Par Hassan Alaoui Le président algérien Abdelmajid Tebboune a présidé dimanche 20 avril un Conseil des ministres inhabituel, au cours duquel entre autres recommandations il a tiré la sonnette d'alarme et appelé à une mobilisation générale du pays, en vertu de l'article 99 de la Constitution. Un projet de loi a été adopté à cet égard, soulignant aux yeux des observateurs une certaine urgence face à la complexe situation nationale, régionale et internationale à laquelle est confrontée l'Algérie. On estime en effet, que le pays soumis à des crises et tensions avec ses voisins, notamment le Maroc, envisagerait même une hypothèse de conflit avec ce dernier. Plus que par inadvertance, l'appel de Tebboune à la mobilisation nous interpelle à coup sûr et sans pour autant l''exprimer ouvertement, il s'adresse quelque part au Royaume du Maroc, compte tenu des derniers événements survenus sur la scène américaine notamment à propos du Sahara marocain et défavorables au gouvernement algérien. Depuis quelques semaines et avec une caractéristique mais rare précipitation, nous assistons à la fin d'un cycle, celui de la clôture – probablement définitive – du dossier du Sahara. Cinquante ans qui ont passé et pesé gravement sur une relation maroco-algérienne plutôt calamiteuse ; voilà aussi cinq décennies plongées dans la brume dont les futures générations – notamment algériennes – auront du mal à sortir, tant il est vrai que le régime militaire qui dirige le pays d'une poigne de fer depuis...1962 ne leur a laissé aucune échappatoire, sinon l'orgueil mal placé et, surtout, comme héritage programmatique la haine du Royaume du Maroc. Le régime militaire, accaparant le pouvoir depuis 1962 n'a eu de cesse de fabriquer la haine de son peuple envers le Royaume, qualifié d'ennemi historique. On assiste, non sans une grave peine, à l'émergence d'une génération de jeunes citoyens algériens comme « fabriqués » dans le moule d'une indécrottable détestation qui ouvrent les yeux sur une réalité déformée et travestie du Maroc, montée de toutes pièces par les Apparatchiks , nourrie à en vomir de mensonges et de légendes fausses, alimentés et relayés par des réseaux sociaux et une presse entièrement vouée au soutien aveugle du mensonge d'Etat algérien. Lire aussi : Sahara : Au-delà du soutien au Maroc, Washington impose un timing de règlement compulsif à Staffan de Mistura Il est vrai que le propre de toute dictature est de conduire son peuple sur la voie du mensonge, d'une part pour masquer les échecs répétés de sa désastreuse gestion, et d'autre part pour le maintenir dans l'ignorance totale des réalités du monde. La haine est ici la marque de fabrique du régime militaire algérien qui, non content d'accaparer tous les mécanismes du pouvoir, se fait violence pour fabriquer le « citoyen ennemi » du Maroc, décrit depuis toujours comme l'adversaire redoutable, le bouc émissaire et responsable des échecs du pays. Une mécanique de la haine a été institutionnalisée par le général chamarré Chengriha et Tebboune qui relève proprement du pathos et d'une paranoïa inouïe , nous renvoyant au triste souvenir de régimes d'Amérique latine des années quatre-vingt, comme celui de Pinochet au Chili, de Videla en Argentine, et au loin de Staline en Union soviétique. La démarche ne varie nullement, le bouc émissaire étant souvent inventé, exutoire à tous les manquements d'un régime dictatorial. Ici, à ces échecs répétés que le régime défaillant impute unilatéralement au Maroc, devenu l'ennemi obsessionnel et destructeur. Réseaux sociaux, presse officielle, « indépendante », officines en tous genres nourris par les services algériens, intérieurs et extérieurs, influenceurs travaillés au corps, répandant la haine et respirant une hostilité irascible, sont alors mobilisés pour ne parler, à toute heure, que des « Mrarka » ou Marrouc , sujets de soulagement quotidien et de défoulement collectif. Le ministre de la Communication, Mohamed Meziane, monte en personne au créneau, tout rondelet et patibulaire , pour baver sa haine antimarocaine , cracher dans le bassinet des évidences, ce cachet éculé de Boukharrouba , alias Boumedine sur le Maroc, la Monarchie... Nous en sommes là ! Isolée, livrée quasiment à elle-même, son chef d'Etat à lui-même aussi, l'Algérie est dans une mauvaise passe, comme jamais elle ne l'a été. Cela ne nous réjouit point, contrairement à ce que peuvent penser les thuriféraires de la junte et ses cohortes de psychopathes. Nous suivons et vivons également la crise que l'Algérie traverse, interne et externe. Politique bien sûr, économique et sociale aussi, nous dirions morale également, la pesanteur du système de parti unique étant un facteur démobilisateur. Nous notons avec une certaine amertume la folle aventure dans laquelle la junte militaire continue à jeter son peuple ! Il n'est que de suivre la vaste campagne de protestation livrée chaque jour sur les sites et réseaux sociaux – de Facebook à Tik-Tok, en passant par X – pour nous convaincre de la profondeur à la fois du malaise algérien et de la répression qui frappe ses dénonciateurs.