Le cinéma marocain sera dignement représenté cette année au prestigieux Festival International du Film du Caire (CIFF). Goundafa, premier long métrage du réalisateur Ali Benjelloun, a été sélectionné dans la section "Horizons of Arab Cinema", consacrée aux nouvelles voix du monde arabe. Un honneur qui marque l'entrée d'un jeune cinéaste au regard affirmé et profondément ancré dans son héritage culturel. Une fable amazighe face à l'extrémisme Dans un village niché au cœur de l'Atlas, la musique rythme la vie des habitants, les chants des femmes accompagnent le travail des champs, et les jeunes rêvent de devenir musiciens. Mais l'arrivée d'un imam conservateur vient bouleverser cet équilibre fragile. Il interdit le chant, la danse, les masques et toutes formes d'expression artistique, poussant le village à renier son identité amazighe. Entre résistance et silence imposé, Goundafa raconte comment la solidarité, l'amour et la culture deviennent des armes de rébellion. À travers ce récit, Ali Benjelloun signe une œuvre profondément humaniste, où le combat pour la liberté culturelle rejoint celui de la femme amazighe, gardienne d'une mémoire collective. Le film, produit par Hassan Benjelloun pour Bentaqerla Productions, s'appuie sur une distribution marocaine solide : Fatima Attif, Farouk Aznabet, Karima Gouit, Zahia Ez-Zahery et Abdellatif Atif, pour ne citer qu'eux. Le regard d'un cinéaste en devenir Fils du réalisateur et producteur Hassan Benjelloun, Ali a grandi sur les plateaux de tournage de Casablanca. Après un Master en image en France, il a signé plusieurs courts métrages remarqués avant de se lancer dans l'aventure de son premier long. De Parcours de réfugiés (documentaire) à Les Âmes vagabondes, son parcours témoigne d'une maturité visuelle et d'un engagement constant pour les récits enracinés dans la mémoire et l'identité marocaine. Avec Goundafa, il livre un manifeste contre l'obscurantisme et une ode à la lumière des traditions. La sélection de Goundafa dans la section Horizons of Arab Cinema témoigne du rayonnement du cinéma marocain et de la vitalité de ses nouvelles voix. À travers cette reconnaissance, le film s'inscrit dans la continuité d'un mouvement créatif qui interroge les fractures du monde arabe tout en célébrant la diversité de ses cultures. Pour Ali Benjelloun, c'est le début d'un parcours international prometteur : « Ce film est né d'une colère, mais aussi d'un amour. L'amour d'un peuple, de ses chants et de sa liberté. »