Cela fait tout juste un mois que le nouveau président du RNI Aziz Akhannouch a été porté à la tête de sa formation et, entre voyages royaux, COP22 et tractations laborieuses pour le gouvernement, il n'a pas vraiment eu le temps de s'immerger dans la réalité du parti. Ce dimanche, Akhannouch a entamé sa tournée dans les 12 régions, commençant par celle de Tanger-Tétouan-al Hoceima. Cette Région a la particularité d'être un fief aussi bien du PAM que du PJD. Du PAM car il s'agit de la région d'origine d'Ilyas el Omari, Tanger ayant même été conduite durant plusieurs années par Fouad, frère d'Ilyas. Mais Tanger et Tétouan sont des citadelles du PJD, Najib Boulif ayant été élu avec le meilleur score national. Commencer donc la tournée nationale par Tanger est un signe émis par Akhannouch, dans le cas où cela ait été étudié et conçu dans la symbolique, ce qu'on peut légitimement penser, ou au moins espérer. Par ailleurs, cette tournée veut inaugurer une nouvelle ère pour le RNI, qui a toujours été un parti d'appoint et qui, aujourd'hui, annonce clairement son intention de marquer des points. Mais quand on marque des points, on prend des coups, et cela ne saurait tarder. Akhannouch va faire bientôt le dur apprentissage de la politique à haut niveau. Alors, qu'a dit le nouveau président à ses 400 ouailles venues l'écouter? Qu'il veut du travail et de l'action, qu'il veut de l'engagement et de l'entendement dans l'approche développée au niveau de la relation entre RNI et la société. En clair, cela veut dire qu'il ne faut pas que le RNI n'apparaisse qu'en période électorale, promettant monts et merveilles avant de disparaître, en attendant le prochain scrutin… Pour lui, il faut savoir écouter les doléances sociales venues du bas, les examiner, les étudier, puis en sortir des solutions et des politiques publiques. « Notre parti est un parti de compétences, qui reste ouvert sur toutes les franges de la société », a asséné Akhannouch, qui a poursuivi que « la politique est assez facile, car la politique est le citoyen, et si on réussit à le servir, nous aurons atteint notre objectif ». Mais où en sont les tractations avec Benkirane pour le gouvernement ? A pas grand-chose car selon de proches collaborateurs du ministre sortant de l'Agriculture, rien n'a vraiment avancé entre RNI et PJD, le premier tenant à une homogénéité de la nouvelle configuration de la majorité, et le second souhaitant ratisser le plus large possible et « verrouiller » sa majorité, échaudé par la sortie de l'Istiqlal en 2013, qui avait mis le chef du gouvernement sous la coupe du redoutable négociateur qu'est Salaheddine Mezouar, alors président du RNI. Cela étant, Akhannouch a laissé la porte ouverte en parlant d'éventuels ministres RNI : « Je les obligerai à quitter leurs foyers et leurs bureaux, durant les weekends, afin d'aller vers les populations, s'enquérir de leurs besoins, et les régler autant que possible »… Cela signifierait qu'il aurait des ministres RNI, mais qui ne seraient pas comme les sortants, calfeutrés à Rabat et n'allant vers le public que quand une élection s'annonce… La tournée a donc commencé à Tanger, avec les indications susmentionnées, et s'achèvera à Agadir, région d'origine du nouveau président. 12 Régions en six semaines, et on fera alors le point, d'abord sur la prise de confiance du nouveau président, et sa capacité à mobiliser, voire pourquoi pas, d'enthousiasmer les foules plutôt sceptiques...