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Ahmed Jaouad / Le rebelle des planches
Publié dans L'opinion le 28 - 11 - 2014

Ahmed Jaouad, homme de théâtre et animateur culturel éclectique et « électrique » avait défrayé la chronique en 1994, lorsqu'il décida de célébrer la journée mondiale du Théâtre à sa manière : en entamant une grève de la faim, à El Jadida, en revendication, fort légitime, le sauvetage de l'historique théâtre municipal de la capitale du Doukkala de la déperdition, devant un manque total de réaction de la part des responsables de tutelle.
De cette bruyante aventure, Ahmed Jaouad a tiré un livre, « Un homme de théâtre qui prend des risques ».
Retour sur un acte original, qui a fini par porter ses fruits.
Condamné, puis acquitté pour avoir fait de la grève de la faim en protestation contre l'état scandaleux du théâtre municipal d'El Jadida, l'homme de théâtre Ahmed Jaouad est devenu le héros d'une histoire. Le vainqueur est, en fin de compte, le droit à l'expression.
Méconnu à l'époque, Ahmed Jaouad imposa son nom avec fracas!
Non pas sur les planches, son domaine naturel, mais devant les escaliers du théâtre municipal de sa ville natale, laquelle il se dit jalousement attaché, El Jadida.
C'était à l'occasion de la journée mondiale du théâtre. Ce jour là, Jaouad décida de passer à l'action. Une action unique, inédite, presque impensable et, avouons-le, risquée: une grève de la faim!
Acte inédit, parce que Ahmed Jaouad est un artiste, un homme de théâtre de la région des DoukkaIa. Sa revendication même est étonnante de limpidité, la préservation, sinon le sauvetage du théâtre municipal d'El Jadida. Ce théâtre, qui fut heureux exemple d'architecture et d'animation culturelle, est maintenant notoirement réputé pour son état de ruine et de délabrement.
Bref, un échec cuisant de la culture, causé par des gestionnaires (qui ne plaident pas) « coupable »... ou pas encore.
L'indifférence qui a répondu aux appels des intellectuels jdidis et à une Campagne de presse menée par quelques quotidiens nationaux devenait agaçante. Les autorités ne daignaient fournir la moindre explication sur cette anarchie qui a débouché sur cette tragédie culturelle: une salle de théâtre prestigieuse s'effrite, se meurt dans un silence administratif immanquablement complice.
Bien qu'inattendue, l'initiative de ce 27 mars de Jaouad vint à point. Rien que parce qu'elle permit la médiatisation de cette situation. Mais, alors que l'on s'attendait à ce que le dossier du théâtre municipal soit déterré, l'autorité répondit par un autre acte, sous forme de bévue, le gréviste fut déféré devant la justice.
Le droit à la grève est-il ou non reconnu par le législateur marocain? Il nous faudra une réponse sans détour. Car Ahmed Jaouad fut condamné, dans un premier lieu, à un mois de prison avec sursis et 250 dirhams d'amende. Là, l'affaire devenait regrettable. Les choses étaient clairement émises, Jaouad était un « criminel » même si son « crime » était de protester, par le seul moyen. Sa disposition, pour la bonne cause. A savoir sauver un édifice culturel, que l'on n'hésitera d'ailleurs pas à demander qu'il soit classé monument d'autant plus historique qu'il s'avère en danger. Ainsi, seule sa protection par l'Etat permettra un redressement revendiqué et exigé.
Le mois de décembre 1994 apporta des éléments, rassurants certes, mais qui ne manquèrent point de provoquer un goût d'inachevé... En effet, après d'interminables ajournements, Jaouad est acquitté par la Cour d'appel dans l'audience du 12 décembre 1994. Audience marquée par les plaidoiries de Me Lahkim, au nom de tous les avocats qui se sont désignés pour défendre le gréviste et par l'association marocaine des Droits de l'Homme. C'est à peine si le Maroc ne s'est pas, encore une fois, payé un procès international ! En tous cas, le procès fut tout à fait politique, ce qui aurait pu être évité.
Au-delà de la personnalité même du héros de cette histoire, quelles impressions peuvent nous inspirer les faits qui la constituent?
D'abord, nous noterons encore une fois, que malgré les progrès enregistrés en matière des libertés, des entraves sont encore faits à cet « acquis » nommé droit à l'expression, c'est en y croyant fortement que Jaouad s'est fait « piéger ». C'est en croyant fortement qu'un tel procès ne pouvait être qu'anachronisme, que nous menâmes une campagne, en son temps, et que l'affaire fit grand bruit.
Quand une mise en accusation s'avère au bout être une gratuité totale (ce qui ne peut qu'égratigner l'image qu'on s'efforce à se confectionner), le véritable vainqueur ne peut être que l'accusé et ses défenseurs.
Ahmed Jaouad se retrouva un petit, face à un imposant appareil. Il a mené une petite bataille. Il l'a gagnée. Moralement, surtout. Les écrits de la presse et les appels d" intellectuels n'y ont rien pu. Lui, avec un petit acte, a réussi à braquer les regards sur un édifice culturel victime d'un assassinat. Alors, qui fallait-il juger?
Il faut désormais espérer que la morale de ce fait pas très divers servit à quelque chose de positif. Que l'on s'occupa de ce théâtre. Que les responsables de l'époque du gâchis rendent des comptes. Et que le droit à l'expression soit protégé, de sorte à devenir un vrai acquis, comme le veulent les textes.


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