La récente ratification par le Maroc du Traité de haute mer (BBNJ, pour Biodiversity Beyond National Jurisdiction) marque un tournant majeur dans la gouvernance internationale des océans et pourrait transformer la gestion environnementale du détroit de Gibraltar, l'un des couloirs maritimes les plus stratégiques du globe, selon le quotidien Europa Sur. Adopté sous l'égide de l'Organisation des Nations unies (ONU), le traité sur la biodiversité biologique marine dans les zones situées au-delà de la juridiction nationale établit un cadre juridique mondial pour la protection des écosystèmes en eaux internationales. Il entrera en vigueur le 17 janvier 2026, après avoir atteint le seuil de soixante ratifications, le Maroc ayant été l'Etat qui permit d'atteindre cette limite historique avant la Sierra Leone, Saint-Vincent-et-les-Grenadines et le Sri Lanka. Bien que le détroit de Gibraltar ne fasse pas partie des eaux internationales — ses rives étant partagées entre les juridictions marocaine et espagnole —, ses écosystèmes demeurent intimement liés aux grands courants océaniques que ce traité ambitionne de préserver. Selon Europa Sur, l'adhésion marocaine ouvre la voie à une coopération transfrontalière accrue et à une gestion plus rigoureuse des milieux marins communs, notamment par des contrôles renforcés du trafic maritime, des infrastructures côtières et des activités de prospection susceptibles d'altérer la biodiversité. Le BBNJ, fruit de longues négociations multilatérales, vise à préserver 30 % des océans de la planète d'ici 2030 dans le cadre du programme international 30×30. Il instaure de nouvelles obligations : toutes les activités en haute mer devront désormais faire l'objet d'évaluations environnementales approfondies, tandis que seront prohibés les rejets polluants et les pratiques d'exploration à risque. L'Espagne, principal artisan du texte au sein de l'Union européenne et premier pays du bloc à l'avoir ratifié, avait formalisé son adhésion en février au siège de l'ONU à New York. Par cette ratification, le Maroc devient un acteur clé du nouvel ordre juridique des mers, confirmant la portée stratégique du détroit de Gibraltar au cœur des enjeux planétaires liés à la biodiversité marine.