Le 22 juillet, s'éteint à 76 ans une lumière aveuglante suite au passage de Parkinson. Deux semaines auparavant, elle signe une dernière prestation, « Back to the Biginning ». Une vie jalonnée de succès et de frasques rythme un parcours mouvementé et racé. Avant de filer telle une étoile qui ne trouve plus sa place dans l'immensité d'un ciel où le silence empêche de crier ses désarrois. Rideau. Ceux qui croient que le chanteur arbore son surnom « Ozzy » avec l'arrivée du succès, se mettent le doigt dans l'œil. Cette inscription tatouée le long de ses phalanges de la main remonte à un jeune âge où s'entrechoquent des bêtises antisociales. Osbourne est emprisonné en 1965 pendant six semaines pour une histoire de vol. A cette époque, sa fréquentation des maisons d'arrêt est régulière. Fatigué de ce rythme de survie, il décide de s'essayer à la musique. Ozzy (qui l'aurait cru) est fan inconsolable des Beatles. Il est surnommé plus tard « Le prince des ténèbres » (The Prince of Darkness). Voilà qui colle mieux au personnage. Le hasard lui fait rencontrer un ami d'enfance, le futur célèbre bassiste Terrence « Geezer » Butler qui vient de monter un groupe et auquel manque un chanteur. « N'ayant encore aucune expérience musicale, Osbourne se lance dans une première formation, Rare Breed, mais la quitte très vite à la suite de problèmes relationnels avec le guitariste. Il propose ensuite à Butler de le prendre comme chanteur, utilise le microphone et amplificateur que ses parents lui ont acheté pour lui donner une chance de devenir chanteur, et est retenu pour tourner avec le groupe The Approach. Cette formation reprend principalement des morceaux d'Otis Redding et Osbourne est rapidement insatisfait de ce style musical. Butler, de son côté, fait partie d'un autre groupe, dans lequel jouent le guitariste Tony Iommi et le batteur Bill Ward : Polka Tulk Blues Band. Les quatre musiciens fusionnent les deux groupes, The Approach et Polka Tulk, qui deviennent Earth. » Le groupe répète dans un local qu'il loue à cet effet. Un soir, les membres de la formation en gestation remarquent qu'un cinéma voisin passe un film d'horreur italien de Mario Bava, « Les Trois Visages de la peur », en anglais Black Sabbath. Etonnés de l'engouement du public pour le film, ils achètent leurs tickets. A la sortie de la séance, ils adoptent Black Sabbath comme nom du groupe.
Voix abîmée Après huit albums à succès entre 1968 et 1978, Ozzy Osbourne est invité par Tony Iommy à quitter le groupe. Son comportement finit par avoir raison de son talent : consommation excessive d'alcool et de drogue. Viré, il s'enfonce encore plus dans l'abîme de la dépendance. Pourtant, « pendant ses années avec Black Sabbath, Osbourne chante des textes écrits par Butler et lui-même. Il contribue aux plus grands succès du groupe, ceux qui sont désormais considérés comme des classiques par leurs inconditionnels. » On cite : « Black Sabbath », « Paranoid » incluant l'emblématique "War Pigs", « Master of Reality », « Vol. 4 », « Sabbath Bloody Sabbath », « Sabotage", « Technical Ecstasy », et « Never Say Die! ». Lors du concert d'adieu donné le 5 juillet dernier à Birmingham, ville natale du chanteur, c'est d'une voix vive mais lancinante qu'il interprète « Mama, I'm coming home ». Voici ce que dit le site belge Classic 21 lorsqu'on a gardé uniquement les cordes vocales, éliminé les instruments : « Les voix isolées de cette performance ont été partagées par un coach vocal. Et là, pas de triche : pas d'effet, pas de doublage, juste Ozzy, sa voix abîmée, mais son cœur grand ouvert. Un moment brut, touchant, sincère, qui a ému les fans du monde entier. Et même si sa voix vacille, elle raconte à elle seule toute une carrière, livrant un adieu bouleversant. Une vraie légende qui s'éteint... mais avec panache. » Mais cette cité qui le voit grandir, il la déteste cordialement : « On vivait dans une ville effrayante, polluée, lugubre. Pour nous, le truc hippie, c'était n'importe quoi ! Les seules fleurs visibles se trouvaient dans les cimetières. Alors on s'est dit qu'on allait secouer cette putain de planète avec notre musique. »
Musiciens de renom La page Black Sabbath tournée, Ozzy décide de lancer une carrière solo, sans vraiment s'affoler. « Lorsque Sharon Arden, la fille du président du label de Black Sabbath, vient lui réclamer le paiement de dettes, elle décide de l'aider à se sortir de sa situation. Elle lui propose d'amener deux colombes en signe de liberté. Sous l'emprise de l'alcool, Ozzy se rend chez Sony Music et libère les deux oiseaux, l'un d'eux reste sur sa jambe : c'est alors qu'il le prend et lui arrache la tête avec les dents. Sony accepte d'intégrer Osbourne, et cette anecdote construit la légende. » Sa maison de disques lui conseille d'embaucher des musiciens de renom pour enregistrer ses propres opus. Dans le lot, figurent Randy Rhoads de Quiet Riot à la guitare, Bob Daisley de Rainbow à la basse, et Lee Kerslake (ex-membre de Uriah Heep) à la batterie. Sharon Arden devient sa manager et sa compagne. Elle rachète dans la foulée à son père le contrat de gestion le liant à Osbourne. Osbourne écrit alors la chanson « Suicide Solution" pour parler de l'abus d'alcool et en hommage à Bon Scott, le chanteur d'AC/DC, mort en 1980 par abus d'alcool. Dans cette décennie, un adolescent de Californie se suicide en écoutant un disque d'Ozzy Osbourne. Sur l'album « No Rest for the Wicked » paru en 1988, on retrouve le jeune guitariste Zakk Wylde de New Jersey, qui reste avec Osbourne les sept années suivantes. En 2005, Ozzy est sélectionné par le UK Music Hall of Fame. L'année suivante, il intègre le US Rock and Roll Hall af Fame. Quatre années s'écoulent avant la réalisation par son fils du documentaire « God Bless Ozzy Osbourne ». Sur la bande-annonce, on peut entendre : « Un Ozzy sobre (...) porte un regard sur sa vie de succès inégalés, de maladie mal diagnostiquée, de peurs non révélées, et de dépendance récurrente aux drogues et à l'alcool ». En 2025, le volcan s'éteint définitivement.