Comme l'Aïd après le Ramadan qui dure plus que ce que ne dure une warda – qu'elle repose en paix – l'Aïd El Kébir n'a de Kébir que son nom. Des jours après le sacrifice, la ville roule au ralenti. Beaucoup n'ont pas encore regagné leur commerce, leur bureau ou leur atelier de mécanique, de tôlerie ou de menuiserie. C'est connu : des vieux artisans ne vont à leur travail qu'une semaine, si ce n'est plus, après la fête El Kébir, en tête de toutes les fêtes. Rue Napoli, encore elle, où personne ne joue au Monopoly, détrôné par les jeux vidéo, Google et autres sites m'gofel, il y a une dizaine d'épiceries toujours fermées, de bout en bout de cette zanka non loin de la rue Zanzibar, pas encore Jean Jaurès ou Jabri, philosophe marocain à ne pas confondre avec le faux manager de Skhirat qui a viré des employés sans penser qu'ils avaient des charges et un loyer. Elles sont absentes, sauf une qui a compris les enjeux. Elle est ouverte depuis le premier matin de l'Aïd. Du coup, les ventes ont quadruplé, sinon plus. De la farine à la margarine jusqu'au tampax et aux bonbons, kika et autres sucreries fel mica, qui rendent les gosses relax. Chaque jour, des autochtones mais aussi des subsahariens qui habitent le quartier viennent acheter tous genres d'articles parce que tous les autres commerces ne sont plus de ce monde. Quand les épiceries ouvriront, notre épicier de permanence partira peut-être en vacances parce qu'il aura tout vendu ou presque. L'an prochain, il fera encore son beurre parce que personne, une fois encore, ne viendra le concurrencer. stop. Le CNDH, sous la bienveillance de Driss El Yazami, a concocté un rapport thématique sans formule mathématique sur l'état des prisons qui devait être présenté mardi dernier. Le CNDH dit qu'il a eu droit à des visites, mais il n'a pas vu l'essentiel et les dortoirs mouroirs où les détenus sont marqués à vie. Il n'a vu que les cellules présentables, des tournées des popotes qu'on réserve aux visiteurs de marque, qu'ils viennent de l'extérieur ou de l'intérieur. Rejoindre l'avis de ceux qui disent qu'il faut construire de nouvelles prisons hors des villes pour sauvegarder la sécurité des citoyens – c'est vrai qu'il faut éloigner la gangrène des bonnes graines – nous rappelle que la prison de la Santé – la dernière intra-muros de Paris qui a abrité aussi bien Gérard Longuet que Bernard Tapie, Pupon, où aurait pu être détenu Omar Radad - se trouve dans le 14ème arrondissement, non loin de Montparnasse qui avait autrefois du panache avant la tour infernale. Le rapport du CNDH se focalise également sur les futures actions relatives à la protection des droits des personnes privées de liberté, à travers l'amélioration des techniques d'investigation et de visite des lieux de détention, ainsi que de l'effectivité des mécanismes nationaux de protection qui existent déjà. « Lors de la préparation de ce rapport, le Conseil s'est arrêté de manière objective sur les atteintes aux droits des détenus qui pourraient survenir, ainsi que sur l'identification des causes directes et indirectes de ces dépassements », estime le CNDH dans la présentation de son avant-dernier rapport de cette année 2012, qui sera clôturée par la publication d'un rapport thématique sur l'enfance. Enfin, il faut savoir qu'à la veille des visites, des observateurs patentés ou pas tentés par le cambouis, les draps sont changés et les repas sont améliorés pour épater la galerie. stop. Pour noyer le poisson, des greffiers qui ont sorti leurs griffes pour qu'on ne scalpe pas leur bulletin de salaire pour les jours de grève non autorisée, le ministère de la place de la Mamounia, une place désolante, morte lente, sans arbuste, sans buste, va indemniser des fonctionnaires contestataires pour les heures supplémentaires qui ne sont pas prévues pour les dupes. Entre 60 et 80 dhs l'heure, des indemnités qui ne font pas l'unanimité, lit-on ici et là. Apparemment, le poisson n'est pas noyable dans cet univers pitoyable. stop. « Chababna », dit Younès El Jouhari, directeur de la jeunesse, de l'enfance et des affaires féminines au ministère de la J&S. Les femmes et les enfants d'abord. Sur un plan affectif, « notre jeunesse » est acceptable et souhaitable. Mais si une grande partie de la chababiya est récupérable, en 2012, l'année où l'on égorge le aâtrouss, pas spécialement à l'occasion du retour du haj et de la hajja qui a oublié son rimel et ses bigoudis pour se consacrer à la prière, il faut se rendre à l'évidence : la jeunesse, parfois, pour rester optimiste, n'est pas toujours dans la poche, comme dans les années 50 et même 60 où la chababiya, dans l'ensemble, était docile, au domicile ou dans les classes scolaires. De nos jours, il faut accepter la nouvelle donne, où les rebelles sont légion. A tel point que des éducateurs, des parents et des responsables de la jeunesse, ne savent plus à quoi s'en tenir avec de jeunes citoyens qui ne veulent plus être des dindons qui ne se contentent plus d'édredon de duvet ou de fibres esthétiques. Bien du courage et de l'abnégation à Younès El Jouhari qui parle de chababna. Il ne suffit pas d'avoir de bonnes intentions, il faut aller au-delà et situer le malaise, quoi qu'il advienne et d'où qu'il vienne. stop. L'ex-clinique du Dr Mouline, aussi célèbre que le Dr Mabuse, qui avait défrayé la chronique rue Jabarti non loin de l'ex Booling, toujours fermée, à deux pas du cinéma Royal qui n'a pas été démoli comme le voulait Faouzi Ben Messaoud qui voulait en faire un super marché en face de la mosquée, vient d'être transformée en cafétéria qui fait sourire les voisins qui savent que cette clinique avait été, dans les années 70-80, le refuge des femmes et des filles qui voulaient subir un avortement. Le Dr Mouline, qui s'est retrouvé à la prison d'El Alou quand elle était pire que le bagne où a vécu Henri Charrière, croyait être couvert parce qu'il connaissait des gens influents comme Ziani gentleman, Guédira ou de hauts fonctionnaires dans la Défense ou la Police. Mais les avortements dans la rue Jabarti devenaient un phénomène qui avait fait le tour des salons et des gourbis. Sa clinique était devenue cynique où des pauvres filles laissaient leur carte d'identité, un bijou ou un document bancaire, pour se débarrasser d'un fœtus parfois de grande taille. A tel point que le Dr Follamour avait demandé à un plombier de lui creuser des w.c spéciaux où des infirmières, menacées de renvoi, jetaient des petites natures mortes qu'aucun wc ordinaire n'aurait pu supporter. Les anciens qui passent devant la nouvelle cafétéria ne peuvent s'empêcher de penser au passé de cette clinique qui a soigné des maux plus graves que la malaria mais qui en avait fait trop. stop Pour rendre hommage à Rabat, Oualalou, qui passe des ordures aux dorures, a voulu bien faire en lançant l'expo baptisée « Rabat, capitale des artistes plasticiens 1912-2012 ». Alors qu'entre 1912 et 2012, il y a beaucoup plus que les œuvres à peine représentatives à la Galerie Bab Rouah qui donne des frayeurs si on pense aux têtes coupées enterrées dans les remparts, paraît-il. Même si on trouve Ben Ali Rbati, Pontoy ou Mantel, cette expo ne peut pas se targuer de traverser un siècle en coup de vent. Mais quand on a déjà du mal à gérer une ville aux multiples facettes, il faut se lancer dans la palette pour faire oublier les dossiers qui dorment dans les mallettes. stop. Autrefois, le propriétaire d'oiseaux enfermés dans la cage, offrait une femelle à un voisin qui avait besoin d'une perruche. De nos jours, on n'offre plus rien, tout est devenu négociable. Une perruche est vendue à 70 dh. stop. Rectif. A propos des petits hôtels pouilleux qui n'intéressent pas le tourisme qui n'est pourtant pas du genre je-m'en-foutiste, il fallait lire draps et non drapes comme ça a été imprimé par erreur, ou drapés de Léonard de Vinci ou les moulés de Issey Mikaké, couturier japonais qui a fait du nez à Karl Lagerfeld, arrogant, qui parle de François Hollande comme ce bajot de Ruquier, comme si il parlait de Thierry Le luron. stop.