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Khaïr-Eddine n'est pas mort, preuve par « L'enterrement et autres proses brèves »
Publié dans Le Soir Echos le 30 - 05 - 2010

Abdellatif Abboubi réussit enfin à présenter au lecteur un ensemble de textes de Mohammed Khaïr-Eddine qui mérite attention et considération : « L'enterrement et autres proses brèves (1963-1994) » (Ed. Art & Arts / William Blake and Co. Edit., décembre 2009, 145 pages, textes réunis et présentés par Abdellatif Abboubi). Déjà en 2007, deux autres recueils d'articles de notre poète avaient vu le jour (Les pierres qui chantent (chroniques 83-84) et Périple saharien, Ed. Racines). Cependant c'était, à mon avis, une tentative moins heureuse aussi bien par la teneur des textes choisis que par le travail éditorial accompli (ou non accompli !). Passons.
Le recueil qui vient de sortir, placé sous le signe de la mort, a l'avantage de présenter une palette de textes étalés sur la trentaine d'années qui ont constitué la carrière de l'auteur.
En effet, la mort est obsessionnellement présente et étrangement frappante dans les textes de Khaïr-Eddine. Justement, le livre s'ouvre sur une nouvelle intitulée « L'Enterrement » (publiée en 1963 dans une revue française) qui a valu à l'auteur le Prix de la Nouvelle Maghrébine. Le dernier texte de ce florilège est la nouvelle intitulée « Le Testament d'un moribond » qui a été publiée pour la première fois dans la revue « Esprit » peu de temps après le décès de Khaïr-Eddine en novembre 1995. Etrange position : une vie littéraire encadrée par la mort.
Entre ces deux limites, nous retrouvons, à travers les 25 textes que compte le recueil, une représentativité de tout l'univers khaïr-eddinien.
Le Sud, lieu de l'enfance du poète, est encore à l'honneur avec « ses légendes et ses mythes, ses traditions immémoriales, ses croyances magico-religieuses, ses soleils éclatants, ses montagnes abruptes de granit rose, ses hautes roches dénudées, ses torrents impétueux, ses hommes rudes, sa faunes de reptiles et d'insectes venimeux, sa flore d'épineux… » énumère Abboubi.
Le Paris qu'aimait tant Khaïr-Eddine est aussi évoqué dans toute sa splendeur et sa misère. Un Paris où « l'air était suave et presque voluptueux ; les hivers rudes mais poétiques » (p.74). Cette Ville-Lumière, l'auteur l'apostrophait avec lucidité : « Ô Paris, tu es la vraie patrie du poète errant, mais aussi son tombeau » (p.75).
Des souvenirs d'enfance et de la période de l'exil jouxtent les méditations philosophiques et l'observation désabusée du quotidien. Questions de langue, de littérature et de culture sont abordées comme si l'auteur observait la scène de nos jours. Il y a 34 ans, c'est-à-dire à une génération révolue, Khaïr-Eddine écrivait ceci : « Le langage parlé maghrébin (je ne dis pas le langage rural, mais le langage citadin) c'est l'arabe dialectal qui n'a rien à voir avec l'arabe littéraire. Tant qu'il sera ainsi, il n'y aura pas de véritable littérature populaire au Maghreb. Cette situation est intimement liée à l'évolution politique, à la libération ou à l'écrasement des peuples maghrébins » (p.23-24). Le propos demeure d'une brûlante actualité ! Il en est de même de la plupart des ces interrogations qui jalonnent le recueil au sujet des « hommes, ces êtres faibles, durs et roublards » (p.47).
Un excellent inédit, portant le titre « Les Haschichins », fait penser à ces moments forts de la production khaïr-eddinienne. C'est un coup de gueule, bien stylisé, où le protagoniste fustige les injustices en mêlant passé et présent, rêve et réalité, collectif et individu… Son ire se déchaîne et le protagoniste tire à boulets rouges sur tout ce qui bouge. Assis à table, « au lieu des stylos [il] ne voyait que des revolvers » (p.43). Certaines silhouettes-cibles sont bien reconnaissables.
Derrière cette résurrection de certaines fleurs sauvages de Khaïr-Eddine, à côté d'Abdellatif Abboubi, se tient Jean-Paul Michel, poète, éditeur et ami de Khaïr-Eddine depuis les années 60. Cet éditeur, fin connaisseur de l'œuvre de notre poète, était aussi récemment derrière l'entrée glorieuse de Khaïr-Eddine à la prestigieuse collection « Poésie / Gallimard » qui vient de rééditer « Soleil arachnide » initialement publié chez Le Seuil en 1969.
« L'enterrement et autres proses brèves » se ferme sur la nouvelle prémonitoire « Testament d'un moribond » qui s'ouvre sur ce bouleversant propos : « Quoi donc ! je ne suis pas encore tout à fait mort ». En effet Mohammed, de jour en jour, tu t'éloignes de la mort.


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