Voie express Fès-Taounate : Lancement des travaux de la 3e tranche pour un coût de 324 MDH    Système financier : une stabilité qui se joue sur le fil    Enseignement supérieur : l'UPF et l'ASU lancent le premier double diplôme américain au Maroc    Aquaculture : l'ANDA fixe ses orientations stratégiques    ONSSA : Contrôle des importations de plus de 871.000 ovins et 138.000 bovins destinés à l'abattage    Summer Grill by George, la nouvelle escale culinaire de Mazagan Beach & Golf Resort    CAN féminine (Maroc-RD Congo): Les Lionnes de l'Atlas visent la pole position    La Bourse de Casablanca ouvre en territoire négatif    Revue de presse de ce mercredi 9 juillet 2025    Errachidia : L'enfant retrouvé mort est décédé par strangulation, aucune trace d'agression constatée    Marrakech adopte une convention pour le transfert des eaux dessalées depuis Casablanca et Safi    L'Office national des pêches affiche un bénéfice en nette progression en 2024    Statut des magistrats : La Chambre des conseillers approuve à l'unanimité un projet de loi organique    Bank Al-Maghrib : 38,2 millions de comptes bancaires ouverts    Protection des enfants : Un projet de système d'information intégré pour le suivi en cours de préparation    CAN (f) Maroc 24 : Jorge Vilda confiant avant RDC-Maroc de ce mercredi    Palestine : vers un accord Israël-Hamas "cette semaine"    Captage du carbone : le fonctionnement des microalgues décrypté    Maroc-Allemagne : une alliance stratégique en gestation    Chambre des Conseillers : adoption définitive du PL portant Code de procédure civile    Danone partenaire officiel de la CAN 2025 au Maroc    Décès de Diogo Jota: la garde civile espagnole privilégie la piste de la vitesse excessive    Coupe du monde des clubs : Hakimi s'exprime sur ses retrouvailles avec Mbappé    Le Chef du gouvernement préside une série de réunions consacrées au suivi du déploiement de la feuille de route pour l'emploi    Inondations aux Texas: SM le Roi adresse un message de condoléances à Donald Trump    Droits de douane : face à Trump, les BRICS défendent leur autonomie, l'Europe joue collectif    L'Agence Bayt Mal Al-Qods Acharif réalise à Gaza la deuxième phase de la campagne d'aide humanitaire destinée aux déplacés    Pour la première fois depuis des années, la détention préventive recule de plus de 30% au Maroc    Mazagan Concerts: Saad Lamjarred en concert samedi prochain à El Jadida    Découverte scientifique : Le lien révélé entre nos ancêtres et les pharaons    Il restera toujours les lettres    Espagne : VOX dénonce « le blanchiment du terrorisme du Polisario » au Parlement de Cantabrie    Xavier Driencourt accuse Alger de vouloir humilier la France dans l'affaire Boualem Sansal    Argentine : Javier Milei dissout 21 organismes publics pour réduire le déficit    France : Macron veut plus de sanctions contre les associations soupçonnées d'«entrisme islamiste»    Santé publique : Une volonté affichée... mais encore faut-il transformer l'essai !    John Bolton speaks out while Christopher Ross stays silent on Sahara issue    Foot : Jawad Ziyat nouveau président du Raja de Casablanca    CAN (f) Maroc 24 : Quand la réalité dérange... certains préfèrent l'effacer !    Le conseil de la région Casablanca-Settat entérine sa contribution à la ligne à grande vitesse Marrakech-Kénitra    La fondation du Forum d'Assilah clôt la session estivale de la 46e édition de son festival culturel    Le CCM lance l'appel à candidature pour l'Oscar du meilleur film international 2026    Maroc : La Fondation Hiba organise le plus grand marché de disques vinyles et des biens culturels    Jazzablanca 2025 : Emel, l'artiste sans filtre qui fait couler l'encre (et la sueur) !    Agadir dément des accusations infondées portées contre sa police touristique    Nouveau scandale sportif continental : l'Algérie au cœur d'une polémique après avoir manipulé le logo officiel de la CAN    Sahara : le silence de Christopher Ross contraste avec l'agitation de John Bolton    Jazzablanca 2025 : une 18e édition vibrante, entre icônes planétaires et souffle marocain    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Maroc : Nouveau cas «Amina Filali» , les maris-violeurs toujours protégés par la loi
Publié dans Yabiladi le 10 - 05 - 2012

Deux mois après le suicide de l'adolescente de 16 ans, Amina Filali, une nouvelle affaire, celle de Safae, jeune tangéroise de 14 ans contrainte d'épouser son violeur en janvier 2011, vient d'être portée sur le devant de la scène juridico-médiatique marocaine. Ce nouveau drame ravive la controverse très animée autour de l'article 475 du Code pénal marocain qui exempt les violeurs de charges pénales à condition de se marier à la victime. En mars dernier, la société civile s'était fortement mobilisée pour l'abrogation de ce texte. Aujourd'hui, qu'en est-il ?
Le drame de Safae remonte à janvier 2011. Un jour, alors qu'elle quitte l'association dans laquelle elle étudie l'informatique et l'Espagnol, la jeune tangéroise de 14 ans est agressée sexuellement. Désemparée, sa famille porte alors immédiatement plainte pour viol. Mais face à la pression du Procureur et du juge de la famille, l'adolescente et sa mère se voient contraintes d'abandonner les charges contre l'agresseur. Pire, le juge, dans son bon droit, oblige presque la jeune adolescente à se marier avec l'agresseur, prétendant, noblesse de l'âme oblige, que ce mariage est la seule alternative louable pour «laver son honneur» et celui souillé de sa famille. Crédule et impuissante, l'adolescente accepte.
S'ensuivent neuf longs mois de grossesse durant lesquels la jeune fille n'a aucune nouvelle de son agresseur. En Septembre 2011, Safae accouche d'une petite fille. Depuis lors, ni de la jeune mère, ni du bébé, n'auront eût l'occasion de revoir leur mari-bourreau/père-déserteur. Sous le poids de toutes ces tribulations, Safae ploie: elle sombre dans la dépression.
«Une affaire encore bien plus grave que celle d'Amina Filali»
Aujourd'hui, sa famille, soutenue par l'association «Touche pas à mon enfant», dénonce l'attitude complice et cautionnaire de la justice marocaine à l'endroit des agresseurs sexuels.
Selon Tayeb Buchiba, président des bureaux de cette association à Tanger, et dont les propos sont rapportés par le journal espagnol El Mundo, «le cas de Safae est bien plus grave que celui d'Amina Filali», l'adolescente de 16 ans dont le suicide, consécutif à une agression sexuelle commuée en peine de mariage à perpétuité avec son agresseur, avait suscité l'émoi de la nation et de la communauté internationale en mars dernier.
Pour souligner la gravité du drame de Safae, Mr. Buchiba rappelle tout d'abord que la fillette a été forcée par le juge à épouser son agresseur, et ce, sans le consentement de ses parents, absents le jour de la délibération. Par ailleurs, il ajoute qu'aucun nom de famille n'a pu être donné à la fille de l'agressée, et encore moins inscrit sur son état civil, puisque son père reste encore inconnu à ce jour.
Désemparée, Safae aurait d'ailleurs tenté à deux reprises de se suicider, confie Zakia, sa mère, à El Mundo.
Abrogation de l'article 475 du Code pénal :
L'affaire Safae recentre l'attention de l'opinion publique marocaine sur un débat que le temps avait réussi à faire passer au second plan : celui de l'abrogation de l'article 475 du code pénal marocain. Cet article, qui stipule que le violeur est écroué de ses charges à la condition expresse de se marier à sa victime, avait été mis sur le devant de la scène juridico-politique marocaine lorsqu'Amina Filali s'était donné la mort en mars dernier. Révoltés, la société civile, la presse, ainsi que le pouvoir politique, s'étaient alors tous trois mobilisées pour que cet article «archaïque» en totale contradiction avec la Moudawana soit abrogé.
Deux mois après, qu'en est-il? Qu'a fait le gouvernement ?
C'est la question que Yabiladi a voulu posé aujourd'hui à Mme Bassima Hakkaoui, la ministre en charge de la Famille, de la Solidarité et du Développement Social au sein du gouvernement. Connue pour avoir suscité la controverse en raison de l'incongruité de sa prise de position dans l'affaire Filali, et de son attitude visant à déculpabiliser son agresseur, la ministre est toutefois restée injoignable.
La rédaction a donc contacté l'ex-ministre du PPS en charge de la Famille et de la Solidarité, Mme Nouzha Skalli, pour savoir ce qu'elle pensait, ou savait, du projet visant à abroger l'article 475 du Code pénal.
Contestant «le manque de visibilité» du gouvernement actuel sur le sujet, l'ex-ministre a fait savoir qu'une abrogation pure et simple de cet article «ne rimait à rien», et que c'était plutôt vers une refonte globale de la section du Code Pénal consacré «aux attentats aux mœurs» qu'il fallait évoluer. Elle a par ailleurs regretté que ne soit pas appliqué l'article 486 du Code pénal dans le cadre de l'affaire Filali. De fait, cet article sanctionne les agresseurs sexuels d'une peine de dix à 20 ans de prison ferme «si le viol a été commis sur la personne d'une mineure de moins de dix-huit ans». Beaucoup moins coercitif, l'article 475 lui aura été préféré.
In fine, jugeant certains des principes du code pénal «archaïques», Mme Skalli a souligné l'importance que celui-ci évolue du modèle réactionnaire dépassé sur lequel il se fonde, un modèle qui postule le respect des mœurs en tant que principe fondamental, à un modèle humaniste plus moderne, qui reconnait aux femmes marocaines leurs droits et la prééminence de leur individualité.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.