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Génie hydraulique : Perforer les barrages, une prouesse réussie haut la main
Publié dans L'opinion le 27 - 09 - 2022

Depuis juillet 2022, les villes de Fès et de Meknès reçoivent un appoint d'alimentation en eau potable directement du barrage Idriss 1er. Zoom sur une prouesse technique peu commune.
Perforer l'édifice d'un barrage en exploitation n'est jamais une bonne idée, sauf quand le besoin l'impose et que les moyens et les capacités de le faire sont disponibles. Si ce genre de réalisations de haut-vol est rare au niveau international, la prouesse a été concrétisée au Maroc, à deux reprises.
À l'origine de ces deux chantiers menés avec succès au niveau des barrages Idriss 1er et Al Massira, le besoin grandissant en volumes d'eau potable dans les régions de Marrakech-Benguerir et de Fès-Meknès. Avec la chute des niveaux des nappes phréatiques dans ces territoires, il a été logique de se tourner vers deux grands barrages afin de les raccorder au réseau de traitement et de distribution d'eau potable. C'est là où intervient la nécessité d'effectuer des perforations dans ces grandes structures hydrauliques : un défi compliqué au vu des risques d'endommager les édifices, voire de causer des catastrophes de grande ampleur si l'approche technique n'est pas suffisamment robuste et sécurisée.
De l'eau pour Fès et Meknès
Bon nombre de citoyens ne s'en sont pas rendu compte, mais les villes de Fès et de Meknès ont commencé cet été à recevoir un appoint d'alimentation en eau potable directement du barrage Idriss 1er. Ce résultat a été rendu possible suite à l'achèvement des travaux titanesques de raccordement du barrage. Pour cela, les maîtres d'ouvrage ont d'abord dû choisir la technique à mettre en oeuvre avant de construire une station de traitement en aval puis de la raccorder à des conduits qui acheminent l'eau sur plus de 100 km à raison de 2000 litres par seconde.
« Après une analyse technico-économique pour chacune des variantes (...), les coûts d'investissement ont permis de privilégier la solution de perforer par un passage cylindrique dans le corps du barrage. La solution retenue a fait l'objet d'une étude de faisabilité afin de démontrer que la stabilité globale du contrefort du barrage n'est aucunement affectée par la perforation et ne génère pas de fissuration/dépassement de contraintes admissibles au pourtour du percement », souligne un document de l'ONEE.
Expérience modèle
À quelques centaines de kilomètres, plus au Sud, la même prouesse a été réalisée au niveau du barrage Al Massira. « Le chantier d'Al Massira, qui est pour sa part achevé et opérationnel depuis l'année dernière, a servi de modèle pour répliquer la même expérience au niveau du barrage Idriss 1er. Ainsi, bien avant Fès et Meknès, les villes de Benguerir, Skhour Rhamna et Marrakech ont été raccordées au barrage Al Massira et reçoivent avec ce moyen un débit de 5m3 par seconde d'eau potable », explique Kamal Hassan, chef d'aménagement de la perforation des barrages Al Massira et Idriss 1er (affilié au Département de l'Eau), ajoutant que le projet Phosphates Benguerir a également bénéficié par ce moyen d'un apport industriel en eau (2m3/s). Avec l'accumulation de l'expérience acquise durant la perforation du barrage Al Massira, les travaux réalisés au niveau du barrage Idriss 1er ont pu se faire plus facilement et avec moins de coûts et de retard.
Une prouesse technique
« Nous avons pu économiser près de 100 millions de dirhams, grâce à une meilleure maîtrise des niveaux de sécurité qu'il fallait mettre en place et des problématiques de fuites post-perforation », ajoute la même source. À noter que le projet de raccordement du barrage d'Al Massira a pu se faire grâce à un appui financier de la Banque Africaine de Développement.
Le projet de raccordement du barrage Idriss 1er a pour sa part été partiellement financé par l'ONEE (travaux de perforation) et l'Agence japonaise de coopération internationale (JICA). «Il s'agit d'interventions d'ordre stratégique qui intéressent beaucoup de pays, surtout que les savoir-faire techniques nécessaires pour leur réalisation sont très rares. Grâce à ces deux projets menés avec succès, les ingénieurs marocains se distinguent actuellement au niveau international. Cela permet déjà à notre pays de faire valoir ces nouvelles compétences dans des chantiers similaires au niveau international et continental », conclut Kamal Hassan.
Oussama ABAOUSS
Repères
Barrage Al Massira
Le raccordement du barrage Al Massira au réseau d'eau potable a été financé par la Banque Africaine de Développement qui a investi un total de 150 millions d'euros, dont 24 millions pour les travaux de perforation. Ce chantier s'inscrit dans le cadre d'un programme de renforcement de l'accès à l'eau potable de la ville de Marrakech. Actuellement, le raccordement du barrage permet d'obtenir un débit de 7 m3 par seconde. À noter que le barrage Al Massira dispose de la deuxième plus grande retenue au niveau national.

Barrage Idriss 1er
Les travaux de perforation du barrage Idriss premier au réseau d'eau potable ont été financés par le budget de l'Office National de l'Electricité et de l'Eau potable à raison de 140 millions de dirhams, soit près de 100 millions de dirhams en moins par rapport au barrage Al Massira. La réalisation d'une station de traitement et la pose des conduits pour acheminer l'eau potable vers les villes de Meknès et de Fès ont pour leur part été financées grâce à un prêt de l'Agence japonaise de coopération internationale (JICA).
L'info...Graphie
Ingénierie
Un casse-tête technique inédit dans le continent africain

À Idriss 1er comme à Al Massira, les travaux de perforation du barrage et de raccordement des conduits ont été longs et extrêmement complexes au vu des risques liés au fait que les deux barrages sont restés opérationnels tout au long de la mise en oeuvre du projet. La phase la plus délicate des opérations a consisté à extraire un noyau central de près de cent tonnes tout en garantissant des conditions optimales de sécurité et d'étanchéité.
Ainsi, pendant plusieurs mois, des experts marocains et internationaux et des dizaines d'ingénieurs, de plongeurs et de techniciens se sont succédé pour relever ce défi colossal. Cette étape a nécessité également des travaux sous-marins pour dégager un important volume étanche. L'autre défi de taille a consisté à réaliser un conduit d'un diamètre de 2,5 mètres et d'une profondeur de dix mètres dans la paroi en béton du barrage.
En plus d'être une première au niveau national, la perforation réussie de barrages puis leur raccordement au réseau d'eau potable sont également une première au niveau du continent africain.

Restauration hydrique
Des eaux usées traitées pour recharger les nappes phréatiques

En plus des raccordements directs des grands barrages aux réseaux d'eau potable, l'autre innovation technique que le ministère de l'Equipement et de l'Eau est actuellement en cours de prospecter est la recharge artificielle des nappes phréatiques grâce à des eaux usées recyclées. « Nous devons trouver les moyens de réalimenter les nappes phréatiques. Que ce soit pendant les périodes d'abondance pluviométrique ou en prospectant les possibilités de recharge à l'aide d'eaux usées épurées », avait annoncé en novembre dernier M. Nizar Baraka, ministre de l'Equipement et de l'Eau.
Actuellement, de plus en plus de pays prospectent les possibilités d'utiliser les eaux usées traitées dans la recharge artificielle des nappes phréatiques. « Ces pratiques de « recyclage » peuvent s'appliquer par infiltration directe dans l'aquifère (cas de l'Australie par exemple) ou infiltration indirecte avec un passage par le sol.
Appliquée dans certains pays (essentiellement autour du Bassin méditerranéen, en Australie et aux Etats-Unis), la réutilisation d'eau traitée n'est actuellement pas autorisée en France pour des finalités de recharge artificielle des aquifères, sauf en cas d'arrêté préfectoral spécifique », écrit Nathalie Dorfliger, directrice eau et environnement au BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) dans un article au quotidien « Libération ».
À noter que ce type de dispositif doit être bien contrôlé afin de maîtriser les risques sanitaires liés à la présence de différents contaminants dans les eaux de recharge.

3 questions à Kamal Hassan
«Aucun accident technique ou humain n'a été enregistré»

Chef d'aménagement de la perforation des barrages Al Massira et Idriss 1er, affilié au ministère de l'Equipement et de l'Eau, Kamal Hassan répond à nos questions.
- La problématique d'envasement a-t-elle compliqué la mise en oeuvre technique du projet de perforation du barrage Idriss 1er ?
- Oui, la réalisation de la prise d'eau a dû être revue et réétudiée à cause de l'envasement de la zone des travaux. La côte de perforation a par ailleurs dû être rehaussée de 3 mètres. Cela dit, l'envasement des barrages du Royaume fait que plusieurs prises usinières sont vouées à être envasées, d'où la nécessité de dupliquer des opérations similaires qui donneront une nouvelle vie à ces barrages envasés.
- Contrairement à ce qui avait été prévu, le chantier d'Al Massira a abouti avant celui d'Idriss premier. Pourquoi ?
- En effet, la première perforation au niveau national avait été prévue au niveau d'Idriss 1er. L'attribution du marché du barrage Idriss 1er a cependant pris plus de temps que prévu puisque nous avons eu deux appels d'offres qui n'ont pas été fructueux. Cela explique le fait que le projet d'Al Massira ait finalement pris de l'avance. En revanche, la troisième tentative d'attribution du marché du projet Idriss 1er nous a permis de contracter une entreprise marocaine. Cela a constitué une excellente opportunité pour les ingénieurs marocains de s'impliquer directement dans ce genre de projet et d'acquérir une expérience technique de haut niveau.
- La réalisation du projet par des ingénieurs marocains a-t-elle pu se faire sans dégâts ?
- Comme le projet réalisé à Al Massira, celui mis en oeuvre à Idriss 1era été un succès total. Aucun accident technique ou humain n'a été enregistré. Avec la réalisation de deux opérations de perforation de grands barrages en béton à contreforts en exploitation, nous avons pu maîtriser cette technique et même l'améliorer en baissant le temps de réalisation et le coût.
Recueilis par O. A.


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