Le Royaume-Uni a tranché. Après des années d'attentisme prudent, Londres a officiellement reconnu la souveraineté du Maroc sur son Sahara. Ce geste, loin d'être anodin, marque un tournant historique et s'inscrit dans un mouvement global et irréversible de reconnaissance de la légitimité du Plan marocain d'autonomie. Il consacre une vérité politique, juridique et historique que de plus en plus de pays à travers le monde intègrent dans leur lecture géostratégique de l'Afrique du Nord. Mais à l'heure où l'évidence s'impose, deux puissances majeures, deux poids lourds du Conseil de sécurité des Nations unies – la Chine et la Russie – persistent dans une posture d'indécision qui interroge. Dans ce siècle de bouleversements, où le droit se confronte à la realpolitik et où les puissances redessinent les contours de l'ordre mondial, Pékin et Moscou se tiennent encore à distance d'un consensus international de plus en plus affirmé. Leur silence n'est pas neutre. Il trahit un retard de positionnement face à une dynamique qui dépasse le seul cadre régional : celle de la réaffirmation des souverainetés légitimes et de la stabilité durable comme fondements de la paix internationale. Car il ne s'agit plus ici d'un simple différend territorial. Le Sahara marocain incarne aujourd'hui un enjeu de clarté morale et de cohérence stratégique. La reconnaissance de la souveraineté du Maroc n'est pas une faveur diplomatique : elle est l'aboutissement logique d'un principe fondateur du droit international moderne – celui de l'intangibilité des frontières héritées de la décolonisation. Ce principe a protégé l'Afrique d'un morcellement infini, et c'est précisément ce principe que défend le Maroc, dans le respect de la légalité internationale. Il s'agit d'une décision qui s'inscrit dans un contexte géopolitique de plus en plus complexe et dans un monde où l'alignement sur les principes de souveraineté et d'intégrité territoriale devient un impératif moral et stratégique. La résolution du conflit du Sahara repose sur un seul et unique principe : celui du respect des frontières héritées de la colonisation, un principe qui garantit la stabilité des nations et des régions. La communauté internationale, dans sa grande majorité, a pris acte de cette réalité. De fait, l'absence de reconnaissance par la Chine et la Russie est un anachronisme qui ne correspond plus à la dynamique mondiale actuelle. LIRE AUSSI : Abdelhak El Mrini : Le dernier souffle d'un homme-mémoire La Chine, grande puissance économique et diplomatique, ne peut ignorer les impératifs du développement régional et de la stabilité en Afrique. Elle, qui fait de la souveraineté un pilier sacré de sa diplomatie, ne peut ignorer la portée de ce dossier. Comment justifier un soutien sans faille à l'intégrité de la Chine incluant Taïwan, tout en éludant celle du Maroc sur le Sahara ? La cohérence n'est pas qu'un luxe intellectuel : elle est une nécessité stratégique. En refusant de reconnaître la marocanité du Sahara, la Chine nourrit un double standard qui affaiblit le discours qu'elle tient au monde sur l'unité nationale et le respect des souverainetés. Ses investissements colossaux sur le continent africain, son rôle clé dans les infrastructures et la coopération Sud-Sud doivent se traduire par un soutien plus affirmé à l'intégrité territoriale du Maroc, garant de la paix et de la prospérité en Afrique du Nord. Refuser de reconnaître cette légitimité, c'est se couper des dynamiques économiques et géopolitiques qui façonnent l'avenir de la région. La Chine, si elle veut incarner une puissance responsable et influente, se doit d'agir avec lucidité et équité. S'aligner sur la légitimité marocaine, c'est investir dans un avenir commun basé sur la stabilité, la croissance et la cohérence diplomatique. Quant à la Russie, puissance géopolitique aux ambitions globales, son ambiguïté sur le dossier saharien frôle l'incompréhensible. Moscou, qui se réclame défenseur de la souveraineté des Etats et de la stabilité régionale, devrait logiquement trouver dans la position marocaine un écho naturel. Car ici aussi, il s'agit de mettre fin à une illusion entretenue par des relents de Guerre froide : le séparatisme déguisé en autodétermination n'est pas un projet de paix, mais une fabrique d'instabilité chronique. Le Maroc n'est ni une puissance arrogante ni un fauteur de troubles. C'est un Etat modéré, allié fiable, acteur clé de la lutte antiterroriste et moteur du développement africain. En maintenant une position floue, la Russie se prive d'un partenariat stratégique solide avec un acteur pivot du flanc sud méditerranéen. Elle se prive aussi d'une occasion de démontrer qu'elle n'est pas prisonnière de calculs dépassés, mais capable de lire les mutations du monde avec acuité. Il faut le dire avec force : la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur son Sahara n'est pas un luxe diplomatique. C'est une exigence éthique. C'est le choix du droit contre la manipulation, de la paix contre la fragmentation, de la vérité contre les faux-semblants. Elle doit devenir un principe guidant les relations internationales, un modèle d'engagement pour un monde plus juste, plus responsable. En ne s'alignant pas clairement sur cette réalité, la Chine et la Russie prennent le risque de s'isoler d'un Sud global qui aspire à la clarté, à la justice, à la stabilité. Elles prennent le risque de laisser passer le train de l'histoire. Il est grand temps pour la Chine et la Russie, en tant que membres permanents du Conseil de sécurité, de prendre leurs responsabilités. Car l'histoire avance, avec ou sans elles. Les Etats-Unis, la France, l'Espagne, les Pays-Bas, l'Allemagne, et désormais le Royaume-Uni ont tous fait ce choix de lucidité. Ils ne sont pas mus par une idéologie passagère, mais par une compréhension fine des équilibres régionaux, des dynamiques continentales et des principes universels. Leur position actuelle, qui relègue la vérité au second plan, ne peut durer. Le Maroc a fait preuve de constance, de patience et de vision. Il a tendu la main, proposé une solution réaliste, consensuelle et saluée par les grandes chancelleries. Le Plan marocain d'autonomie est soutenu par la majorité écrasante des pays membres de l'ONU. L'inaction de la Chine et de la Russie n'est plus tenable. Ce n'est plus une posture d'attente; c'est une fuite devant les responsabilités. Il est temps que ces deux géants assument pleinement leur rôle au sein du Conseil de sécurité. Il est temps qu'ils s'élèvent au niveau des enjeux contemporains. La légitimité ne se marchande pas : elle se reconnaît, elle s'assume, elle s'affirme. Car ce ne sont pas les hésitations qui font l'histoire. Ce sont les décisions courageuses. L'histoire n'attend pas. Elle est en marche, et elle appartient à ceux qui osent faire le bon choix.