Avec 244 manifestations à travers la France, la nouvelle action intersyndicale ce mardi contre la réforme de retraites s'annonce décisive pour l'avenir de ce projet controversé, souligne la presse française mettant l'accent sur le risque de radicalisation de cette mobilisation face à l'inflexibilité du gouvernement sur le report de l'âge de départ à la retraite à 62 an, jugée injuste par les syndicats, soutenus par l'opposition de gauche. "La journée d'action d'aujourd'hui, la quatrième en un mois contre la réforme des retraites, s'annonce plutôt massive: les syndicats, le prédisent, l'exécutif s'y attend", écrit mardi le journal économique français +Les Echos+, sous le titre "Réforme des retraites: le tournant décisif". Le quotidien s'interroge si "elle va générer un durcissement durable (dans les transports, les ports et les raffineries) et s'étendre à la jeunesse", comme le souhaitent les syndicats, alors que "l'Elysée, qui table toujours sur un mouvement contenu, demeure inflexible sur le coeur de sa réforme". Les syndicats prévoient des cortèges fournis dans 244 villes et le soutien de l'opinion reste fort, fait remarquer les +Echos+ en se basant sur les différents sondages, 71 pc des Français approuvent la mobilisation et 61 pc sont même favorables à des grèves reconductibles. "Plus encore que l'ampleur des cortèges, c'est bien cette éventuelle radicalisation du conflit que scrute l'exécutif", souligne +Les Echos+. Même son de cloche auprès de +La Tribune+ qui estime que l'exécutif s'inquiète aussi bien de "la radicalisation du mouvement" que du "ralliement des jeunes". "Comme à chaque fois qu'ils prennent part à un mouvement, les jeunes vont être observés de près. Leur participation effraie toujours les gouvernements qui, échaudés par de nombreux précédents (CPE, réforme du lycée, etc.), savent par expérience qu'elle peut leur échapper", relève la publication. +Libération+ souligne que pour cette "Journée test pour la réforme", le président français Nicolas Sarkozy "fait le pari de l'essoufflement alors que les syndicats anticipent une forte mobilisation et se préparent à la poursuite du mouvement demain (mercredi)". "Et si le scénario rêvé par Nicolas Sarkozy dérapait? Et si, au lieu d'un mouvement bref et symbolique contre +sa+ réforme des retraites, la contestation se radicalisait avec des transports publics bloqués, la jeunesse dans la rue et une France paralysée par les pénuries d'essence?", s'interroge le quotidien. Pour +Libération, cette hypothèse, "jugée encore irréaliste il y a à peine une semaine", est maintenant étudiée de "très près au sommet de l'Etat", bien que jusqu'à présent "l'Elysée se montrait confiant". +Le Figaro+ souligne, de son côté, que si les syndicats sont convaincus d'"un nouveau succès", ils "n'y voient pas clair sur la sortie du conflit". "Les esprits sont déjà tournés vers la suite des événements", relève la publication qui s'interroge si la journée d'action suivante -samedi 16 octobre- connaîtra-t-elle le même engouement et si la grève sera-t-elle largement reconduite demain, notamment dans les transports?". "Si oui, à quel point gênera-t-elle les usagers, et risquera-t-elle d'y perdre en popularité?", ajoute encore le quotidien. Selon les syndicats, la précédente journée d'action avait le 2 octobre mobilisé près de 3 millions de personnes à travers la France, alors que le gouvernement avait évoqué un chiffre beaucoup moins élevé (997.000). Alors que le Sénat français compte achever cette semaine l'examen du projet de réforme des retraites, les syndicats espèrent encore faire plier le gouvernement qui juge nécessaire cette réforme en proposant de faire travailler plus les Français afin de limiter les déficits. Ils tablent sur une grande mobilisation des Français pour faire barrage à ce projet gouvernemental qui prévoit, comme mesure phare, le report de 60 à 62 ans de l'âge du départ à la retraite en France, considéré comme un recul sur l'un des principaux acquis des salariés français. Lundi soir, la haute assemblée française a adopté un article clé du projet, repoussant de 65 à 67 ans l'âge de la retraite avec pension complète, après avoir avalisé vendredi le report de l'âge légal de 60 à 62 ans.