Dans un environnement économique mondial dominé par l'incertitude et les tensions géopolitiques, le Maroc continue de faire figure d'exception. La Banque mondiale, dans sa mise à jour des Perspectives économiques mondiales publiée le 11 juin, maintient ses prévisions de croissance pour le Royaume à 3,6 % en 2025 et 3,5 % en 2026, malgré une révision à la baisse pour la majorité des pays. À l'échelle mondiale, la croissance est attendue à seulement 2,3 % l'an prochain, soit l'un des niveaux les plus bas depuis les années 1960, hors périodes de récession. Ce maintien des prévisions pour le Maroc, en dépit d'un ajustement négatif de 0,3 point par rapport à janvier, traduit une résilience économique saluée par l'institution de Bretton Woods. Le pays bénéficie notamment d'une dynamique retrouvée dans les secteurs industriels, des infrastructures et de la construction, appuyée par une demande intérieure qui se renforce graduellement. À l'échelle régionale, la croissance du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA) devrait s'élever à 2,7 % en 2025, après une maigre performance de 1,9 % cette année. Elle atteindrait 4,1 % en 2027, à condition que les tensions commerciales ne s'aggravent pas davantage. La Banque mondiale estime d'ailleurs que « l'augmentation des barrières commerciales » pèse déjà fortement sur les perspectives régionales. Le commerce mondial, autre moteur essentiel de l'économie marocaine, subit également un net ralentissement : sa croissance reste bloquée sous les 3 %, contre près de 5 % dans les années 2000. Ce tassement pèse sur les exportations et les chaînes logistiques globales, affectant la dynamique des pays orientés vers l'extérieur. Dans ce contexte morose, la Banque mondiale appelle à des réformes profondes pour relancer les économies vulnérables : davantage de partenariats régionaux, une diversification des sources de croissance, et surtout un climat commercial mondial plus coopératif. À défaut, avertit-elle, de nombreux pays pourraient s'engager durablement sur une trajectoire de croissance molle, voire de stagnation structurelle. Le Maroc, quant à lui, semble vouloir éviter ce piège. Mais sa trajectoire dépendra, à moyen terme, de sa capacité à poursuivre ses investissements productifs, à consolider ses équilibres macroéconomiques et à intégrer davantage les chaînes de valeur internationales dans un contexte commercial incertain.