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Interview avec Sanae Akroud : « Mon film "Les Testaments" s'érige en hommage à la condition féminine »
Publié dans L'opinion le 11 - 02 - 2025

Dans une mise en scène, discrètement mâtinée d'engagement, l'actrice-réalisatrice Sanaa Akroud défend bec et ongles les droits des femmes au sein de l'institution familiale. Les éloges prêtés à son film : « Les Testaments » n'ont pas manqué de jeter les bases d'une compréhension plus poussée du débat sur la réforme du Code de la famille. Interview.
* Votre film "Les Testaments" s'immisce dans le contexte de la récente réforme de la Moudawana, en traitant des questions sociétales complexes, telles que la garde des enfants après un divorce et les mariages précoces. Qu'est-ce qui a éveillé en vous le désir de mettre en lumière ces réalités sociales au Maroc ?

Ce projet a vu le jour à la suite de la réalisation de mon film : « Myopia », qui traite des difficultés des femmes dans les villages reculés du Royaume. En enquêtant sur ce milieu rural, j'ai découvert un taux élevé de mariages de mineures, souvent suivis de divorces précoces. Ces jeunes filles se retrouvent isolées, stigmatisées et sans droits. Face à ce constat, j'ai décidé de créer un personnage féminin radicalement différent de ceux que j'ai rencontrés : une femme éduquée et indépendante, qui se rebelle contre le patriarcat et trouve la force de dénoncer son silence.
Un autre aspect de cette réalité est le contrôle exclusif de l'homme sur les documents administratifs relatifs aux enfants, alors que la femme, malgré son rôle indispensable dans leur vie, est privée de toute autorité légale. En s'appuyant sur des histoires fictives ancrées dans la réalité, ce projet cherche à révéler les abus de pouvoir utilisés par certains hommes pour empêcher les femmes d'accéder à la garde de leurs enfants, tout en dénonçant les structures légales qui limitent les droits des femmes et renforcent leur exclusion.

* La réalisation du film a-t-elle eu lieu après la révision du Code de la famille ?

C'est vraiment une coïncidence, car la préparation de ce film a commencé cinq ans avant la révision de la Moudawana. Mon objectif a toujours été de réaliser ce film pour soutenir et défendre les droits des femmes, en partant de mon entourage jusqu'à la société en général. Il se trouve que ce projet s'inscrit aussi dans la dynamique des actions menées par le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, qui lutte activement pour l'arrêt des mariages des mineurs, et je me joins à lui dans cette cause. Je tiens également à saluer les activistes qui, jour après jour, combattent les injustices sociales et participent au changement. Mon film fait écho à plusieurs mouvements qui cherchent à résoudre l'inégalité des genres. Achevé à un moment clé de la réforme, il s'intègre donc naturellement dans les débats sur la révision de la Moudawana, en soulignant que les droits des femmes sont essentiels non seulement pour elles-mêmes, mais aussi pour l'équilibre de la famille, et par conséquent, pour les hommes aussi. Ce projet est ma contribution à cette révolution sociale, mettant en lumière l'importance de l'autonomisation économique des femmes, de leur dignité et de leur indépendance. À travers tous mes projets, vous découvrirez que la condition féminine est au cœur de ma démarche, et je m'engage à continuer à œuvrer pour cette cause.

* Dans votre double rôle de réalisatrice et d'actrice, comment parvenez-vous à équilibrer votre vision créative tout en incarnant le personnage de Daouia, une mère divorcée qui lutte pour son autonomie ?

J'ai réalisé ce projet de A à Z, en investissant mes propres économies, avec l'aide modeste du Centre Cinématographique Marocain et de quelques autres institutions. Ce n'était pas facile, mais c'était un rêve qui m'animait depuis longtemps, et ce personnage m'est profondément cher. J'ai donc pris l'initiative de l'imaginer, de le créer, et de façonner son histoire pour en faire une vision qui m'est intime.
L'équipe avec laquelle j'ai travaillé, composée de personnes que je connais depuis des années, a été essentielle. Le rythme du film, je le portais en moi, et chaque mouvement, dans la mise en scène comme chez les acteurs, venait naturellement. Dans mon cheminement artistique, j'ai porté plusieurs casquettes, tout en laissant libre cours à ma créativité.

* Où avez-vous puisé pour créer ce personnage principal ?

C'est un portrait imaginé, mais il raconte l'histoire de toutes ces jeunes filles que j'ai croisées, des femmes divorcées qui portent en elles un fardeau invisible, celles que je vois errer, épuisées, d'un tribunal à l'autre, sous la lourde pression d'une réalité implacable. C'est le reflet de toutes ces femmes autour de moi, qui se sentent perdues dans un monde façonné par des règles patriarcales, ces femmes qui, même dans les moments les plus cruciaux, n'ont pas le droit de signer pour leurs enfants sans l'accord du père. Je rêvais que cela cesse.

* Le film met en lumière les fissures dans la législation marocaine concernant les Droits des femmes. En tant que femme, avez-vous été confrontée à des situations qui témoignent de ces inégalités légales ?

J'ai moi aussi traversé une période de douleur et de déchirement lorsque j'ai demandé le divorce, car il y avait une grande ingratitude dans ma vie conjugale. La réalité s'est avérée bien plus cruelle que ce que j'avais pu dépeindre dans le film. Cependant, de mon côté, mon mari n'a pas opposé de résistance pour les démarches administratives, cherchant à protéger nos enfants.
Par contre, j'ai été témoin de femmes qui ont subi des humiliations après leur divorce, notamment celles ayant des enfants, et c'est profondément accablant. Concernant les mariages des mineurs, ces jeunes filles se voient violées dans leurs corps et leurs rêves. Bien que je me sois sentie démunie, j'ai trouvé une façon de contribuer, non pas directement dans la réalité, mais en endossant, à travers le cinéma et les mots, le rôle d'avocate, afin de donner corps et voix à celles qui ne peuvent se faire entendre.

* Quelles ont été vos premières impressions à l'égard des propositions de réforme du Code de la famille ?

J'ai été satisfaite car ces propositions résolvent environ 80% des problèmes soulevés pour la réforme de la Moudawana. Elles traitent en majorité des problèmes récurrents dans les tribunaux, qui détruisent les vies des femmes et des familles.
Cependant, j'ai été déçue par le rejet de l'utilisation des tests ADN pour établir la filiation des enfants nés hors mariage. La responsabilité financière du père est acquise, mais certaines femmes indépendantes financent seules les besoins de leurs enfants et cherchent simplement à avoir une reconnaissance paternelle pour éviter que l'enfant soit stigmatisé. Il est important d'avoir une reconnaissance juridique, car les deux parents sont responsables du bien-être de l'enfant. Sur un point positif, la garde maternelle après un remariage et la protection de la maison après la mort du père sont des avancées significatives pour l'enfant. Tout changement en faveur des droits des femmes et des libertés individuelles est une victoire.

* En tant que réalisatrice, quelles ont été les scènes les plus difficiles à filmer, tant sur le plan émotionnel que technique, compte tenu des thèmes abordés ?

La plupart du temps, ce sont les techniciens qui ont été émotionnellement affectés, car certaines scènes de disputes étaient très intenses, presque réalistes. Pour moi, il était difficile de gérer à la fois les caméras et les émotions de toute l'équipe.
La scène où je parlais de l'indépendance financière des femmes au tribunal et saluais les efforts des femmes de la coopérative, qui se battaient pour leur dignité, était particulièrement marquante. Après le tournage, plusieurs femmes présentes sont venues me voir, m'ont enlacée et m'ont remerciée pour mon discours.
Car elles vivaient la même situation et aspiraient à travailler pour leur dignité, malgré leur illettrisme et l'absence de diplômes. Il est important de noter que ce projet est un film d'auteur qui participera à des festivals, et l'un des compromis était de montrer des tranches de vie réelles et cruelles pour laisser une empreinte durable.

* La fin de ce film avant-gardiste a laissé certains spectateurs perplexes, notamment en ce qui concerne l'absence de prononcé du jugement pour la garde de la fille de Daouia. Est-ce un choix délibéré de votre part pour illustrer l'inévitabilité de la situation, avant de souligner l'impact du Discours royal sur ce sujet ?

La fin du film a été délibérément laissée ouverte, car je voulais que le public ressente un malaise, un inconfort nécessaire pour réfléchir. Ce n'était pas à moi de donner une conclusion rassurante, mais plutôt de susciter la prise de conscience.
Mon intention était d'exposer les inégalités et déséquilibres qui affectent les femmes dans la société, et de participer au débat autour de la réforme de la Moudawana. Le film vise à ouvrir les yeux du public sur des réalités souvent ignorées, afin que chacun puisse comprendre la situation des femmes et s'engager dans cette réforme qui œuvrera pour le bien-être des familles marocaines.
Bien que les propositions de la Moudawana aient été révélées, un long chemin reste à parcourir. Avec ce film, je souhaite donner une voix aux femmes, souvent invisibles, et faire entendre leur cause. La volonté de criminaliser les mariages de mineures, portée par le ministre de la Justice, Abdellatif Wahbi, crée un espoir de changement.
La fin du film, symbolisée par la camionnette, présente trois enfants représentant des souffrances sociales : une fille confrontée à la garde partagée, une autre mariée mineure, et un garçon orphelin abandonné. La fin ouverte reflète l'incertitude qui entoure encore la réforme, mais lorsque celle-ci sera achevée, elle offrira un véritable happy ending, réaliste et porteur d'espoir.

* Quels projets avez-vous en préparation pour l'avenir ?

Je souhaite développer une fantaisie historique qui valorise le patrimoine marocain et me reconnecte à mes projets passés. J'ai aussi en tête un autre projet sur la maladie mentale, un sujet qui touche de nombreuses familles qui préfèrent le taire, mais j'attends encore de pouvoir les réaliser. Tout est déjà écrit, car j'ai la détermination de créer des scénarios et d'exprimer les choses comme je le ressens, même si cela dérange parfois, car, au moins, cela a le pouvoir de faire évoluer les mentalités.


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