Depuis le Complexe Mohammed VI de Football à Salé, le président de la CGEM a livré un plaidoyer énergique pour une mobilisation massive du tissu entrepreneurial marocain autour des défis et opportunités que représentent la CAN 2025 et la Coupe du monde 2030. Plus qu'une fête sportive, Chakib Alj y voit un moment charnière pour accélérer les mutations économiques et bâtir un héritage durable. À Salé, dans l'écrin ultramoderne du Complexe Mohammed VI de Football, Chakib Alj n'a pas fait dans la demi-mesure. Face à un parterre d'acteurs économiques, de représentants institutionnels et de partenaires publics réunis pour la conférence de présentation des projets liés à la CAN 2025 et à la Coupe du Monde 2030, le président de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM) a livré un discours, appelant à faire de ces deux échéances sportives un levier stratégique de transformation du pays. Dès l'entame de son intervention, Alj a souligné la portée historique de ces événements. « L'accueil de ces compétitions n'est pas un hasard. C'est le reflet d'une reconnaissance internationale de la trajectoire du Maroc sous l'impulsion de Sa Majesté le Roi Mohammed VI », a-t-il affirmé, rappelant que cette confiance du monde footballistique doit être convertie en dynamique économique pérenne. Dans la même dynamique, il a recentré le débat sur l'essentiel : l'opportunité d'accélérer la mise en œuvre des grands chantiers nationaux. « Ce n'est pas uniquement une question de stades ou de centres d'entraînement. C'est une chance unique d'anticiper et d'exécuter plus rapidement les projets structurants déjà prévus dans notre vision 2030 », a-t-il martelé. Ambitieux, il égrène la liste des priorités : déploiement de la 5G sur 70 % du territoire, doublement des capacités aéroportuaires, expansion du réseau ferroviaire à grande vitesse, développement des lignes régionales, et densification du réseau autoroutier. Pour Chakib Alj, ces investissements ne sont pas anecdotiques ; ils sont la matrice de la compétitivité future du pays. En s'appuyant sur les données les plus récentes, il a estimé que « plus de 1 000 milliards de dirhams – soit l'équivalent de notre PIB annuel – seront injectés dans les investissements publics d'ici à 2030 », saluant au passage les efforts du gouvernement pour avoir dégagé les marges budgétaires nécessaires. Il a tenu à souligner l'engagement du ministre présent, qui selon lui « a non seulement contribué à faire de cette candidature une réalité, mais aussi à en sécuriser les ressources ». Mais au-delà des chiffres, Alj a insisté sur le rôle pivot que devra jouer le secteur privé, en particulier les TPME. « Il faut anticiper. Les appels d'offres et les partenariats se décident aujourd'hui. Les chantiers de demain doivent être portés par nos entreprises locales, pourvoyeuses de valeur, d'emplois et d'innovation », a-t-il martelé. Il a appelé à une mobilisation collective, à une simplification administrative et à un soutien accru à l'innovation afin d'insérer les petites structures dans cette dynamique nationale. Lire aussi : La CGEM remet le Trophée RSE à 26 entreprises pour leur engagement en faveur du développement durable Le président de la CGEM a également évoqué un enjeu moins tangible mais tout aussi fondamental : le soft power marocain. « Si nous accueillons la finale de la Coupe du Monde à Benslimane, ce sont 1,5 milliard de téléspectateurs qui auront les yeux rivés sur le Maroc. C'est une vitrine exceptionnelle que nous devons préparer avec intelligence », a-t-il lancé. Cette visibilité mondiale ne doit pas être éphémère. Chakib Alj a plaidé pour que chaque visiteur devienne un ambassadeur du Royaume. Cela implique, selon lui, « un effort de toute la société pour faire preuve de civisme, d'hospitalité, de bienveillance ». Il a rappelé qu'une partie de la population vivra des perturbations temporaires et devra être accompagnée. Prenant de la hauteur, le président de la CGEM a élargi la focale vers l'horizon post-2030. « Nous ne pouvons pas développer des infrastructures d'une telle qualité uniquement pour sept semaines de compétition. Il nous faut bâtir un écosystème touristique et culturel global qui pérennise les retombées », a-t-il affirmé, insistant sur l'importance d'une stratégie d'après-Coupe du Monde fondée sur une offre intégrée allant de l'hôtellerie aux centres de conférence internationaux. Son plaidoyer s'est conclu sur une note volontariste. « Nous avons cinq ans pour construire un legs économique et humain. Nous avons une vision claire portée par le Souverain, un secteur privé engagé, des partenaires publics mobilisés. Tous les éléments sont réunis pour faire de cette Coupe du Monde une réussite collective et une rampe de lancement vers une nouvelle étape de notre développement ». À l'évidence, pour Chakib Alj, l'enjeu dépasse le sport : il s'agit de réaffirmer, à travers cette co-organisation avec l'Espagne et le Portugal, le rôle du Maroc comme pôle régional de stabilité, d'innovation et de rayonnement. Un chantier à la mesure des ambitions du Royaume.