Le programme HADES (High-Altitude Extended-Range Detection and Surveillance) de l'armée américaine, destiné à constituer une nouvelle génération d'appareils de surveillance électronique, entre dans une phase décisive tandis que plusieurs pays, dont le Maroc, se positionnent pour accéder à cette technologie par le biais de procédures de ventes militaires à l'étranger (FMS), selon Aviation Week. Une architecture aérienne inédite pour la surveillance stratégique Depuis cinq ans, l'armée américaine développe ce dispositif de renseignement à haute altitude selon une méthode qualifiée par le magazine spécialisé de «singulière et pragmatique». Plutôt que de définir des spécifications théoriques, le Pentagone a choisi de «faire voler des appareils détenus par des sous-traitants sur des missions réelles afin d'en dégager les exigences opérationnelles». Cette démarche a permis à l'armée de «recueillir des données concrètes dans des environnements complexes, avant même la mise en service des premiers prototypes». Ces appareils, installés sur des avions d'affaires à long rayon d'action, préfigurent une nouvelle génération de plateformes de renseignement capables de combiner écoute électronique, surveillance optique et interception de signaux radar à très longue distance. Le programme, désormais arrivé à maturité technologique, entre dans sa phase de pré-déploiement avec des missions d'essai grandeur nature. Selon Aviation Week, les premiers exemplaires opérationnels du HADES «effectueront prochainement des vols ISR (intelligence, surveillance, reconnaissance) réels afin d'affiner les procédures et de valider la performance du système». Le choix du système IVEWS et l'intérêt croissant du Maroc Dans le cadre de cette nouvelle étape, l'armée américaine a retenu le système de guerre électronique IVEWS (Integrated Viper Electronic Warfare Suite) conçu par Northrop Grumman pour équiper la flotte HADES. Ce dispositif de protection active est décrit par les ingénieurs du programme comme «une architecture modulaire capable de détecter, brouiller et contrer les menaces électromagnétiques émergentes». D'après les sources citées par Aviation Week, plusieurs dossiers de ventes militaires à l'étranger sont actuellement en cours de constitution. Parmi les Etats intéressés figure le Maroc, qui aurait exprimé «un vif souhait d'intégrer à terme des capacités analogues à celles du HADES au sein de son dispositif national de renseignement aérien». Cette perspective, encore à l'état de discussions préliminaires, témoigne de l'attention que Rabat porte à l'évolution des technologies de surveillance stratégique, notamment celles permettant la détection à longue portée et la maîtrise du spectre électromagnétique. Les analystes du secteur estiment que le HADES pourrait constituer, à moyen terme, «l'un des piliers du renseignement aéroporté occidental, à la jonction entre les capacités satellitaires et les missions tactiques de théâtre». Le Maroc, engagé dans une modernisation graduelle de ses moyens de surveillance et de reconnaissance, verrait dans ce programme une occasion d'accéder à un savoir-faire technologique rare, étroitement contrôlé par Washington.