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Driss Alaoui (fondateur) :
« Totale autonomie vis-à-vis du comité du MAS » «Contre le comportement abusif du service d'ordre!»
Publié dans L'opinion le 30 - 08 - 2010


«Est-ce légal d'utiliser des pitbulls ?!»
Il vient de franchir à peine la barre des vingt printemps…
Pourtant la mine juvénile contraste sèchement avec le cran d'un activiste politique ou, pire, celui d'un fougueux syndicaliste…
Mais, grand Dieu, que vient foutre ce « Science-Po » dans le brazier rugissant des « Fatal Tigers », composante écrasante des ultras supporters du MAS de Fès ??
« J'avais 13 ans, avoue Driss Alaoui, lorsque je me découvris une passion folle pour ce qui se passait du côté des « Supra-Auteuil »(les ultras du Paris-Saint Germain)…
Et comme je suis un peu « guévariste » sur les bords, je réalisais que l'on pouvait tenter quelque chose de pareil ici. Faire passer des messages depuis les virages du complexe sportif de Fès…
Avec l'ami et fervent fana Tarik Hatri, qui adhérait à l'idée de rassembler les supporteurs des jaunes, nous prirent contact avec Hamid Hazzaz (président du comité directeur) et… c'était parti avec 3 gamins ou adolescents…
Notre premier bachage (banderole) nous l'avons confectionné pour un MAS –DHJ du 13 décembre 2006.
Depuis lors, Driss a fait bien du chemin…
Malgré ses obligations académiques au sein de l'Ecole de gouvernance et d'Economie de… Rabat, le fondateur en culotte courte des Fatal-Tigers dirige assidûment les mises en scène des sorties at home et à l'extérieur du MAS, mais se paie simultanément la rédaction en chef du site « Massaoui.com » et assiste à son administration !
« Mais attention, avertit le gars, nous tenons absolument à notre indépendance et à la ligne éditoriale » !
Idem avec les joueurs du club fanion de la ville de Fès : pas de relations de proximité !!!
« Car un groupe ultra doit être derrière son équipe tout en restant autonome… ! Nous avons toujours rejeté toute tentative de rapprochement ou de… soutien matériel direct ou indirect du comité dans un respect mutuel… surtout avec ces guerres de clans qui rongent souvent les comités successifs ».
Avis aux intéressés : « Qu'il (le comité) fasse correctement son travail (gestion saine, etc) et surtout, ne considère pas le MAS comme… Entreprise Familiale ! » Waw !!!
Les joueurs, non plus, n'échappent pas à la sentence des Fatal-Tigers : « Respectez le public. Qu'ils se comportent en professionnels et qu'ils défendent les couleurs du club sur le terrain » !!
Mais, diable, comment peut-on tenir un langage si acerbe, afficher une telle liberté et indépendance de comportement et se permettre de déployer chaque dimanche une débauche d'artifices aussi coûteux, parfois dépassant toute imagination !!
« Les moyens dites-vous ?...
No problem ! Outre certaines donations et contributions du noyau et membres actifs, nous tirons notre budget de ventes de fanions divers du club : tee-shirts, casquettes et autres écharpes.
Et pas de toc, s'il vous plait.
L'Etat-Major conçoit le design lui-même et passe la commande à une société située à… 160 km de Fès car spécialisée et raisonnable question prix.
Par contre, les écharpes sont commandées d'… Italie !! Pour leur qualité !! Les produits de ces ventes sont investis prioritairement dans les frais de déplacements et la confection des tifos.
Membres et élite de Fatal Tigers sont, en principe, de tous les déplacements. L'encadrement des troupes est assuré par un noyau obéissant au « Capo » (Caporal) qui joue également le chef d'orchestre au complexe de Fès selon une stratégie fixée auparavant par les membres des F.T.
Reste le fameux Tifo… dont le contenu est gardé secret jusqu'au dernier moment, sauf par un groupuscule central, et ne dépassant pas 5 agents secrets. A la guerre comme à la guerre.
D'ailleurs, le « top secret » s'impose dès la définition du message à porter sur le ou les Tifos. Les slogans et images s'inspirent généralement d'actualité du club, voire actualité nationale ou internationale. La dimension du ou des Tifos en découle également. Ainsi du pétaradant message livré à la Guardia Civil de Melilla. Un message loin d'être un geste fortuit.
« Cela remonte au Mondial d'Afrique du Sud. Je me sentais blessé par l'adhésion de bon nombre de téléspectateurs marocains à la sélection espagnole. Et ce, malgré l'attitude négative de responsables ibériques à l'égard de notre pays. Chose que nous avions dénoncé, en son temps, sur face-book. Puis cela c'est un peu tassé… »
« Mais après les incidents douloureux de Melilla et le rejet à la mer de migrants subsahariens et enfin le comble avec la visite d'Aznar à Melilla, ce fut le ras-le-bol intolérable d'autant que la réplique des nôtres nous paraissait plutôt timide. Il fallait donc réagir. Mais Comment ?
« Eh bien, nous sommes retournés à l'Histoire de l'Andalousie arabe où le Maroc était au sommet de la civilisation avec le règne des Mourabitines, et avec l'arrivée des Marrakchis (KACM) à Fès la boucle était bouclée !
« Nous avons alors imaginé une carte géographique (tifo) exprimant la conquête des Mourabitines. D'où le message « Vuestra civilizacion es Nuestra Historia ». Mais en même temps, cette carte consacrait l'unité territoriale du Maroc avec son Sahara récupéré ! ».
Hormis cet incident de parcours, slogans écrits et scandés sur les gradins, les Fatal Tigers gardent la tête froide en se… gardant de s'identifier, ou à faire allusion à des aficionados de clubs étrangers (Italie, Allemagne, Angleterre ou Ecosse).
« Nous insistons surtout sur nos valeurs nationales propres, notre patrimoine civilisationnel et au rôle qu'occupe Fès depuis sa fondation, il y a douze siècles. Ces chants nostalgiques inspirés généralement par « le Capo » du virage - alias Najib Tahiri – qui réunit talent, gentillesse et fierté d'un produit made in… quartier populaire.
Mais jusqu'où peut mener un tel fanatisme massaoui ??
« Certainement pas, insiste notre jeune interlocuteur, à l'encontre ou au détriment de l'adversaire.
Preuve en est le principe de base, à savoir le rituel salut aux supporters des clubs adverses : « Tahiya riyadiya lil jamahir… marrakchiyas, par exemple ».
Nous recherchons même à avoir des relations d'amitié et de respect avec des supporters d'autres clubs. Ainsi avec les « Hallala-Boys » de Kénitra.
Nous déplorons, par contre, des accrochages avec d'autres (Tanger, Rabat, Espérance de Tunis,…), ou, localement avec nos… agents de sécurité ! »
Et là le ton monte chez notre jeune Tiger-Politicien…
« Lors du dernier MAS-KACM, si nous avons salué le coup de main pour la mise en place des Tifos, nous regrettons le comportement corporel de certains, à côté des insultes ».
« Qu'ils assurent l'ordre et pas le « désordre » ! En fait, est-il légal d'utiliser des… Pittbuls ? brr ! »
Mais qu'à cela ne tienne.
Les Fatal Tigers continueront à rugir pour attiser la fougue des jaune-et-noir sur le terrain. A telle enseigne qu'ils pensent franchir une nouvelle dimension en composant bientôt… l'hymne du MAS de Fès à l'instar des grands clubs du monde. Histoire d'enraciner un certain militantisme sportif.
Un hymne dont se feront l'écho les Fatal Tigers disséminés sur les cartes du Maroc, d'Europe (France, Allemagne, Espagne, etc.) ou ailleurs.
De quoi apaiser la mémoire des Zouheir Mekkaoui et Othman Benchekroun, deux Fatal Tigers récemment décédés et à qui le virage nord du complexe sportif de Fès tient à rendre hommage. Ainsi va la vie de Fatal Tigers au cœur gros comme ça!


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