À travers 66 sessions thématiques, plus de 980 startups participantes, et des représentants de 53 pays, l'événement entend poser les fondations d'une révolution scientifique ancrée dans les réalités africaines. « Nous nous réunissons aujourd'hui avec la conviction partagée que l'avenir doit être façonné avec intention, et que la technologie doit être mise au service d'un objectif », a lancé Hicham Habti, président de l'UM6P, en ouverture du sommet. S'exprimant devant un auditoire aussi dense qu'international, il a rappelé que ce rendez-vous n'était pas qu'un forum de discussions, mais une véritable déclaration d'intention. « Nous définissons la deep tech non pas comme une mode, mais comme une innovation à fort impact, où les percées scientifiques sont mobilisées pour résoudre les défis les plus urgents de l'humanité », a-t-il insisté. Sous le thème « Redéfinir le progrès : Comment l'intelligence artificielle transforme l'innovation DeepTech », cette deuxième édition du DTS prend une nouvelle dimension. De 2 000 participants en 2024, l'événement est passé à plus de 7 000 inscrits cette année avec 55 % des participants venant de l'étranger. Un bond qui illustre la montée en puissance de l'initiative, et la centralité croissante de l'UM6P comme carrefour de la recherche appliquée, de l'entrepreneuriat scientifique et de la diplomatie technologique. L'Afrique au centre de la disruption Pour Yassine Laghzioui, directeur général de UM6P Ventures, ce sommet ne se limite pas à célébrer les technologies émergentes, mais questionne les finalités du progrès lui-même. « Le progrès, n'est-ce pas repenser la dignité humaine ? Améliorer les conditions de vie ? Favoriser une croissance économique inclusive ? », interroge-t-il. Selon lui, l'IA ne peut définir seule ce qu'est le progrès : « Seuls nos objectifs, nos valeurs, et nos ambitions le peuvent. » Mais il reconnaît aussi que l'IA représente un tournant radical. « L'IA devient quelque chose de plus grand. Parfois, je la définis comme l'innovation de l'innovation, une disruption de la disruption elle-même. » Une dynamique qui, pour l'Afrique, peut se traduire par une opportunité inédite de saut technologique. « Nous pouvons défier le cours de l'histoire. Utiliser nos propres données, mobiliser nos talents, et construire un futur à la hauteur de nos aspirations. » Une plateforme pour bâtir, connecter, accélérer Depuis 2020, l'UM6P mise clairement sur l'entrepreneuriat comme levier de transformation. En 2024, plus de 2 000 porteurs de projets y ont été accompagnés, avec plus de 60 millions de dollars levés pour les 40 startups les plus performantes. « Le talent a besoin d'écosystèmes. La vision a besoin de plateformes. C'est ce que nous construisons ici à l'UM6P, et ce que ce sommet illustre parfaitement », a souligné Hicham Habti. Pour lui, la deep tech est le socle d'un avenir « plus résilient, inclusif et intelligent » – une ambition qui se traduit aussi par l'institution du DTS Prize, qui récompensera des startups mobilisant les technologies avancées pour des causes essentielles, de la santé à l'énergie verte. Vers une souveraineté technologique Durant les deux jours du sommet, les participants exploreront les transformations induites par l'IA dans des domaines aussi variés que l'agritech, la healthtech, la cybersécurité, l'éducation ou encore le quantum computing, technologie émergente à fort potentiel disruptif. En Afrique, le calcul quantique pourrait, à terme, répondre à des enjeux stratégiques de souveraineté numérique et de valorisation des ressources locales. Selon Hicham Habti, l'intelligence artificielle n'est plus un simple outil d'optimisation, mais une technologie « à usage général qui appelle à une responsabilité tout aussi générale. Elle redéfinit les modèles industriels, restructure les chaînes de valeur et réinvente les biens publics ». Transformer une vision en mouvement Ce qui frappe dans cette deuxième édition du DTS, c'est la convergence entre science, industrie et société. Un esprit collectif, résolument tourné vers l'impact. « L'Afrique n'est pas seulement prête à franchir un cap, mais aussi à prendre les devants », a rappelé Habti. Et dans ce processus, l'UM6P se veut catalyseur. Pour Yassine Laghzoui, l'enjeu dépasse largement la technologie : « L'Afrique peut, grâce à l'IA, se positionner sur la scène mondiale. Mais cela suppose un effort collectif, une mobilisation de la diaspora, une vision à long terme. » Le message du Deep Tech Summit 2025 est donc clair : dans un monde en mutation rapide, l'Afrique ne doit pas rattraper son retard. Elle doit inventer ses propres chemins d'avenir.