Il y a eu, d'abord, les avocats français du boxeur escroc Zakaria Moumni et compagnie. Ils ont failli avaler les épitoges de leurs robes en apprenant la nouvelle de la décoration du Directeur du contre-espionnage marocain, prochainement promu au rang d'Officier de la Légion d'Honneur. De ceux là, on pourra toujours arguer qu'il s'agit d'avocats, payés pour défendre les intérêts de leurs clients. Pas au point de cracher que «la France perd son âme», bien sûr. Il y a là un rubicond que la moindre décence se défend de franchir. Mais que le parti communiste et les organes de presse de mouvements d'extrême gauche français s'y mettent également, il y a de quoi perdre sa vulgate marxiste. Hormis le fait que des cols mao, gravement atteints de la maladie infantile du communisme, piétinent allégrement le principe de présomption d'innocence, il est déplorable de constater que des gens qui se prétendent militants de la cause des travailleurs se font les défenseurs de parasites sociaux. Un boxeur escroc, qui réclame à corps et à cri des contribuables marocains le versement d'une compensation, pour s'être vu refusé une rente de conseiller ministériel. Un égorgeur d'agents des forces de l'ordre, converti au «militantisme» appointé sur le tard, après avoir été contrebandier. Un passeur de drogue, auteur d'un film d'une rare décadence, qui décrit assez bien sa culture. Tous ces tristes individus prétendent avoir été torturés par des agents du contre-espionnage marocain, qui ont bien d'autres chats à fouetter. Voilà pour qui s'émeut le parti communiste français. Qui vit de l'homme est criminel, n'est-il pas ? Par une sorte d'inversion dialectique appliquée aux seuls Marocains, il s'agirait, donc, de faire vivre sur leur dos une bande de délinquants binationaux, en accordant foi à leurs mensongères accusations, et de châtier, sur cette base, un «soldat de l'ombre», qui met ses compétences au service de la sécurité collective. Chiche ! Que les «bons chrétiens» de l'ACAT se soient fait berner par des affabulateurs polymorphes, passe encore. Il a dû suffire de leur chanter le bon cantique pour qu'ils s'extasient d'un alléluia retentissant. Il était, toutefois, attendu des disciples de Marx, Engels et Lénine d'user d'une grille de lecture beaucoup mieux circonstanciée. Solidarité mal placée trahit une profonde indigence analytique. Excusable, cependant, si les uniques sources d'information sont celles de quelques « camarades » marocains, professionnels de la collecte des financements étrangers, enclins à plaire au-delà des frontières, quitte à nourrir les préjugés les plus éculés. Le bon sens est la chose la mieux partagée du monde, assure René Descartes, ce en quoi quelques uns de ses compatriotes des temps présents s'évertuent à le démentir. La vérité est qu'il faut plutôt soutenir que la France vient de recouvrer son âme, auparavant perdue par une injustice flagrante. Quand les autorités françaises se sont rendues compte de l'étendue de leur erreur concernant la manière dont elles ont traité un haut commis de l'État marocain, sur la base d'allégations mensongères émises par des repris de justice, manipulés à des fins obscures, elles ont dû, probablement, estimer que la meilleure manière de se rattraper consistait à distinguer un professionnel compétent dans la lutte contre le terrorisme, ayant rendu de salutaires services aux Français, dans son domaine d'activité. La moindre des politesses de la part des Marocains a été de ne pas refuser à la France ce geste de reconnaissance, bien qu'en raison de la nature même de leur tâche, les professionnels des services de renseignement évitent du mieux qu'ils peuvent de se retrouver sous les feux de la rampe, en tout cas tant qu'ils sont encore en activité. Et même quand c'est le cas, ils s'abstiennent de s'en vanter. Ainsi va le monde de cape et d'épée, où vaincre les périls signifie aussi triompher. Dans le cas de figure, toutefois, accepter avec modestie le privilège d'être promu Officier de la Légion d'Honneur relève de la bienséance envers la France. L'Ordre de la Légion d'Honneur est bien plus qu'une simple décoration. C'est une véritable institution. Tout un symbole qui représente «une certaine idée de la France», comme l'avait si bien formulé, en son temps, le Général De Gaulle. Les critères d'éligibilité sont des plus stricts et les seuls étrangers qui peuvent en être décorés sont ceux qui ont rendu de grands services à la France ou encouragé des causes qu'elle défend. L'équivalent marocain de cette haute distinction française est l'Ordre du Ouissam Alaouite, qui n'est également accordé qu'aux marocains qui l'ont vraiment mérité et aux personnalités étrangères ayant rendu d'éminents services au Royaume. Si la distinction à l'Ordre de la Légion d'Honneur du Directeur des services de contre-espionnage marocain serait, pour quelques avocats français, une perte d'âme pour la France, elle rappelle, plutôt, aux Marocains, les drapeaux du 1er Régiment de tirailleurs marocains et des goumiers, qui en ont également été décorés, ainsi que toutes les âmes marocaines perdues sur de nombreux champs de bataille, pour défendre la France contre ses assaillants. Aujourd'hui comme hier, un marocain est distingué de la Légion d'Honneur pour avoir défendu les Français contre ceux qui veulent leur porter nuisance. La grandeur d'âme de la France ne se perd pas dans l'attribution d'une décoration, somme toute purement honorifique. Elle se dilue dans les petits calculs de personnages prêts à galvauder l'honneur de leur pays pour servir leurs propres intérêts.