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Enquête Nationale sur la Prévalence de la Violence à l'Egard des Femmes Les femmes âgées, plus sujettes à la violence
La transition sociale accroît l'incidence de la violence chez nos jeunes
Sollicitée depuis longtemps par la société civile, laquelle déplore les conséquences de la violence sur toute la famille, l'enquête sur la violence à l'égard des femmes et le projet de loi sur la question permettront la mise en place de politiques publiques pérennes à même de contrecarrer le phénomène de violence au Maroc. Cette problématique profonde, parfois ancrée dans les mŒurs et «enfoncée» dans les stéréotypes a enfin pu être passée au crible fin par le Haut Commissariat au Plan, à travers une expertise sur le terrain qui a duré plus d'une année, mobilisant surtout la gent féminine, pour plus de discrétion et de crédibilité du sondage. D'ailleurs, les résultats de cette enquête coïncident avec les statistiques des différentes associations Œuvrant dans le domaine de la violence à l'égard des femmes, rendues publiques depuis le 25 novembre 2010, Journée Internationale de Lutte contre la Violence à l'égard des Femmes, pour ce qui est de la prévalence de la violence conjugale, à plus forte incidence et donc, de la nécessité de faire «émerger» ce projet de loi contre la violence conjugale. L'enquête nationale de prévalence de la violence, la première du genre au Maroc, rendue publique lors d'une conférence débat, organisée par le HCP, a permis d'évaluer les multiples facettes de la violence comme définie dans la Déclaration des Nations Unies en 1993, de tracer plus ou moins une carte de la répartition géographique et de remettre sur le tas, le débat sur la féminisation du chômage et de la pauvreté, sur les inégalités sociales et sur la nécessité de mettre en place des politiques publiques spécifiques à la violence et de stratégies innovantes, prenant en compte le genre. D'autant plus que l'enquête révèle que ce sont les jeunes et les femmes divorcées qui représentent le gros lot des victimes de violence, mais aussi de mŒurs, de stéréotypes, d'une culture à défaut d'égalité, d'une atteinte à la liberté individuelle. Surtout pour une jeunesse prise à l'assaut entre une éducation traditionnelle et la mondialisation, s'invitant chez soi sans crier gare à travers la télévision satellitaire et l'internet. Organisée avec l'appui du Fonds de développement des Nations unis pour la femme (UNIFEM), cette conférence a connu une présence massive, vue l'importance du sujet. Monsieur Ahmed Lahlimi Alami, Haut Commissaire au Plan, a présenté les principaux résultats de l'ENVF, laquelle a couvert l'ensemble du territoire national entre juin 2009 et janvier 2010, évaluant un échantillonnage de 8300 femmes âgées de 18 à 65 ans, victimes de violence au cours de l'année 2009. Sur une population de 9,5 millions de femmes âgées de 18 à 64 ans, près de 6 millions, soit 62,8%, ont subi un acte de violence sous une forme ou une autre durant les douze mois précédant l'enquête, 3,8 millions en milieu urbain et 2,2 millions en milieu rural. Cinq formes de violence ont été recensées, par ordre de forte incidence, la plus accentuée est la violence psychologique, elle est de l'ordre de 48%, suivie de la violence représentée par les « Atteintes aux libertés individuelles » : 31%, la violence liée à l'application de la loi par un taux de 17,3%, la violence physique : 15,2%, sexuelle : 8,7% et la moins forte en prévalence est la violence économique : 8,2%. Comme cité ci-dessus, la violence conjugale est en tête de liste, avec un taux de prévalence de 55% au niveau du domicile conjugal. Dans le cadre extraconjugal, le taux est de 47,4%, 32,9% dans les lieux publics, 24,2% dans les établissements d'enseignement, 16% dans le milieu professionnel et 13,5% dans le milieu familial. Pour ce qui est des inégalités géographiques, l'incidence de la violence physique est deux fois plus accentuée au niveau urbain que rural, avec une prévalence multipliée par cinq dans les lieux publics. Les victimes de la violence sexuelle sont trois fois plus nombreuses en milieu urbain (2,2 millions) qu'en milieu rural (712 mille). La violence psychologique est la plus répandue, avec un taux de prévalence de 48,4%. Les jeunes sont les plus exposées à ces violences, sachant que le taux de prévalence baisse de 48,4% pour les femmes âgées de 35 à 39 ans à 57,5% pour les jeunes de 18 à 24 ans. Pour ce qui est des profils de femmes, relevé par l'étude, il s'agit surtout de femmes vivant dans la précarité. Les femmes au chômage représentent 23%, les élèves et étudiantes : 19,2%, les femmes actives occupées : 14,1%, les femmes portant habituellement des tenues modernes courtes : 32%. Ce qui se contredit avec l'adage qui dit : « l'habit ne fait pas le moine ». Les auteurs de ces violences sont, dans 6 cas sur 10, des jeunes de moins de 35 ans. Le revers de la médaille, relevé dans le débat, c'est tout d'abord l'échantillonnage, trouvé peu nombreux pour certains intervenants et les causes de la violence, non relevées dans l'enquête.