L'organisation de l'élection de Miss monde 2002 au Nigeria tourne au drame Les canons de la mort Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir. Tout a commencé le 16 novembre 2002, à la suite de la publication d'un article du journal This Day, consacré à l'élection de Miss Monde 2002 dont l'organisation était prévue à Abuja, la capitale fédérale du Nigéria, le 7 décembre 2002 avant d'être reportée à Londres en Angleterre. Un article jugé diffamatoire par les Musulmans nigérians, suggérant que "le prophète Mahomet (lire Sidna Mohammed) aurait pu choisir pour femme l'une des participantes au concours de Miss Monde". Fioritures ? Figure de style ? Provocation délibérée ? Toujours est-il, les conséquences immédiates engendrées par ce brûlot a provoqué la fureur des Musulmans des Etats du nord de la fédération nigériane et les émeutes qui en ont suivi ont déjà fait plus de 215 morts dans le nord du pays surtout. Au-delà de ce brûlot, avouons que c'est peu dire que ce n'est pas bienséant d'organiser une cérémonie de concours de miss pendant le mois de jeûne du Ramadan surtout dans un pays, disions-nous, où les conflits inter religieux font rage. Pour les Musulmans nigérians, une telle cérémonie est une provocation pure et simple. D'autant plus que la colère de ces populations était déjà perceptible bien avant les préparatifs de la cérémonie factuelle de l'organisation de Miss monde 2002. Une colère qui remonte à quelques mois, quand les miss représentant la France, le Canada, la Belgique, la Côte d'Ivoire, le Kenya et la Norvège proférèrent des menaces de boycott de l'événement si les autorités fédérales nigérianes n'intervenaient pas pour sauver Amina Lawal Kurami, une jeune nigériane qui avait défrayé la chronique pour avoir été condamnée à mort par lapidation pour adultère par une cour islamique de Kaduna. Garantie Les canons de la beauté avaient fini par obtenir des garanties sur la révision de son procès. Mais l'engagement d'Abuja pour empêcher l'application de cette sentence ne rassure pas Amnesty International pour se départir de son doute: "malgré les assurances du président Obasanjo, le gouvernement n'a toujours pas pris de mesures efficaces pour garantir que la nouvelle législation pénale soit conforme à la constitution du Nigeria". Il faut dire que depuis le retour de la démocratie en 1999 dans ce pays, 12 Etats des provinces nord ont adopté la loi islamique. Leurs tribunaux ont déjà prononcé cinq condamnations à mort, bien qu'aucune ne soit appliquée. En attendant, la rue fait la loi. Les émeutes, plus éparses, continuent de faire des victimes. Rien, même pas les excuses publiques du quotidien, ne peut arrêter plus rien l'engrenage de la violence déclenchée dans ce pays, secoué par des conflits religieux où des affrontements inter religieux et inter ethniques avaient fait plusieurs milliers de morts en 2000. Des groupes de populations musulmanes que certains qualifient de fondamentalistes musulmans s'en sont pris aux locaux du quotidien This Day, mis à sac et à feu sans autre forme de procès. L'engrenage de la violence s'est saisi de Kaduna et plusieurs autres grandes villes du nord du pays où des profanations et incendies des édifices religieux (églises) ont servi de réaction, laissant place à des manifestations qui ont dégénéré en affrontements entre Chrétiens et Musulmans. Reste à espérer que les émissaires dépêchés par les autorités fédérales d'Abuja, pour mener des négociations avec toutes les parties en conflit, arrivent à bout de leur mission. À six mois de l'élection présidentielle nigériane, ces événements risquent fort d'enticher la candidature du président sortant Olusegun Obasanjo, ce chrétien du Sud qui a été élu en 1999 grâce aux voix des musulmans du Nord. Retour