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Et si Nour-Eddine Saïl nous parlait aujourd'hui de l'intelligence artificielle ?

Je me souviens de ses phrases suspendues, de sa voix toujours prête à déranger le confort de la pensée. C'était en 1975. Nous étions au lycée Moulay Youssef. Il nous ouvrait les portes de la philosophie, à une époque où penser était déjà une forme de résistance.
Plus tard, bien plus tard, le hasard nous a réunis à Paris, à l'Aquaboulevard. Nous y amenions nos garçons, insouciants, pour quelques brasses partagées. Le dimanche matin avait alors une saveur de retrouvaille inattendue. Nous déjeunions à La Rotonde, Montparnasse, entre deux éclats de rire, deux souvenirs de cinéma, et des fragments de Spinoza ou d'Eco.
Aujourd'hui, il me manque. Et face à cette déferlante de l'intelligence artificielle, je me surprends à l'imaginer, lui, Nour-Eddine Saïl, en train d'interroger ce nouveau phénomène avec la rigueur du philosophe et la malice du cinéaste.
Alors je lui pose, en pensée, quelques questions.
— Nour-Eddine, que penses-tu de cette IA qui écrit, qui filme, qui traduit, qui classe, qui prévoit ?
— Elle fait tout, sauf rêver. Sauf douter. L'IA est un outil, pas une conscience. Elle compile, elle ne contemple pas. Elle exécute, elle ne résiste pas. Le danger serait de la laisser nous dire ce qu'est la beauté, ce qu'est une histoire, ce qu'est une image réussie. Or, l'art naît du désaccord, pas de l'optimisation.
— Mais elle est efficace, rapide, intelligente... n'est-ce pas une forme de progrès ?
— Tu sais, mon cher, je n'ai jamais confondu vitesse et intelligence. L'efficacité ne fait pas une éthique. Et je me méfie des promesses trop bien ficelées. Comme au cinéma : un bon montage ne sauve pas un mauvais scénario. L'IA, si elle n'est pas pensée, deviendra un simulacre de pensée. Et cela, c'est le début de l'ennui.
— Et si elle devenait créative ? Si elle écrivait un chef-d'œuvre ?
— Il y a là une confusion. Une œuvre n'est pas un miracle de technique, c'est un acte d'humanité. Je peux admirer une prouesse algorithmique, mais je ne peux pas pleurer devant une machine. Ce que j'attends d'un film, d'un roman, d'un plan-séquence, c'est une faille, une hésitation, une main qui tremble. L'IA ne tremble pas. Elle perfectionne, elle n'incarne pas.
— En tant qu'ancien directeur du CCM et homme des médias, que dirais-tu à ceux qui s'extasient devant les IA génératives dans le cinéma ?
— Je leur dirais : attention. Si vous remplacez le regard par la prédiction, le cadrage par la data, alors vous filmez des spectres. Laissez le doute entrer dans vos récits. L'IA ne fera jamais surgir le silence de Tarkovski, ni le rire de Godard, ni l'angoisse métaphysique de Bergman. Car ces silences, ces cris, ces doutes, sont humains.
— Et si l'IA permettait enfin de démocratiser la création, d'ouvrir les portes à ceux qui n'y avaient pas accès ?
— Là, je te suis. Le cinéma a toujours été une arme de résistance. Si l'IA peut être un levier d'expression pour ceux qu'on ne montre jamais, alors oui, utilisons-la. Mais ne lui remettons pas les clés du scénario. Faisons d'elle une ouvrière de lumière, pas une marionnettiste.
Je me tais. Je l'écoute encore, même dans l'absence. Sa voix est là, entre Tanger et Paris, entre l'écran et la salle obscure. Il m'a appris que la culture n'est pas un luxe, mais un combat. Que l'art n'est pas un divertissement, mais une école de lucidité.
Et face aux promesses étourdissantes de l'intelligence artificielle, je garde de lui cette exigence de lucidité, ce goût du partage, ce refus de la facilité.
Merci, Si Nour-Eddine. Tu restes, pour beaucoup d'entre nous, un phare dans le brouillard numérique.


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