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Reportage
« Les Restos du cœur », version marocaine Solidarité pendant le Ramadan
Publié dans L'opinion le 19 - 05 - 2019

Une petite salle aménagée sans fioritures. Des bols à soupe et des plateaux repas disposés sur une dizaine de tables entourées de chaises. Tout visiteur qui s'aventure dans ce bâtiment un peu décrépit se croirait dans un restaurant de fortune. Il n'en est rien. Il est 17 heures en ce jour sacré du vendredi dans le quartier de Diour Jamâa, à Rabat. Dans les locaux de l'Association des Scouts Marocains, des jeunes gens et jeunes filles, tous vêtus d'une chemise bleue ciel et d'un foulard rouge noué au cou, s'affairent dans la salle pour les derniers préparatifs avant d'accueillir les premiers convives pour la rupture du jeûne. « Depuis le début du mois sacré, nous recevons, chaque jour, en moyenne, près de 200 à 300 personnes en situation difficile qui viennent rompre le jeûne », avance Amine, bénévole et responsable à l'Association des Scouts Marocains.
Car si l'humoriste français Coluche a créé, il y a trente-trois ans, les « Restos du cœur », une initiative reconnue d'utilité publique en France, dont le but est d'aider et d'apporter une assistance bénévole aux personnes démunies, il n'était certainement pas le seul à avoir la main sur le cœur. Au Maroc, pendant la période de Ramadan, le souci d'apporter du soutien à ceux qui en ont le plus grand besoin
a poussé l'Association des Scouts Marocains à mettre en place, depuis 2007, un Ftour collectif. Soutenir les personnes désœuvrées et leur permettre de se rassasier à la rupture du jeûne, moment important pour tout musulman pendant le mois sacré, telle est l'une des nombreuses missions que s‘est donnée cette association. « Notre but, dans cette période de retrouvailles pour les musulmans, c'est de ramener du bonheur et mettre du sourire sur les visages des personnes qui n'ont pas la chance de partager ce repas en famille », nous dit Khalid Naït, responsable en chef de l'Association des Scouts Marocains.
Une organisation rodée
18 heures, les premières personnes commencent à venir. En cuisine, le rythme de confection du met principal s'accélère. Des grosses marmites fumantes qui sortent de la cuisine s'échappe une bonne odeur enivrante comme pour faire comprendre aux invités que le service bénévole, n'exclut pas la qualité des plats concoctés. Au menu du jour, de la Rfissa, un met très apprécié des Marocains. Pour nourrir les 300 personnes qui prendront d'assaut la salle qui sert de réfectoire, une équipe dynamique de quatre personnes (trois femmes et un homme) a été mobilisée. Mme Najia, directrice d'école à Rabat et cuisinière en chef pour l'occasion, fait partie de cette aventure depuis le début. « Je suis une des pionnières de ce projet de Ftour collectif. En plus de coordonner et faire partie de l'équipe qui prépare les plats, je suis une donatrice régulière de cette association ». En effet, la majeure partie du budget pour l'achat des denrées qui composent les menus quotidiens vient de dons anonymes, de bienfaiteurs ou de sympathisants de l'Association des Scouts Marocains. « Nous ne recevons aucune subvention de la part de quelconque entité », surenchérie Mme Najia, appelée affectueusement la « soupière » par les autres membres de l'association. Pour la conservation des produits et des aliments qui rentrent dans la préparation des menus, une petite chambre, en guise de grenier, a été apprêtée un étage au-dessus du réfectoire. Huile, farine, sucre, lait… sont référencés et les unités manquantes sont réajustées au fur et à mesure de leur utilisation. Et qui dit grand nombre de personnes, dit grand nombre de victuailles. « Par jour, nous pouvons utiliser entre 25 et 30 kg de farine, 10 litres d'huile, 20 litres de lait et 40 cartons d'huile », précise Mme Najia.
A l'Association des Scouts Marocains, les choses se font dans l'ordre afin de permettre à tous ceux qui prennent part au Ftour collectif de se sentir comme dans une famille. Et le succès de l'initiative s'est vu dès les premières éditions. « Les deux premières années, quand nous avons lancé le Ftour collectif, nous avions décidé de distribuer des cartes afin d'identifier chaque personne et contrôler le flux des arrivants. Mais nous avons vite abandonné le projet à cause du nombre croissant des personnes qui venaient prendre part au repas », se souvient, tout sourire, Amine.
« Redonner espoir aux nécessiteux »
Il est déjà 19 heures et tout est fin prêt pour le début des réjouissances. Même si le grand nombre de personnes qui prennent place pour la rupture du jeûne, sont des hommes, des femmes et des enfants qui n'ont pas forcément les moyens de s'offrir ce qui s'apparente à du luxe pour eux, il y a au contraire des personnes qui y sont venus par simple curiosité ou par contrainte. C'est le cas d'Oussama et Youssef, deux doctorants en agronomie, venus à Rabat pour une formation à l'Institut agronomique et vétérinaire Hassan II. « Cela fait une semaine que nous sommes à Rabat et un ami en commun nous a parlé de cette association. Nous n'avons pas hésité à venir pour découvrir l'ambiance et partager le Ftour. C'est un moment que nous appréhendions et pour l'heure tout se passe bien », nous confie Youssef, qui profite de l'occasion pour immortaliser ce moment avec des photos prises à l'aide de son smartphone. Assis sagement en face de son plateau repas, les yeux rivés sur sa tablette, Mohammed, Directeur d'une entreprise basée à Casablanca, s'est retrouvé coincé dans la capitale après une réunion d'affaire qui s'est finie plus tard que prévu : « Je vis à Casablanca et j'ai dit à ma femme que ce soir je ne pourrai pas venir à temps pour le Ftour. Heureusement pour moi, j'étais déjà dans le quartier et des passants que j'ai rencontrés m'ont conseillé de me rendre à ce Ftour collectif ».
A l'Association des Scouts Marocains, tout le monde est traité sur le même pied d'égalité. Il est 21 heures, les invités, peu importe leur rang social, ont laissé derrière eux, le temps d'un repas, les soucis et la monotonie de la vie. Tous sont tout sourire et partagent des moments qu'ils garderont longtemps en mémoire. « La satisfaction pour notre association est de voir que pendant la période de jeûne du mois sacré, nous arrivons à redonner espoir aux plus nécessiteux et ça, c'est inestimable pour nous », conclut, les yeux brillants, Khalid Naït.
Lionel ATOKRé


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