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1975-2025, une marche et cinquante années de résistance à célébrer
Publié dans Maroc Diplomatique le 17 - 03 - 2025

Il y a cinquante ans, des centaines de milliers de volontaires et de volontaires ont franchi la frontière factice séparant le Maroc de son Sahara. C'était le jeudi 6 novembre 1975. Les drapeaux et les Corans furent brandis, et les foules avancèrent, dans une expérience unique et sans précédent dans l'histoire de la libération.
Cette marche fut organisée après que l'Espagne eut refusé de se retirer ou de négocier, poussant ainsi le Maroc à solliciter la Cour internationale de justice. Le Maroc posa alors une série de questions remettant en cause les prétentions espagnoles selon lesquelles le Sahara était une terre vide, terra nullius, sans aucun lien avec le Royaume du Maroc.
Le jour de la déclaration
Le jeudi 16 octobre 1975, la Cour rendit son avis consultatif, ce qui amena Hassan II à prononcer un discours historique dans lequel il analysa les implications juridiques de cette décision. Il mit en avant la signification et la portée du concept d'«allégeance » (la bay'a), et annonça, dans la foulée, l'organisation d'une marche populaire pour faire pression sur le gouvernement de Madrid afin de négocier avec le Maroc.
Le Roi déclara que la marche comprendrait 350 000 volontaires, dont 10 % de femmes. Il insista sur le caractère pacifique de la marche, mais reconnut la possibilité que les Espagnols ouvrent le feu. Cette nuit-là, le Maroc entier fut en ébullition. Nombreux furent ceux qui exprimèrent leur volonté de se porter volontaires pour partir vers le Sahara. Dans la nuit du vendredi, les registres de volontariat comptaient déjà près d'un million de Marocains, hommes et femmes, répondant à l'appel du Roi.
L'épreuve de vérité
Les médias internationaux s'intéressèrent de près à cette initiative sans précédent. Les journalistes affluèrent à Marrakech, où résidait le Roi. Les radios, télévisions et grands journaux consacrèrent leurs éditoriaux à cet événement exceptionnel. Certains doutèrent de la faisabilité de cette initiative et de son sérieux, tandis que d'autres mirent en avant son caractère potentiellement conflictuel et les risques qu'elle impliquait. Mais la Marche s'imposa d'elle-même dans les médias, captivant l'opinion publique internationale avec une fascination mêlée d'intérêt.
Je me souviens de mon arrivée à Marrakech, à la convocation du Roi, qui me chargea de concevoir un programme télévisé destiné aux volontaires, pour répondre à leurs questions et clarifier leurs préoccupations. Je me rappelle aussi de l'effervescence politique et diplomatique qui régnait au Palais Dar al-baida (Maison blanche), voisin du Palais Royal à Marrakech.
Le départ
Le mercredi 5 novembre, depuis la ville d'Agadir, Hassan II annonça officiellement le départ de la Marche Verte, mettant ainsi fin aux spéculations. Il déclara : « Demain, la Marche débutera. »
Je me souviens du matin du 6 novembre, lorsque je devais réaliser un reportage pour la télévision marocaine. Avec mon équipe de tournage, j'étais dans le premier véhicule Jeep à franchir la frontière. Je criais et pleurais d'émotion, fidèle à mon engagement envers les téléspectateurs. Puis nous avons marché sur plusieurs kilomètres, sous une chaleur écrasante et dans une attente fébrile, jusqu'à ce que nous nous retrouvions face à un barrage militaire espagnol.
Le dimanche 9 novembre au soir, Hassan II prononça l'un de ses discours les plus marquants, dans lequel il demanda aux volontaires de rebrousser chemin et de quitter le territoire du Sahara. J'ai vu alors nombre d'entre eux pleurer et protester, surpris par cette décision royale.
Le 11 novembre, je me rendis à Madrid pour suivre les négociations maroco-espagnoles. Dans un reportage pour la télévision marocaine, j'annonçai la signature, le 14 novembre, d'un accord stipulant le retrait de l'Espagne du Sahara. L'impression générale était que tout était terminé.
Un demi-siècle après...
Le 6 novembre 2025 marquera donc le cinquantenaire de la Marche Verte, l'un des événements les plus emblématiques de l'histoire contemporaine du Maroc. Cette épopée mérite une commémoration à la hauteur de son importance historique. Il ne s'agit pas seulement d'un hommage à un exploit du passé, mais d'un moment clé où se croisent et s'affrontent les succès du Maroc et les manœuvres hostiles. Il s'agit non pas seulement de célébrer, mais aussi et surtout de raviver la mémoire collective, renforcer l'unité nationale et transmettre l'esprit de cette marche aux générations futures. Moins de neuf mois nous séparent de ce moment qu'il faut dès maintenant programmer, préparer et produire autour d'axes qui le relatent dans toutes ses dimensions :
1. Une reconstitution symbolique de la Marche Verte
Un des moments forts de cette commémoration pourrait être l'organisation d'une marche symbolique dans plusieurs régions du Maroc. Des citoyens, des jeunes, des vétérans et des descendants des marcheurs de 1975 pourraient participer à cette reconstitution. À Laâyoune, Dakhla, et dans des grandes villes comme Rabat et Casablanca, ces marches donneraient un écho contemporain à l'engagement populaire qui a marqué l'histoire du pays.
1. Un musée itinérant de la Marche Verte
Pour mieux faire connaître cet épisode fondateur, un musée itinérant pourrait être mis en place. Ce dernier parcourrait les différentes villes du pays avec des expositions interactives, des documents d'archives, des témoignages des participants, et des reconstitutions audiovisuelles des événements de 1975. Ce musée permettrait aux jeunes générations de comprendre l'importance de cet acte pacifique qui a redéfini le territoire marocain.
1. Un grand spectacle historique multimédia
Un spectacle son et lumière retraçant la Marche Verte pourrait être organisé à Laâyoune ou à Rabat. À travers des projections monumentales, de la musique, des témoignages et des effets spéciaux, cet événement permettrait de revivre l'émotion et la ferveur de cette période historique. Ce type de représentation immersive marquerait les esprits et rendrait hommage aux acteurs de cette épopée.
1. Une commémoration officielle avec reconnaissance des vétérans
Les survivants de la Marche Verte, qu'ils soient volontaires ou membres des forces armées et de sécurité, devraient être mis à l'honneur lors d'une cérémonie officielle. Un hommage national pourrait être rendu aux anciens marcheurs et aux soldats qui ont défendu l'intégrité territoriale du Maroc. La remise de distinctions et de décorations aux vétérans serait une manière de saluer leur engagement.
1. Un programme éducatif et culturel dédié
Les écoles et universités marocaines pourraient intégrer un programme éducatif spécial autour de la Marche Verte pendant ce qui reste de l'année scolaire 2025. Cela inclurait des conférences, des débats, et des productions artistiques inspirées de cet événement. Un concours national de rédaction et de création artistique sur le thème de la Marche Verte pourrait être organisé pour impliquer la jeunesse marocaine dans la transmission de cette mémoire.
1. Une production cinématographique et documentaire
Un film ou une série documentaire sur la Marche Verte, basé sur des témoignages, des archives et une mise en scène fidèle aux faits, pourrait voir le jour à cette occasion. Une telle production permettrait non seulement de documenter l'événement, mais aussi d'inscrire son héritage dans la culture populaire et l'histoire audiovisuelle du Maroc.
1. Une conférence internationale sur le pacifisme et la diplomatie
Dans l'esprit de la Marche Verte, qui fut une action pacifique de revendication territoriale, un sommet international sur la diplomatie, la paix et l'autodétermination pourrait être organisé. Réunissant des chercheurs, des diplomates et des leaders d'opinion, ce sommet permettrait de replacer la Marche Verte dans une réflexion plus large sur les solutions pacifiques aux conflits internationaux.
1. Des festivités populaires dans tout le pays
Enfin, des festivités populaires comprenant des concerts, des projections de films, des spectacles folkloriques et des feux d'artifice pourraient être organisées dans toutes les villes du Maroc. Ces célébrations donneraient un caractère festif et fédérateur à cette commémoration, renforçant ainsi le sentiment d'unité nationale.
Un hommage digne d'une épopée nationale
Le cinquantenaire de la Marche Verte ne doit pas être une simple commémoration, mais un moment de transmission, de fierté et de renforcement de l'unité nationale. À travers ces initiatives, le Maroc pourrait non seulement honorer ceux qui ont marché en 1975, mais aussi rappeler aux générations actuelles et futures l'importance du patriotisme, de la solidarité et de la paix dans la construction d'une nation forte et unie.
(*) Seddik Maaninou, Journaliste et écrivain


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