Maroc–Gambie : Bourita et Njie renforcent la coopération bilatérale à Rabat    Désarmement : Rabat accueille jeudi la Conférence ministérielle africaine    La chute du dernier masque : le régime militaire algérien vote là où son peuple ne voulait pas    Chlorure de potassium : le ministre de la Santé réfute tout conflit d'intérêts devant le Parlement    Communes : l'Intérieur serre la vis face aux ingérences des élus    Conseil de la concurrence : la baisse des prix du carburant, plus rapide que celle des coûts    SGTM : Les objectifs de l'introduction en bourse expliqués par Hamza Kabbaj    Migration de la richesse mondiale : le Maroc parmi les rares gagnants africains    Nouveaux programmes de développement territorial: les entreprises et coopératives face à un nouveau paysage d'opportunités stratégiques    Agroalimentaire : un groupe espagnol majeur mise sur le Maroc pour son expansion internationale    Sortie de Sanae Takaichi sur Taiwan : mépris de textes ou provocation    Paris accueillera officiellement la proclamation de l'indépendance de la Kabylie le 14 décembre 2025    Soudan : l'ONU alerte sur une crise humanitaire à son paroxysme à El Fasher    Syrie : la visite de Netanyahu dans la zone tampon complique la normalisation souhaitée par Washington    Achraf Hakimi sacré Ballon d'Or africain    CAF Awards : L'équipe marocaine U20 sacrée meilleure équipe masculine de l'année    Classement FIFA: Le Maroc reprend la 11e place mondiale    OM : Benatia cible Belahyane, Rennes également dans la course    CAF Awards : Bubista élu meilleur entraîneur de l'année    Santé : Le ministère assure l'évacuation urgente d'un nouveau-né par avion médicalisé    Kénitra : Le Parquet dément un prétendu mariage par la Fatiha d'une mineure    Hammouchi préside la cérémonie d'excellence annuelle de la Sûreté nationale    La Fondation Mohammed VI célèbre les lauréats du 6è Prix de l'Enseignant(e)    Be Magazine : Rabat se fait une place méritée dans les grandes tendances du voyage    Festival International du Film de Marrakech: le jury de la 22e édition dévoilé    Marrakech : l'UCA inaugure l'exposition « L'Afrique aux origines de la vie »    « L'Afrique aux origines de la vie » : Marrakech ouvre une fenêtre interactive sur nos origines    Education financière. L'ACAPS et la Banque de France unissent leurs forces    La BAD investit pour booster l'agriculture en Angola    Inégalités spatiales : le CNDH explore les pistes d'un rééquilibrage territorial    A Washington, le Prince héritier d'Arabie Saoudite annonce 1.000 milliards de dollars d'investissements aux Etats-Unis    PAM: Pas moins de 318 millions de personnes pourraient être confrontées à une crise alimentaire en 2026    Mafia : Le Maroc arrête le chef du clan d'Aprilia, activement recherché par l'Italie    Regragui after 4–0 win : «We must arrive at AFCON as a united group»    Températures prévues pour jeudi 20 novembre 2025    Qualifs CDM 26 : Mardi décisif en Europe    L'ambassadrice de Chine en visite à la Commune de Marrakech pour explorer les perspectives de coopération    Tomates marocaines : l'Irlande devient un marché émergent avec des importations en forte hausse    Marrakech Film Festival 2025 jury unites global cinema icons    Mélita Toscan du Plantier : Le FIFM soutient «l'émergence de nouvelles écritures autour du cinéma» [Interview]    FIFM 2025 : un jury cosmopolite et intergénérationnel    L'ambassadrice de Chine visite le Centre de langue chinoise "Mandarin" à Marrakech    Pressée par Trump, l'Algérie lâche les Palestiniens à l'ONU    Presionada por Trump, Argelia abandona a los palestinos en la ONU    18 Novembre : La date des dates!    Morocco shines with silver and bronze at Islamic Solidarity Games in Riyadh    L'artisanat marocain s'expose à Séville pour renforcer les liens culturels avec l'Andalousie    Ayoub Gretaa retenu dans la sélection des "Révélations masculines César 2026"    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Interview avec Sara Faqir, éditrice : « L'arabe classique et l'arabe dialectal peuvent coexister sans menace mutuelle »
Publié dans L'opinion le 29 - 10 - 2024

Etant enfant déjà, Sara Faqir rêvait d'ouvrir un jour un café-librairie. Grâce à la ténacité et l'abnégation, l'ambition a fini par la rattraper en fondant la maison d'édition « Dar Lilei » où elle crée ses propres livres, au service des parents de la diaspora.
* Vous êtes une jeune maman de deux enfants, issue de la diaspora, et vous avez fondé une maison d'édition pour la jeunesse, baptisée « Dar Lilei ». Dites-nous comment êtes-vous devenue éditrice ?
Je suis née et j'ai grandi à Marrakech, jusqu'à mes 18 ans, avant de m'envoler pour Paris où j'ai intégré une classe préparatoire puis une Ecole de commerce. J'ai, par la suite, travaillé pendant une quinzaine d'années en Conseil et en Finance.
Mon parcours initial ne me destinait donc en rien à fonder une maison d'édition, si ce n'est qu'enfant déjà, j'aimais être entourée de livres et que je rêvais d'ouvrir un jour un café-librairie. Et comme on le dit si bien, nos rêves nous poursuivent et finissent toujours par nous rattraper. C'est précisément ce qui s'est passé à la naissance de mon enfant aîné alors que je vivais à Chypre et que je traversais un deuil, celui de ma propre mère. Je me sentais alors isolée, en mal du pays, et je ressentais un besoin profond de me reconnecter à mes racines marocaines. J'ai alors commencé à parler à mon fils en Darija, à lui chanter des berceuses populaires marocaines et à solliciter ma famille pour recueillir des contes anciens afin de les lui transmettre. Ce qui avait commencé comme une démarche purement personnelle a pris ensuite une dimension toute particulière lorsque nous nous sommes installés à Londres, tout juste avant le confinement. Sans possibilité de rentrer au Maroc, pendant près d'un an, le désir de transmettre ma langue maternelle et mon héritage culturel était devenu viscéral.
Malheureusement, je ne trouvais pas de ressources de qualité. C'est ainsi que l'idée de créer mes propres livres, pour ma famille mais également pour d'autres parents marocains dans le même cas que moi, a émergé.« Dar Lilei » est donc un projet fou, né d'un désir entêtant de transmission. En hommage à notre mère patrie, à notre Lingua mater.

* Sentez-vous la nécessité d'apprendre aux enfants de la diaspora le dialecte marocain ? Est-ce que le lectorat a soif d'en lire ?
Notre projet est encore jeune, mais il a touché le cœur de nombreuses familles de la diaspora qui sont émues de retrouver des ressources qui leur permettent de maintenir le lien avec leur culture d'origine et de transmettre leur langue maternelle à leurs enfants. Nous avons reçu de nombreux témoignages dans ce sens de parents, lesquels disaient être traversés par les mêmes questionnements, les mêmes introspections.
Les échanges que j'ai pu avoir avec ces familles m'ont permis de réaliser l'amour, l'attachement des Marocains de la diaspora à leur langue et à leur culture. Je me sens, en quelque sorte, investie aujourd'hui d'une mission un peu particulière et j'en suis fière.

* En littérature, les tentatives sont rares, à l'instar du roman « Le pain nu », où Mohammed Choukri utilise la Darija pour certains dialogues. C'était il y a presque 50 ans...
Oui, en effet, je reconnais que le débat Darija versus Fusha peut parfois être animé et polémique dans le paysage médiatique marocain. Pour ma part, je dirais simplement qu'il n'est pas nécessaire de choisir entre l'arabe classique et l'arabe dialectal, car les deux peuvent coexister sans se menacer mutuellement. Ma langue maternelle est la Darija et elle n'est en aucun cas moins noble que la Fusha.
Pour conclure, je citerai Nourredine Ayouch dont les mots, à ce sujet, me touchent particulièrement puisque je partage sa vision « Ce qui me relie au Maroc, à mon identité, c'est ma langue maternelle, qui est la Darija.
Cette langue si riche, variée et poétique. Elle exprime plus de choses que l'arabe classique car elle est la langue du quotidien qui permet d'accéder à la culture et de la transmettre même lorsque l'on est analphabète ».
Dar Lilei, une maison d'édition à part entière
Dar Lilei est une maison d'édition spécialisée dans les livres interactifs et les outils éducatifs en Darija. Les livres sont sonores et multilingues. La principale mission de la maison d'édition est de créer un lien entre les enfants marocains de la diaspora, leur langue et leur culture d'origine.
« A ce jour, nous avons publié « Klimaty », une première collection d'imagiers sonores: De jolis mots, des voix marocaines et des illustrations inspirées de scènes de la vie quotidienne marocaine. Notre objectif est d'éveiller l'intérêt et la curiosité des plus jeunes afin de stimuler l'ensemble de leur sens dans ce processus d'apprentissage. Nous sommes actuellement en pleine création de deux nouvelles collections, qui sont en phase de développement pour la partie illustration, design et enregistrement des voix. Ces séries paraîtront en janvier 2025 », nous confie Sara Faqir qui porte ce projet avec amour et enthousiasme.
L'aventure ne fait que commencer. A ce jour, plus de 250 livres sont vendus, principalement en France, en Belgique et en Angleterre. « Nous recevons régulièrement des demandes de parents vivant aux Etats-Unis, au Canada ou à Dubaï désireux d'acquérir nos livres. Nous sommes en discussion avec des distributeurs dans ces pays pour établir des partenariats permettant ainsi à la diaspora marocaine où qu'elle se trouve d'accéder à nos livres », explique Sara, qui espère embarquer un large public.
A ce jour, Dar Lilei publie ses propres ouvrages en autoédition. « Cependant, notre ambition pour l'avenir est d'élargir notre collection et d'offrir à tout auteur partageant notre ligne éditoriale - axée sur la transmission de la Darija, de la culture marocaine et des contes populaires marocains - la possibilité de nous rejoindre. Et nous espérons qu'ils seront nombreux à se rallier à cette initiative », lance-t-elle.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.