L'ancien ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, a estimé lundi 7 juillet que le refus de grâce présidentielle opposé à l'écrivain Boualem Sansal procède d'une volonté délibérée du président Abdelmadjid Tebboune d'humilier la France, dans le sillage du revirement opéré par Paris en faveur du plan marocain d'autonomie au Sahara. Invité de l'émission Points de Vue, diffusée par Le Figaro TV, le diplomate a dénoncé la rigidité des autorités algériennes, qu'il décrit comme «profondément malveillantes». «On a sous-estimé le fait que le président Tebboune veut humilier la France. On oublie qu'il estime avoir été trahi lorsque la France a changé de position sur le Sahara [occidental]», a-t-il déclaré. Le 30 juillet 2024, Paris avait officiellement exprimé son appui au plan marocain, rompant avec une posture antérieure que Xavier Driencourt qualifie de «position équilibrée entre l'Algérie et le Maroc». «Ce jour-là, le président Emmanuel Macron a décidé de soutenir la position marocaine en des termes explicites», a-t-il ajouté. Un écrivain condamné, une diplomatie en tension Âgé de quatre-vingts ans, Boualem Sansal a été arrêté le 16 novembre 2024. Le 1er juillet, la cour d'appel d'Alger l'a condamné à cinq années de réclusion pour atteinte à l'unité nationale, outrage à corps constitué, pratiques de nature à nuire à l'économie nationale et détention de publications menaçant la sécurité du pays. Selon Xavier Driencourt, les dirigeants algériens sont hermétiques à toute logique rationnelle ou humanitaire : «Ce pouvoir est totalement imprévisible. Il peut aussi bien décider de gracier Boualem Sansal, car le garder en prison, c'est courir le risque qu'il décède». L'auteur de Le Serment des barbares, dont la santé s'est considérablement dégradée, vit désormais «au rythme des allers-retours entre la cellule et l'hôpital», a précisé l'ancien ambassadeur, qui s'alarme du silence des chancelleries : «Les pays européens disent qu'ils attendent que la France se mobilise. C'est la France qui donne le la.» «Si Boualem Sansal venait à mourir dans une geôle algérienne, les conséquences diplomatiques seraient toutes autres», a-t-il conclu.