Fouad Abdelmoumni, Aboubakr Jamaï et Hicham Jerando... le crime, décidément, se décline sous bien des formes    Selon l'"Atlantic Council", le Conseil de sécurité inaugure avec son vote sur le Sahara ce que l'on peut qualifier de «Marche verte diplomatique»    Santé, éducation, emploi : Akhannouch met en avant les avancées et promet d'aller plus loin    Les clés cachées des élections 2025-2026 : une analyse des erreurs de perception des médias européens et des réalités politiques américaines    Boualem Sansal défie les injonctions algériennes et dévoile les ultimes pressions exercées avant sa libération    L'Espagne désire une gouvernance accrue et digitalisée de Schengen, quarante ans après sa mise en œuvre    Casablanca: les perspectives de la médecine dentaire au centre au 25ème congrès de l'ADIRC    Amine Tehraoui réorganise l'accueil hospitalier et impose une remise à niveau immédiate sur le plan territorial    Grande polémique en France à cause de Shein    Mondial U17 : Bellaarouch élu homme du match face aux États-Unis    Le dirham s'apprécie de 0,2% face au dollar américain du 6 au 12 novembre    Le Roi Mohammed VI souhaite la liberté et la sécurité au peuple palestinien    Les températures attendues ce samedi 15 novembre 2025    Le temps qu'il fera ce samedi 15 novembre 2025    Le MOGA Festival sacré "Meilleur Événement International" aux Heavent Paris Awards 2025    Bensaid en visite dans plusieurs structures culturelles à Tétouan    Culture & gaming : un nouveau pacte pour moderniser les musées marocains    Les Victoires de la Musique guinéenne reviennent pour célébrer la créativité nationale    FRMR : Le Maroc va créer son équipe nationale féminine de rugby    Maroc – Espagne : Vers plus d'intégration des chaînes de valeur agroalimentaires (AMDIE)    Des associations de la Guardia civil en colère suite à la décoration d'Abdelatif Hammouchi par l'Espagne    Sahara : pourquoi la dernière résolution de l'ONU pourrait tout changer entre le Maroc et l'Algérie?    Industrie d'armement : 10 projets internationaux lancés au Maroc    Santé : L'OMS déclare le Maroc comme «pays maîtrisant l'hépatite B»    Morocco is set to establish its own national women's rugby team    Fútbol: Anass Salah-Eddine disfruta de su primer entrenamiento con los Leones del Atlas    Una primera serie de televisión filipina filmada en Marruecos    France : Marion Maréchal relaxée de diffamation contre une école musulmane    La défense marocaine atteint 73 milliards de dirhams en 2026 et déploie dix projets en exécution pour 260 millions de dollars    Mondial U17 : le Maroc renverse les États-Unis et se qualifie en 8es    FIFA : Le Maroc abrite le deuxième tour de la Coupe des champions féminine    Une première série télévisée philippine tournée au Maroc    Grotte de Bizmoun : Des outils vieux de 150 000 ans et une faune éteinte    OPCVM : les 790 MMDH qui réinventent le financement de l'économie    Forum international sur le socialisme à la chinoise : regards croisés sur les changements inédits    La Chambre des représentants adopte à la majorité le PLF 2026    Tourisme : L'ONMT attire le congrès annuel des agents de voyage néerlandais au Maroc    Terminal Ouest de Nador West Med : La co-entreprise entre Marsa Maroc et CMA Terminals notifiée au Conseil de la concurrence    Marché obligataire: Tendance baissière des taux    Mondial U17: « La haute intensité dans le jeu est la clé pour s'imposer face aux Etats-Unis »    Entrepreneuriat sportif: GIZ Maroc et Tibu Africa lancent le programme « Diaspora Sport Impact »    Info en images. La CAF lance ce samedi la phase finale de vente des billets    Le Grand Stade de Tanger, une infrastructure sportive conforme aux normes FIFA 2030    Bourse de Casablanca : ouverture en hausse    Non, le Shin Bet israélien n'a pas exprimé «des réserves sécuritaires» sur la reprise des vols avec le Maroc    Le Maroc parmi les 10 destinations touristiques "incontournables" pour 2026    Le directeur du renseignement français : « Le Maroc est un partenaire indispensable dans la lutte contre le terrorisme »..    Le Centre Culturel Chinois de Rabat organise l'événement « TEA FOR HARMONY – Yaji Cultural Salon »...    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Minna Sif et son Massalia Blues
Publié dans Le Soir Echos le 28 - 01 - 2013

C'est une étrange vocation que la littérature. Il ne suffit pas de se croire appelé pour être entendu, c'est-à-dire, en l'occurrence, lu. Et le lecteur conserve toute liberté de récuser ce qu'il lit.
Ce préambule marque l'embarras ressenti en lisant, seize ans après Méchamment berbère (Ramsay, 1997, J'ai lu 2000) le nouveau roman de Minna Sif Massalia Blues (Alma éditeur, 2013). J'avais été tout à fait charmé par le brio de la fille d'un « membre respecté de l'Amicale des travailleurs marocains, maçon bénévole pour l'aménagement de la mosquée de la rue Camille-Pelletan. » Mina Sif, née en Corse en 1965 « au milieu des châtaignes et des figatelli » collectionnait « des souvenirs tendres de mamies à poils durs du menton, qui nous habillaient amoureusement de robes de dentelles moisies d'amidon vieilli, avant de nous promener fièrement de voisines en voisines ».
Massalia Blues est donc le retour en librairie de Minna Sif. Un retour (marseillais en diable, et qui nous mène longuement au Maroc) à ce besoin évoqué dans l'autoportrait fermant le volume: « L'écriture m'a sauvé la vie à plusieurs reprises. » Et de rappeler une expérience déjà évoquée dans Méchamment berbère, celle d'avoir été, enfant, « le traducteur, l'interprète et le lecteur de ses parents ».
Les petits faits vrais et les émotions ravageuses qui traversaient le premier roman de Minna Sif, on les retrouve accommodés à la sauce picaresque dans Massalia Blues avec foison d'épisodes misérabilistes affublés des cotillons de l'exaltation et des lampions de l'exagération. C'est la manière de raconter qui apparait boursoufflée à force d'adjectifs qui finissent par ressembler à des envahisseurs tout à fait importuns. Animatrice d'ateliers d'écriture, Minna Sif force le ton pour nous épater. Mais trop, c'est trop ! Les rires sont-ils condamnés à être tonitruants ? Les suppliques larmoyantes ? Les chats faméliques ? Les doigts fébriles ? Les quantités effarantes ? Le fatras hétéroclite ? Les expressions toutes faites en viennent à déparer les trouvailles. C'est tout l'étrange de l'affaire : un roman où des vies tuméfiées sont censément peintes au scalpel mais les couleurs dégoulinent de partout. L'émotion ne parvient pas à faire son chemin. Brahim, « clandestin [qui] refuse de demander des papiers à la préfecture » serait, nous assure-t-on « clochard céleste, conteur roublard ». Le hic, avec la roublardise, c'est qu'elle à besoin de dupes. Des récits qui se veulent truculents, Minna Sif en déversent sur nous. Ils ont cependant quelque chose d'outré, de forcé plus que de forcené. Cela finit par lasser sans créer jamais d'empathie. L'excès se nourrit de l'excès, dans une fresque qui se veut furieuse. Brahim se raconte et il raconte les siens demeurés au pays. Nous apprenons tout de lui, jusqu'aux conditions de sa naissance. Il raconte la détresse des uns, les comportements oiseux des autres dans une prolifération d'abus et de tourments sur fond d'ignorance, de lâcheté et d'outrances. Ces récits nous sont sans doute distillés à partir de faits plus ou moins vraisemblables. Mais il ne suffit pas de témoigner de comportements outranciers pour que le lecteur soit pris aux tripes. On ne croit pas à ce Brahim qui documente sa fable hénaurme. Et on n'y croit pas, parce que la rouerie de l'auteur ne se dissimule jamais, charriant des effets de style en veux-tu en voilà, et qui, souvent, ratent leur cible. Mais Minna Sif est vraiment un écrivain puisqu'à défaut d'aimer Massalia Blues, à défaut de voir et de croire ce qu'elle entend nous montrer, il passe dans son livre au-delà de ses préciosités racoleuses, un souffle puisé dans une authentique passion pour l'écriture. Autant elle peut émouvoir, même si elle en fait trop, virant à la caricaturiste, lorsqu'elle évoque les chibanis, autant elle donne l'impression de tirer à la ligne lorsqu'elle narre des comportements rocambolesques, des crapuleries ou des misères sans nom. Qui la romancière va-t-elle convaincre en écrivant : « On mariait certaines vieilles filles qui le voulaient bien à des prétendants aveugles, les globes grouillant de moucheront bleutés » ? Ce « qui le voulaient bien » est d'anthologie ! Les lecteurs qui le voudront bien trouveront à Massalia Blues de la verve et de l'énergie. Cette verve et cette énergie, j'espère que Minna Sif en modèrera les roucoulades et retrouvera, une prochaine fois, le ton sincère qui faisait aimer son roman Méchamment berbère. On mesure bien tout le travail qu'a réclamé Massalia Blues. Que Minna Sif travaille donc moins, la prochaine fois, et qu'elle laisse revenir vers nous l'enfant qu'elle fut, avec des mots et des maux plus simples, des songeries et des contes sans surcharge..


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.