Le 30 juillet 1999, le Maroc changeait de visage sans rompre ses fondations. À l'âge de 35 ans, le prince héritier devenait roi, dans un climat de deuil mais aussi d'attente contenue. Vingt-cinq ans plus tard, le règne de S.M. le Roi Mohammed VI s'impose comme l'un des plus structurants qu'ait connus le Royaume depuis son indépendance. Par sa durée, mais aussi par l'ampleur des transformations impulsées, souvent dans le silence des institutions, parfois dans le tumulte des crises, toujours dans la centralité de l'Etat. À rebours des lectures exclusivement continentales ou diplomatiques du règne, ce dossier entend poser un regard d'ensemble sur la projection nationale et internationale du Maroc entre 2000 et 2025, dans toutes ses dimensions : diplomatie multivectorielle, économie souveraine, cohésion sociale, rayonnement culturel, transition verte, sécurité partagée et redéploiement stratégique du Sahara. Ce n'est pas tant une commémoration qu'une mise en perspective. Car en un quart de siècle, le Maroc ne s'est pas seulement transformé : il a appris à se positionner dans un monde fracturé, instable, de plus en plus polarisé. Le style de S.M. le Roi Mohammed VI est fait de ruptures discrètes. L'autorité est centrale, mais l'exposition est mesurée. Sa Majesté le Roi gouverne sans se surexposer. Il ne tient pas de conférence de presse, ne donne pas d'interviews, mais ses discours — notamment ceux du Trône, de la Marche Verte ou des grandes conférences internationales — tracent les grandes lignes d'une monarchie exécutive et réformatrice, au rôle souvent stabilisateur dans les turbulences régionales. Lire aussi : Du discours à la transformation : Vingt-six ans d'un Engagement Royal Des réformes sociales aux méga-infrastructures, des relations avec l'Afrique subsaharienne à l'accord trilatéral Maroc–Etats-Unis–Israël, le règne s'est construit dans un équilibre entre héritage et innovation, prudence institutionnelle et audace stratégique. La Stratégie Royale s'est appuyée sur des cercles d'influence croissants, du national au global. Au niveau intérieur : consolidation de l'autorité monarchique, réforme de la Moudawana (2004), création de l'INDH (2005), généralisation de la protection sociale (2020–2025). À l'échelle africaine : retour dans l'Union africaine (2017), offensive économique du Sud vers le Sud, diplomatie religieuse et sécuritaire. À l'échelle mondiale : nouvelles alliances dans le Golfe, en Asie, en Amérique latine, redéfinition du lien à l'Europe, et implication dans la gouvernance climatique et énergétique mondiale. Le Maroc ne cherche plus seulement à faire valoir ses positions. Il construit progressivement une position. Ni bloc aligné ni puissance hégémonique, mais acteur souverain et relais d'équilibres. Une ambition Royale Ce dossier vise à comprendre ce que signifie aujourd'hui « Le Maroc dans le monde ». Il ne s'agit pas de produire une fresque apologétique, mais une lecture critique, documentée et plurielle d'un quart de siècle de projection monarchique. Chaque section aborde un aspect stratégique du règne — diplomatie, économie, société, sécurité, culture, sport — avec des encadrés de citations fortes (issues de Discours Royaux, de déclarations de chefs d'Etat, d'économistes, de diplomates), et une bibliographie indicative en fin de section. Ce travail a pour ambition de dresser un tableau nuancé et structuré du Maroc tel qu'il s'est redéfini sous Sa Majesté le Roi Mohammed VI : un Etat en transition, entre enracinement et mondialisation, entre diplomatie de proximité et rayonnement universel, entre légitimité historique et soft power contemporain.