking est plus complexe et vise à améliorer les institutions par elles-mêmes, plutôt que d'atteindre un meilleur classement uniquement », explique Alan Ruby. * Tweet * * VN:F [1.9.21_1169] please wait… Rating: 0.0/10 (0 votes cast) VN:F [1.9.21_1169] Rating: 0 (from 0 votes)