Révélé en exclusivité par le Temps, le différend Abehsera-Boufettas est passé à la vitesse supérieure. Alors que des manœuvres informelles ont été menées par des émissaires de haut rang dont un ancien Premier ministre et un ancien wali afin de trouver un terrain d'entente entre les deux ex-associés de Lancellotti, c'est sur le terrain judiciaire que le différend a le plus avancé. En effet, la défense de David Abehsera, qui pour rappel poursuit les Boufettas en paiement d'un montant de 15 MDH- a décidé d'intensifier la pression judiciaire en activant l'ensemble des procédures en cours. Patrimoine personnel visé Sur le plan commercial, David Abehsera a demandé l'exécution des deux injonctions en paiement prononcées par le Tribunal de commerce de Casablanca en date du 19 août 2010 et dont le montant global est justement de 15 MDH. Sur le plan civil, la défense de l'homme d'affaires a également demandé l'annulation de la transaction de cession des 50% des parts de David Abehsera dans le capital de Lancellotti. Une action au fond a été introduite à cet effet. L'audience est fixée au 11 octobre 2010. Sur le plan pénal, la plainte également déposée est en cours d'instruction par le Parquet. Enfin, dans un rebondissement judiciaire spectaculaire, quatre demandes d'extension de liquidation ont été demandées au Tribunal de Commerce de Casablanca. Autrement dit, face au défaut de paiement des sociétés sur lesquelles ont été tirées les traites impayées, la défense de David Abehsera cible désormais le patrimoine personnel des Boufettas. Dans ce contexte, les prochains jours seront décisifs. La communauté des affaires est en tout cas sous le choc après les révélations du Temps de la semaine dernière. En effet, que ce soit David Abehsera ou les Boufettas, la qualité et la position des deux parties en conflit laissent dubitatifs les observateurs. «Les Boufettas sont riches et David Abehsera est un ponte du textile au Maroc qui avait fait fortune dans la bonneterie. En plus, ce sont des associés de longue date, presque 45 ans… Franchement, en arriver aux tribunaux pour 15 millions de dirhams… On se pose vraiment des questions» confie un banquier d'affaires bien informé. Avant de n'être plus que l'ombre d'elle-même, Lancellotti a été le fleuron du textile marocain durant plusieurs années. Aujourd'hui, l'usine n'a d'intérêt que son foncier qui vaut de l'or. C'est peut-être même le cœur de la bataille actuelle. Pour rappel, les Boufettas et David Abehsera ont été associés à égalité dans Lancellotti. En 2005, ils décident de se séparer. Un accord est signé aux termes duquel les Boufettas rachetaient les parts d'Abehsera pour un montant de 21 MDH dont 6 payés par chèques et 15 payés en traites. Le litige a commencé quand les traites sont revenues impayées. En plus de ce litige, les Boufettas devront également être au devant de l'actualité judiciaire avec la relance du procès qui les oppose au notaire Mohamed Hajri, condamné à 8 ans de prison dans le cadre de l'affaire Oudghiri. L'appel interjeté par le notaire est fixé au 13 octobre. L'automne s'annonce chaud. A.Z.