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Rétro-Verso : Aïd el-Fitr entre exotisme colonial et résistance identitaire
Publié dans L'opinion le 26 - 03 - 2025

l fut un temps où Aïd el-Fitr était façonné entre exotisme colonial et affirmation identitaire marocaine. Retour à une époque aussi épique que flamboyante.
L'Aïd el-Fitr, marquant la fin du Ramadan, est une célébration majeure dans le monde musulman et occupe une place essentielle dans la culture marocaine. Durant la période coloniale, cette fête a fait l'objet de différentes représentations dans la presse, reflétant les enjeux politiques et culturels de l'époque. Alors que la presse coloniale française tendait à folkloriser et à orientaliser ces célébrations, la presse nationaliste marocaine en faisait un symbole de résistance culturelle et identitaire.

La presse française au Maroc, qu'elle soit officielle ou issue des milieux coloniaux, avait pour principal objectif de justifier la présence française et d'accentuer la mission civilisatrice du protectorat. Dans ce cadre, les célébrations de l'Aïd el-Fitr étaient souvent présentées sous un angle folklorique et pittoresque.

Un article paru dans Le Petit Marocain en 1935 décrit l'Aïd comme «une explosion de joie où les indigènes, vêtus de leurs plus beaux habits, s'adonnent aux plaisirs de la fête dans une atmosphère empreinte de traditions d'un autre temps». Ce type de discours visait à maintenir une image figée de la société marocaine, renforçant l'idée d'un pays en contraste avec la modernité apportée par la présence française.

Par ailleurs, la presse coloniale mettait en avant la participation des autorités françaises aux festivités. La Vigie marocaine relatait en 1947 la présence du Résident général du Maroc, le général Juin, aux cérémonies de l'Aïd aux côtés du Sultan Sidi Mohammed Ben Youssef. Cette couverture journalistique servait, pour sa part, à illustrer une cohabitation soi-disant harmonieuse entre le protectorat et les autorités marocaines, minimisant les tensions nationalistes montantes.

En opposition à cette vision, la presse nationaliste marocaine utilisait les célébrations de l'Aïd pour affirmer une identité culturelle forte et rappeler la spécificité du peuple marocain face à la domination coloniale. Des journaux comme Al Alam, organe du Parti de l'Istiqlal, insistaient sur l'importance de l'Aïd comme moment de rassemblement et de solidarité nationale.

Dans un numéro de La Voix du Maroc datant de 1951, un article décrit comment «les rues de Fès et de Marrakech s'animent d'une ferveur particulière, rappelant à tous que l'Islam est le ciment de l'unité marocaine, face aux tentatives d'effacement culturel imposées par le protectorat». La presse nationaliste présentait ainsi l'Aïd non seulement comme une fête religieuse, mais aussi comme un moyen de réaffirmer la continuité historique et spirituelle du Maroc indépendant.

Malgré la censure coloniale, certains journaux parvenaient à faire passer des messages implicites. Par exemple, en publiant des poèmes et des récits exaltant les traditions marocaines et la fierté nationale lors de l'Aïd, les écrivains résistaient subtilement à l'entreprise d'acculturation française.

L'analyse des représentations de l'Aïd el-Fitr dans la presse coloniale et marocaine révèle deux approches radicalement différentes. Alors que la presse française au Maroc tendait à folkloriser ces célébrations afin de légitimer le protectorat, la presse nationaliste en faisait un moment de réaffirmation identitaire et de résistance symbolique.

Cette dualité témoigne de l'importance des fêtes religieuses comme marqueurs de la culture et de l'identité d'un peuple, mais aussi de leur potentiel comme instruments politiques dans un contexte de domination coloniale. L'Aïd el-Fitr, au-delà de son caractère religieux, s'est ainsi transformé en un véritable enjeu de représentation et de lutte pour l'autodétermination du Maroc.

Ce phénomène dépasse le seul cas du Maroc : dans de nombreux contextes coloniaux, les fêtes traditionnelles ont servi de leviers pour la résistance ou, au contraire, pour asseoir une hégémonie culturelle. Les récits historiographies de ces représentations permettent donc de mieux comprendre les dynamiques de pouvoir à l'œuvre dans les sociétés sous domination et la manière dont les identités collectives se construisent et se défendent à travers le temps.
Historiographie : Quand la littérature s'en mêle...
La littérature française de l'époque coloniale offre des témoignages précieux sur le Ramadan et ses implications sociales. Par exemple, dans une chronique littéraire publiée dans "La Revue des questions coloniales et maritimes", Pierre Loti décrit, en 1920, avec une sensibilité touchante l'atmosphère du Ramadan à Fès : "Les nuits du mois sacré à Fès sont d'une beauté envoûtante. Les ruelles s'illuminent de lanternes, les parfums des épices envahissent l'air, et une ferveur mystique s'empare de la ville".
De même, dans "Marrakech, lumière d'exil" (1952), Joseph Kessel évoque les soirées ramadanesques : "À la tombée de la nuit, Marrakech s'éveille. Les places se remplissent de fidèles, les chants résonnent et une communion silencieuse unit tous les habitants".

Les orientalistes français ont largement documenté le Ramadan au Maroc, souvent avec un regard empreint d'exotisme. Leurs écrits mettaient en lumière la dévotion des Marocains, mais aussi les différences culturelles perçues. Par exemple, dans ses correspondances littéraires, Emile Mauchamp décrivait, il y a peu ou prou un siècle, les pratiques religieuses durant le Ramadan, soulignant la piété des habitants et l'impact du jeûne sur la vie quotidienne.

Cependant, ces descriptions étaient parfois teintées de clichés fantasmagoriques, reflétant les préjugés de l'époque coloniale. La presse française relayait également ces visions, oscillant entre admiration pour la ferveur religieuse et incompréhension face aux coutumes locales.

La cohabitation entre les populations musulmanes et européennes au Maroc pendant le Ramadan n'était pas exempte de tensions. Les ajustements nécessaires dans les administrations, les écoles et les entreprises pour s'adapter au rythme du jeûne pouvaient provoquer des frictions. Certains Européens, peu habitués à ces changements, exprimaient leur mécontentement face à la réduction des horaires de travail ou à la baisse de productivité.

Néanmoins, le mois sacré servait également de catalyseur pour le dialogue interculturel. Les autorités coloniales, conscientes de l'importance de cette période pour la population musulmane, tentaient d'adapter les politiques publiques pour respecter les sensibilités religieuses, favorisant ainsi une coexistence plus harmonieuse.

Le mois saint, en tant que période de profonde signification religieuse et sociale, a joué un rôle central dans la cohabitation entre les communautés musulmanes et européennes au Maroc durant le Protectorat. Il a servi de miroir reflétant les dynamiques complexes de l'interaction coloniale, oscillant entre fascination, incompréhension, adaptation et enrichissement mutuel. Les témoignages littéraires, les observations orientalistes et les récits de l'époque offrent une fenêtre sur cette époque où le sacré et le profane se mêlaient, façonnant une société marocaine riche de ses diversités et de ses échanges culturels.
Traditions : Le Ramadan, ce fait social total
Le mois de Ramadan et Aïd el Fitr ont joué un rôle central dans la société marocaine, notamment durant le Protectorat français (1912-1956). Cette période a influencé les relations entre les communautés musulmanes et européennes, façonnant une cohabitation unique marquée par des adaptations mutuelles, des incompréhensions et des moments de partage culturel.

Le Ramadan est bien plus qu'une simple observance religieuse au Maroc. Il constitue un "fait social total" qui restructure l'ensemble de la société durant un mois. Les activités quotidiennes sont réorganisées pour s'adapter au jeûne diurne et aux veillées nocturnes. Les horaires de travail sont modifiés, les marchés s'animent différemment, et une atmosphère particulière imprègne les rues marocaines. Cette sacralisation du temps offre une compensation à ceux qui revendiquent un quotidien scandé par le religieux, face au triomphe de l'Etat-nation et de la société de consommation.

Les Européens résidant au Maroc durant le Protectorat ont dû s'adapter à ces transformations temporaires, surtout si l'on sait que certains ont perçu le Ramadan avec curiosité et respect, s'intéressant aux pratiques locales et participant aux festivités nocturnes. D'autres, moins familiers avec ces coutumes, ont pu ressentir une certaine incompréhension face aux modifications du rythme de vie. La presse coloniale de l'époque reflétait cette dualité, oscillant entre fascination pour l'exotisme du Ramadan et préoccupations liées aux ajustements nécessaires dans l'administration et les affaires.

Le Ramadan offrait également des opportunités de rapprochement entre les communautés. Les repas de rupture du jeûne, ou iftar, étaient des moments privilégiés où des Marocains invitaient des Européens à partager leur table, favorisant ainsi une meilleure compréhension mutuelle. Ces interactions permettaient aux Européens de découvrir la richesse de la cuisine marocaine, notamment la harira, soupe traditionnelle consommée lors de l'iftar, et de s'immerger dans l'ambiance unique des soirées ramadanesques.
Actions Royales : Un moment de solidarité et de fraternité
Depuis plusieurs années, la fête de la rupture du jeûne au Maroc prend une tournure particulière, marquée par l'inclusion des migrants subsahariens, qui trouvent un accueil chaleureux et un soutien, notamment grâce à l'action humanitaire et solidaire de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Le Souverain a toujours œuvré pour l'inclusion des populations migrantes et la promotion de la solidarité, dans un pays où la diversité culturelle est perçue comme une richesse. Les centres d'accueil dédiés aux migrants subsahariens sont devenus des lieux de partage, et l'Aïd, la grande fête religieuse marquant la fin du Ramadan, est désormais un moment où se croisent les cultures et se tissent des liens de fraternité.

À Khouribga, par exemple, l'Aïd est célébré de manière particulière, au sein des centres où se retrouvent des migrants venus du Sénégal, Mali, Cameroun, Bénin et même d'ailleurs. Ce n'est pas uniquement une fête religieuse, mais une occasion de vivre un moment de solidarité et de communion et d'oublier les difficultés quotidiennes. Les prières du matin résonnent à travers la ville, et l'air frais est imprégné de l'appel des imams. Les migrants, souvent loin de leurs familles, se sentent soutenus et unis à travers ce moment de partage, grâce à l'engagement d'Amir Al Mouminine, qui, par Ses nombreuses initiatives, a contribué à favoriser l'intégration et la dignité de ces populations.

Les repas partagés, où se mêlent les saveurs marocaines et subsahariennes, deviennent le cœur de cette fête. La préparation de plats traditionnels, comme la harira, les pâtisseries et les fruits frais, devient un prétexte pour l'unité. Les bénévoles, souvent locaux mais aussi des migrants, contribuent à cet échange de saveurs et de sourires, chacun apportant sa touche personnelle à la table. Dans cette ambiance chaleureuse, les enfants rient et jouent, les adultes échangent autour de leurs souvenirs et de leurs espoirs, et les gestes d'amitié se multiplient. L'Aïd devient ainsi un symbole de la fraternité africaine, un moment d'unité humaine qui va au-delà des origines et des frontières.


Echos de presse : En France, El-Fitr s'enracine dans les coutumes
Il y a environ un siècle, au Maroc, l'Aïd el-Fitr était bien plus qu'une simple fête religieuse. Elle représentait un symbole puissant de résistance et d'affirmation identitaire face à la domination coloniale, un moyen de rappeler la continuité de l'Histoire et des traditions face aux nombreuses tentatives d'acculturation.
Mais si l'on se tourne vers la France, il y a une vingtaine d'années, les choses ont évolué dans une toute autre direction. En 2004, une circulaire permettait enfin aux élèves musulmans d'obtenir une autorisation d'absence pour célébrer l'Aïd sans qu'ils soient pénalisés, pourrait-on lire dans les archives du journal français Le Figaro. Cette décision marquait un tournant dans la reconnaissance de la diversité religieuse au sein de l'école publique. La France, qui se revendique laïque, avait longtemps été réticente à accepter des signes religieux visibles ou à accorder des aménagements liés à des pratiques religieuses. Cette circulaire de 2004, en permettant aux élèves de participer aux festivités de l'Aïd sans craindre des sanctions scolaires, représentait un pas vers la reconnaissance officielle des différentes communautés religieuses et culturelles qui composent la société française. Elle témoignait d'un changement progressif dans la façon dont le pays accueillait les pratiques culturelles et religieuses des musulmans, même dans le cadre de la laïcité, un concept souvent interprété de manière stricte et restrictive. Il s'agissait aussi d'une évolution vers une meilleure inclusion et un respect des identités dans un espace public de plus en plus pluraliste.


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