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Grande interview avec Charles Fries, ambassadeur de France au Maroc
Publié dans L'observateur du Maroc le 11 - 04 - 2013

« Il y a un potentiel énorme de développement des partenariats franco-marocains ».
D'année en année, la France perd des points dans ses relations économiques avec le Maroc. Que pourrait faire ce partenaire historique du Royaume pour se rattraper ? Réponses de l'ambassadeur français à Rabat.
L'Observateur du Maroc. Comment se portent aujourd'hui, selon vous, les relations économiques entre le Maroc et la France ?
Charles Fries. Nous avons un partenariat d'exception entre la France et le Maroc qui correspond aux liens très forts qui existent entre nos deux pays d'un point de vue politique, humain et économique. D'ailleurs sur ce dernier volet, la France demeure le premier partenaire économique et commercial du Maroc. Si l'Espagne est passé devant nous en 2012, le volume total des échanges reste plus élevé pour la France (8 milliards d'euros) que pour l'Espagne (7,2 milliards d'euros). La France est aussi le premier investisseur étranger au Maroc avec plus de la moitié du stock des IDE. Ce sont ainsi 750 filiales françaises qui travaillent actuellement au Maroc à l'origine de la création de quelque 120.000 emplois. Nous sommes également le premier bailleur de fonds bilatéral au Maroc et le premier pourvoyeur de touristes. Nos entreprises participent aujourd'hui aux grands projets structurants du Maroc, à l'instar du TGV, des Tramways de Casablanca et Rabat...et nous participons aussi aux grands plans sectoriels notamment le plan Emergence industrielle, le plan Maroc vert, Halieutis...Toutefois, nos positions sont loin d'être acquises. La concurrence est de plus en plus rude et nos parts de marché ont diminué de moitié entre la fin des années 90 où nous représentions 25% du marché et aujourd'hui où nous ne sommes plus qu'à 12,5%. Nos compétiteurs sont de plus en plus nombreux. La Chine, les pays du Golfe, la Turquie... De nouveaux concurrents qui viennent s'ajouter à ceux dits traditionnels. Donc, si nous voulons rester le premier partenaire économique du Maroc nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers. Il faut savoir s'adapter à un Maroc en pleine mutation et savoir innover.
La visite du président François Hollande au Maroc pourrait-elle apporter du nouveau ?
Nous partons d'une position plutôt confortable pour ouvrir de nouveaux chantiers en particulier dans le domaine économique. D'ailleurs c'est l'objectif de la visite du président de la république, François Hollande, les 3 et 4 Avril prochains. Le champ doit s'amplifier et se diversifier. Le partenariat d'exception entre les deux pays est aussi un partenariat d'avenir sur le plan économique et nos entreprises sont plus que jamais mobilisées pour répondre aux attentes et aux besoins du Royaume.
Quelles sont, selon vous, les nouvelles autoroutes de croissance entre le Maroc et la France ?
Je propose deux grandes orientations dans ce sens. D'abord, la France doit mieux se positionner sur de nouveaux secteurs stratégiques pour le Maroc. Je mets ici l'accent sur 3 secteurs. Le premier, le développement des villes. Cela recouvre le transport urbain où nous voulons nous appuyer sur les expériences en cours avec les trams de Casablanca et Rabat pour nous lancer dans de nouveaux chantiers tels que le métro aérien de Casablanca, auquel la France souhaite être associé, ou encore les projets de bus à haut niveau de service à Casablanca et Agadir. Cela recouvre aussi le développement des villes vertes. Nous avons des champions mondiaux en matière de développement urbain, d'habitat, d'efficacité énergétique, de l'assainissement... Et nous sommes mobilisés et très intéressés par les projets pilotés par la CDG avec l'éco-cité de Zenata et par l'OCP avec la ville verte de Benguerir. Or, dans ces deux domaines (transport et eco-cités), il est clair que nous avons aussi besoin d'un cadre législatif et réglementaire transparent et sécurisé en matière de partenariat public -Privé (PPP) afin d'attirer de grands investisseurs. Le Deuxième grand secteur, c'est l'agroalimentaire. C'est l'un des domaines d'excellence de la France. Nous devons ainsi sensibiliser les entreprises françaises notamment les PME, à l'intérêt d'exporter ou d'investir au Maroc en s'appuyant sur les opportunités d'exportation permises par l'accord agricole euro-marocain, entré en vigueur en octobre 2012. C'est un domaine très prometteur pour notre collaboration comme le témoigne les investissements récents de Sofiprotéol dans Lesieur-Cristal ou encore de Danone dans Centrale Laitière. Enfin, les énergies renouvelables constituent aussi un secteur qui nous intéresse. Si les entreprises françaises sont déjà présentes dans l'éolien, nous voulons nous impliquer davantage dans le plan solaire marocain et nous portons ainsi beaucoup d'espoir dans les prochains appels d'offres lancés sur la deuxième tranche de la centrale solaire de Ouarzazate. Deuxième grande orientation, la France doit aider à promouvoir davantage les partenariats entre les entreprises françaises et marocaines à travers divers types d'actions pour encourager l'arrivée davantage de PME au Maroc, et c'est là le rôle de la CFCIM. Des dizaines de PME se sont déjà installées dans le Royaume en 2012 et nous comptons en ramener encore plus en 2013. Il faut aussi donner davantage de substance et de concret au concept de co-localisation industrielle pour optimiser la chaine de valeur industrielle et examiner par exemple s'il n'y a pas d'opportunités offertes par les 3 nouveaux métiers mondiaux annoncés en février dernier lors des Assises de l'industrie. Je pense aussi qu'il faut faire venir plus d'investisseurs marocains en France. Au-delà des centres d'appels, il y a de réelles opportunités dans d'autres secteurs en particulier en électronique et en informatique. Il faut aussi mettre l'accent sur le rôle de la France en matière de formation professionnelle et apporter, via l'Agence française de développement, une aide en la matière pour la création des instituts de formation dans des secteurs comme les énergies renouvelables et les métiers du ferroviaire en lien avec le futur TGV. Il y a un potentiel énorme de développement des partenariats franco-marocains et ces orientations montrent combien nous pouvons encore travailler ensemble.
Comment le Maroc peut-il être une plateforme pour le développement de l'économie française en Afrique ?
Je pense qu'il faut favoriser les projets communs des entreprises marocaines et françaises en Afrique en s'appuyant sur la stratégie d'expansion des grandes banques et des grandes entités publiques marocaines. L'objectif est d'encourager les entreprises françaises à se développer en Afrique via leurs partenaires marocains ou à utiliser le Maroc comme plateforme régionale pour le développement de leurs activités en Afrique subsaharienne, comme c'est déjà le cas avec Sanofi, Air Liquide, Alstom, Thalès... Des secteurs importants sont concernés par cette nouvelle frontière africaine dans notre partenariat économique bilatéral. Je pense en particulier au tourisme, à l'agro-industrie, aux services, aux infrastructures (avec la logistique et le BTP). Concrètement, le groupe AFD souhaite accompagner le groupe d'Attijariwafa Bank dans son appui aux entreprises implantées au Maroc qui veulent se déployer en Afrique subsaharienne.
Quels sont, d'après vous, les facteurs qui entravent l'investissement des entreprises françaises au Maroc ?
Nous soutenons l'effort du gouvernement pour améliorer l'environnement des affaires, c'est un sujet qui préoccupe d'abord, les investisseurs marocains, mais également les étrangers dont les Français. Il est clair que tout ce qui peut permettre d'améliorer le fonctionnement de la justice, d'accéder plus facilement au foncier à moindre coût, de réduire les délais de paiement qui pénalisent beaucoup d'investisseurs français, de simplifier les procédures administratives et bureaucratiques ne sera que positif d'abord, pour le Maroc, mais aussi pour les investisseurs étrangers qui ont confiance dans le potentiel économique de ce pays.
Paru dans le n°210 de L'Observateur du Maroc


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