Il est présent dans nos appareils électroniques, ampoules de basse consommation, produits cosmétiques et matières plastiques. On l'utilise même pour nos soins dentaires, en sous-évaluant peut-être les risques. Il, c'est le mercure. Un produit toxique aux effets néfastes pour l'environnement et la santé. Le Programme des Nations unies pour l'Environnement étrenne les multiples dangers du produit à travers une étude intitulée « Evaluation du mercure en 2013 ». Le rapport révèle que les populations des pays en développement sont plus exposées au mercure. La chute de la demande mondiale observée ces dernières années contraste avec l'éventuelle augmentation des émissions en Afrique, en Asie, et en Amérique du Sud. Cette hausse devrait être plus prononcée en Asie, le premier émetteur de mercure dans le monde. L'orpaillage, première source de pollution À en croire le PNUE, le taux de mercure a été stable durant les vingt dernières années. Il n'empêche, le danger est toujours patent. Aujourd'hui, les émissions totales de mercure dans le monde oscillent entre 1 010 et 4 070 tonnes. En 2010, moins de 2 000 tonnes de mercure étaient générées par l'activité humaine. Avec des émissions annuelles estimées à 727 tonnes, soit 35 % des émissions mondiales, l'orpaillage – extraction de l'or dans les rivières – reste la principale source de prolifération du mercure. S'en suit la combustion du charbon avec 475 tonnes par an, soit l'équivalent de 24 % des émissions mondiales. Les rejets de mercure dans la nature peuvent entraîner la dégradation de l'environnement notamment la pollution des sols. Autre aspect pointé du doigt par l'étude, les rejets de mercure dans les mers, lacs et rivières. À titre illustratif, 260 tonnes de mercures sont actuellement présentes dans nos lacs et rivières. « Ainsi, au cours des 100 premières années, à cause des émissions liées à l'activité humaine, la quantité de mercure présente dans les 100 premiers mètres des océans de la planète a doublé. Dans les eaux les plus profondes, la concentration de mercure a augmenté de plus de 25 % », indique le PNUE. Le plus grave, c'est que ces produits peuvent contaminer les poissons, et générer des risques sanitaires néfastes pour l'organisme. Vers la mise en place d'un traité contraignant « Le mercure sous toutes ses formes reste un défi mondial, régional et national important en terme de menace pour la santé humaine et l'environnement. (...) La toxicité et la dangerosité du mercure sont connues depuis des siècles, mais nous disposons aujourd'hui de technologies et de procédés alternatifs qui permettent de réduire les risques liés au mercure pour des dizaines de millions de personnes, parmi lesquelles des femmes enceintes et leurs bébés (...) », déclare Achim Steiner directeur exécutif du PNUE. Face à ces risques, des mesures idoines s'imposent. Les dirigeants de la planète semblent jauger l'ampleur des menaces. Depuis 2009, la PNUE a établi cinq rounds de négociation avec plusieurs Etats. La rencontre intergouvernementale qui s'est tenue du 13 au 19 janvier dernier à Genève a été l'ultime étape de ce cycle de pourparlers. À l'issue des travaux, 140 Etats ont adopté une convention qui prévoit la mise en place d'un traité contre la pollution du mercure en octobre 2013, au Japon. «L'orpaillage artisanal et à petite échelle représente un enjeu majeur dans la démarche de réduction des émissions de mercure. Tout en tenant compte des répercussions sur le développement national, nous devons maintenant définir des objectifs nationaux chiffrés de réduction de ces rejets. Il faut également œuvrer à la formalisation de ce secteur, qui n'est que très peu réglementé. Cela permettra à la fois de réduire les risques sanitaires liés au mercure et de renforcer les droits des travailleurs dans le cadre du droit du travail », a fait savoir Fernando Lugrus, président du Comité de négociation intergouvernemental.