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Minna Sif et son Massalia Blues
Publié dans Le Soir Echos le 28 - 01 - 2013

C'est une étrange vocation que la littérature. Il ne suffit pas de se croire appelé pour être entendu, c'est-à-dire, en l'occurrence, lu. Et le lecteur conserve toute liberté de récuser ce qu'il lit.
Ce préambule marque l'embarras ressenti en lisant, seize ans après Méchamment berbère (Ramsay, 1997, J'ai lu 2000) le nouveau roman de Minna Sif Massalia Blues (Alma éditeur, 2013). J'avais été tout à fait charmé par le brio de la fille d'un « membre respecté de l'Amicale des travailleurs marocains, maçon bénévole pour l'aménagement de la mosquée de la rue Camille-Pelletan. » Mina Sif, née en Corse en 1965 « au milieu des châtaignes et des figatelli » collectionnait « des souvenirs tendres de mamies à poils durs du menton, qui nous habillaient amoureusement de robes de dentelles moisies d'amidon vieilli, avant de nous promener fièrement de voisines en voisines ».
Massalia Blues est donc le retour en librairie de Minna Sif. Un retour (marseillais en diable, et qui nous mène longuement au Maroc) à ce besoin évoqué dans l'autoportrait fermant le volume: « L'écriture m'a sauvé la vie à plusieurs reprises. » Et de rappeler une expérience déjà évoquée dans Méchamment berbère, celle d'avoir été, enfant, « le traducteur, l'interprète et le lecteur de ses parents ».
Les petits faits vrais et les émotions ravageuses qui traversaient le premier roman de Minna Sif, on les retrouve accommodés à la sauce picaresque dans Massalia Blues avec foison d'épisodes misérabilistes affublés des cotillons de l'exaltation et des lampions de l'exagération. C'est la manière de raconter qui apparait boursoufflée à force d'adjectifs qui finissent par ressembler à des envahisseurs tout à fait importuns. Animatrice d'ateliers d'écriture, Minna Sif force le ton pour nous épater. Mais trop, c'est trop ! Les rires sont-ils condamnés à être tonitruants ? Les suppliques larmoyantes ? Les chats faméliques ? Les doigts fébriles ? Les quantités effarantes ? Le fatras hétéroclite ? Les expressions toutes faites en viennent à déparer les trouvailles. C'est tout l'étrange de l'affaire : un roman où des vies tuméfiées sont censément peintes au scalpel mais les couleurs dégoulinent de partout. L'émotion ne parvient pas à faire son chemin. Brahim, « clandestin [qui] refuse de demander des papiers à la préfecture » serait, nous assure-t-on « clochard céleste, conteur roublard ». Le hic, avec la roublardise, c'est qu'elle à besoin de dupes. Des récits qui se veulent truculents, Minna Sif en déversent sur nous. Ils ont cependant quelque chose d'outré, de forcé plus que de forcené. Cela finit par lasser sans créer jamais d'empathie. L'excès se nourrit de l'excès, dans une fresque qui se veut furieuse. Brahim se raconte et il raconte les siens demeurés au pays. Nous apprenons tout de lui, jusqu'aux conditions de sa naissance. Il raconte la détresse des uns, les comportements oiseux des autres dans une prolifération d'abus et de tourments sur fond d'ignorance, de lâcheté et d'outrances. Ces récits nous sont sans doute distillés à partir de faits plus ou moins vraisemblables. Mais il ne suffit pas de témoigner de comportements outranciers pour que le lecteur soit pris aux tripes. On ne croit pas à ce Brahim qui documente sa fable hénaurme. Et on n'y croit pas, parce que la rouerie de l'auteur ne se dissimule jamais, charriant des effets de style en veux-tu en voilà, et qui, souvent, ratent leur cible. Mais Minna Sif est vraiment un écrivain puisqu'à défaut d'aimer Massalia Blues, à défaut de voir et de croire ce qu'elle entend nous montrer, il passe dans son livre au-delà de ses préciosités racoleuses, un souffle puisé dans une authentique passion pour l'écriture. Autant elle peut émouvoir, même si elle en fait trop, virant à la caricaturiste, lorsqu'elle évoque les chibanis, autant elle donne l'impression de tirer à la ligne lorsqu'elle narre des comportements rocambolesques, des crapuleries ou des misères sans nom. Qui la romancière va-t-elle convaincre en écrivant : « On mariait certaines vieilles filles qui le voulaient bien à des prétendants aveugles, les globes grouillant de moucheront bleutés » ? Ce « qui le voulaient bien » est d'anthologie ! Les lecteurs qui le voudront bien trouveront à Massalia Blues de la verve et de l'énergie. Cette verve et cette énergie, j'espère que Minna Sif en modèrera les roucoulades et retrouvera, une prochaine fois, le ton sincère qui faisait aimer son roman Méchamment berbère. On mesure bien tout le travail qu'a réclamé Massalia Blues. Que Minna Sif travaille donc moins, la prochaine fois, et qu'elle laisse revenir vers nous l'enfant qu'elle fut, avec des mots et des maux plus simples, des songeries et des contes sans surcharge..


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