Originaire de Tétouan, la fille de Grenade, cette ville qui ne cesse d'enfanter des artistes de haut niveau depuis la nuit des temps, Zainab Afailal, une future chimiste à la voix cristalline, assure la relève d'une tradition musicale séculaire qui est la musique arabo-andalouse relevant de l'école de Tétouan Née au sein d'une famille très attachée à ses traditions arabo-andalouses, Zainab est la disciple accomplie du maître Mohamed amine El Akrami. Elle est la seule soliste de l'orchestre du feu Mohamed Larbi Temsamani de Tétouan dirigé par le maître El Akrami. Elle gagne sa renommée en participant aux plus grandes manifestations artistiques marocaines et internationales. Mis à part sa carrière d'artiste-interprète de cet art ancestral, Zainab puise dans la recherche scientifique en préparant actuellement sa thèse doctorale en chimie industrielle, plus précisément en production des biocarburants à l'aide des procédés industriels développés. Le choix de la chimie n'était pas un hasard pour elle, c'était un choix bien-fondé depuis son jeune âge. "La chimie est partout dans notre vie. C'est la science de la Matière. De nos jours, notre défi est de développer une chimie verte pour sauver notre planète", dit Zainab avec un ton rassuré. Ce n'était pas du tout évident d'équilibrer entre le chant et la recherche universitaire. Au début, le chant était juste une passion chez Zainab moins prioritaire que ses études, mais avec le temps, elle s'est retrouvée fortement attachée aux deux sans s'en rendre compte. In fine, "il faut juste bien savoir organiser son planning", confie-t-elle à la MAP. Dans un monde généralement à dominance masculine, Zainab Afailal a pu se frayer un chemin, doucement et sûrement, en intégrant le conservatoire musicale à l'âge de 8 ans et la chorale, dirigée par le maître El Akrami, à 10 ans, pour se lancer ensuite, à pas sûrs, dans un brillant parcours, riche et honorable, dont les nombreuses participations aux grands festivals et soirées en témoignent. Juste, fine, élégante et gracieuse, telle est Zainab sur scène, elle ne manque aucun détail dans ses interprétations pour tendre vers la perfection, satisfaire les attentes de son public et le mettre sous le charme grâce à son talent inédit et indéniable. Zainab incarne aujourd'hui, avec sa voix cristalline, la relève de cette tradition musicale séculaire. La personne à qui Zainab doit beaucoup de reconnaissance aujourd'hui est certes son maître Mohamed Amine El Akrami ou comme elle préfère l'appeler "son parrain". Zainab a participé à des grandes manifestations artistiques, ici au Maroc et ailleurs et a interprété des "Mayazines" (rythmes) dont le volume temporaire peut aller de 2 jusqu'a 3 heures d'affilée avec douceur et justesse, sans support sous les yeux, chose qui est très difficile à atteindre". La présence féminine dans les orchestres de la musique arabo-andalouse était toujours timide. Bien qu'il existait des femmes solistes avant, elles ne pouvaient pas interpréter tout un Mizane, mais rien que quelques "Sanâat". Cela montre que la femme avait un rôle primordial pour ce qui est de la création de ce système musical dans les XIIè et XIIIè siècles, parmi lesquelles Maya et Gharibat Al Hussein dont les prénoms ont été attribués à deux "Noubates" très connus de la part des mélomanes et des amateurs de ce patrimoine. Il est indispensable de souligner que la jeune chanteuse originaire de la Colombe blanche compte à son actif plusieurs films et documentaires auxquels elle a participé en tant que chanteuse, à savoir le film documentaire "Nouba d'or et de lumière" de Izza Genini, le court-métrage "Maoual" et les longs-métrages "Le temps des camarades" et "Petits bonheurs" de Mohamed Chrif Tribak. Ces expériences ont été marquées dans son répertoire artistique pour car elles sortent du cadre ordinaire des concerts de la musique andalouse ou bien du tournage des soirées télévisées. Selon elle, le fait de réaliser des films, en utilisant la musique andalouse (comme axe principale ou soundtrack ou même au générique), est une valeur ajoutée que ce soit pour le film lui-même ou bien pour inviter le grand public du cinéma à faire la découverte de ce patrimoine qui raconte notre histoire. Pour promouvoir et servir cet héritage, Zainab ne ménage aucun effort en voyageant avec sa cause et son art partout, afin de corriger un peu l'image archaïque sur ce type de musique chez certains. Lors d'une soirée andalouse mémorable organisée le 3 décembre à Tétouan, commémorant les 30 ans de feu Haj Arbi Temsamani et rendant hommage à sa veuve, la salle de Riyad avait abrité l'orchestre de feu Temsamani sous la direction de M. Akrami. Zainab Afailal, la jeune prodige du chant et les musiciens avaient joué avec brio et fait le bonheur des mélomanes de la musique andalouse. Toujours est-il que tout ce beau monde, a montré qu'il y a la relève à Tétouan, pour ce qui est de la musique andalouse et du gharnati.